Samedi, 10h.

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Et puis, un jour, je lui ai proposé de l'emmener au lac de mon enfance. Cela faisait deux mois qu'on se voyait régulièrement. Elle a hésité une fraction de seconde, puis elle lâcha:

-Samedi, 10h.

Et comme à son habitude, elle est partie en m'embrassant sur la joue. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que c'était adorable.
Quand je suis venue la chercher, pour la première fois, elle fit l'effort d'être à l'heure. Je l'avais charié dix bonnes minutes là dessus. J'ai arrêté lorsqu'elle me menaça de sortir de la voiture en marche. Je sentais qu'elle en était capable. Elle avait pris le contrôle de la musique dans MA voiture, une vraie folle. Elle a mis de la vaporwave. C'était la première fois que j'en entendais, c'est pas mal, mais je préfère le Rock. Anna semblait un peu mélancolique, bien qu'elle gardait le sourire. Elle me posait des questions sur mon enfance et j'y répondais volontiers. Je suis loin d'être un de ces héros de roman à l'enfance désastreuse. J'ai vécu à la campagne avec mon père, sa copine et la fille de sa copine, Mei, que j'ai toujours considéré comme ma grande soeur.

 J'ai vécu à la campagne avec mon père, sa copine et la fille de sa copine, Mei, que j'ai toujours considéré comme ma grande soeur

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(Image de Mei et Anna. Dès qu'elles se sont rencontrés, elles ont monté une alliance contre moi. La "Ligue anti-moche comme Ethan", hyper sympa, j'adore, merci grande soeur. Voilà que je raconte des histoires dans des parenthèses. Une histoire dans une histoire. Histcpetion. Dîtes-le moi si je vais trop loin, j'ai été un peu influencé par la bêtise d'Anna.)

Elle m'a raconté sa situation familiale que bien plus tard.
Née en banlieue Parisienne, elle a deux frères plus jeunes, qui sont jumeaux, une petite sœur et un grand frère. Elle vivait avec pas grand chose, mais ses parents faisaient des pieds et des mains pour les sortir de leur misère.
Comme dans les fictions sur Wattpad. Vous savez, la fille banale et pauvre qui rencontre un badboy riche et tout, ils finissent heureux alors qu'à cause des octogones amoureux, y en a toujours un qui est triste et malheureux et qu'on oublie. Désolé Matt. Je ne sais pas pourquoi je l'ai appelé Matt. Ça sonne bien.
Sauf que moi, bah, je suis au chômage, je m'appelle Ethan et j'ai plus l'air d'un tabouret qu'un badboy.

Outre-passons mon allure de tabouret, on est arrivé au lac à 11h33 précise. Anna me l'avait fait remarqué parce que j'avais dit qu'on arriverait avant 11h30 et que je ne pouvais rien lui reprocher parce qu'elle était à l'heure ce matin. J'ai considéré ça comme une vengeance, alors je me suis aussitôt vengé:
J'ai pris son téléphone qu'elle avait dans les mains, je l'ai posé par terre, et avant même qu'elle n'ouvre la bouche, je la pris dans mes bras et la jeta à l'eau. Toute habillée.
Lorsqu'elle se releva, trempée, indignée, outrée, elle me lança un regard noir, signe que j'allais le regretter. Je m'attendais à une revanche physique, du genre: "Haha, je vais te noyer." Mais elle n'en fit rien, elle fit pire.
Elle s'approcha de moi, puis me regarda avec malice.

-J'ai pas mis de soutien-gorge. On voit au travers. Regarde, mes tétons pointent.

Je me suis mis à rougir.

-Non, je...

-Mais regarde !

Je m'obstinais à la regarder dans les yeux, avec difficulté, je l'admets.

Elle souffla, puis me prit dans ses bras, collant son corps mouillé contre moi. Elle s'y frotta un peu, provocante. J'ai tenu bon. Quand je dis, j'ai tenu bon, c'est un sous-entendu: Je n'ai pas bandé. Je mérite une médaille. Bordel, donnez-moi une médaille. Et je veux que deux types musclés bien virils s'agenouillent devant moi et me disent que je suis le plus fort.
Je vais y arriver.
Je vais réussir à décrire notre premier baiser.
Oh, désolé, je vous ai spoil.
Bon, je raconte vite fait.
Tout s'est vite déroulé, je l'ai repoussé  (Parce que mon "cerveau" me criait l'alerte rouge), elle m'a regardé comme si je l'avais frappé, puis elle me poussa et je suis tombé dans l'eau. Je me suis relevé, elle attrapa mon bras, me colla au poteau et... Passa ses mains autour de mon cou pour m'embrasser. C'était un baiser passionné, alors j'ai osé mettre mes mains autour de sa taille. Elle colla son bassin au mien et intensifia le baiser, enroulant sa langue à la mienne, elles dansaient, nos langues, la salsa, le tango, toutes les danses sexy et caliente.
Et de ce fait, tout mon corps voulait danser avec elles, prendre son envol comme un papillon. Et en parlant de papillons, ils faisaient la guerre dans mon ventre, ils étaient nombreux, ils étaient en feu. J'étais heureux, tout simplement, et amoureux aussi.
Puis, elle se retira et elle me lâcha entre deux respirations:

-Désolée, je me suis emportée. J'oublie souvent que t'es mignon, alors quand je le remarque, ça me fait un choc.

-Mignon? C'est ça que tu penses de moi?

-Bah...Oui, t'es mignon.

Je ne savais pas trop comment le prendre. Quand je dis une fille qu'elle est mignonne, c'est parce qu'elle n'est pas "belle". Elle est mignonne comme une petite soeur. Je ne couche pas avec une petite soeur. Mais c'est sensé être un compliment. Et puis, elle vient de m'embrasser. Et comment ça, elle oublie que je suis mignon? Comment peut - on oublier que je suis mignon?? Je me suis remis à trop penser. Un silence s'était installé.
Toute la journée, nous étions distants. Peu de paroles, peu d'amusement. Elle craqua sur la route du retour.

-T'as le goût des bubblegum.

-Regarde dans la boîte à gant.

Elle regarda dans la boîte à gant. Il y avait les fameux chewing gum. Elle en prit un, puis me sourit.

-Merci, Ethan. T'es un chic type. Je t'aime bien.

La rage des papillonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant