13- Carambolages

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(Note : ce chapitre et les suivants sont écrits à l'occasion du Nanowrimo - https://fr.wikipedia.org/wiki/National_Novel_Writing_Month - et pour respecter les conditions de ce défi, le texte qui suit est édité dans sa version brute et sans corrections. Celles-ci interviendront à la fin du défi, après le 30 Novembre. Donc, oui, y'aura des fautes et des coquilles, navrée par avance !)

Huram était un homme patient. Cruel, sinistre, craint à raison aussi bien par ses ennemis que par l'ensemble de la maffia turque de toute l'Ile-de-France pour son absence de pitié qui confinait, selon la rumeur, au sadisme monstrueux, mais il était patient. Mais, présentement, il se retenait de hurler contre les aléas de la technologie qui compliquaient encore leur tâche, prétendue pourtant facile. Il aurait dû se méfier : l'énorme avance versée en un temps record sur son compte off-shore pour le convaincre de rameuter ses hommes en pleine alerte anti-terroriste au cœur de Paris aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, comme la voix synthétique et sans âme qui lui avait indiqué l'adresse dans le Marais où il devait se saisir d'un colis aux allures de bijou, et tant pis si les résidents de l'adresse mentionnée résistaient.

Le problème quand on emploie des téléphones portables comme système de communication pour ce qui s'apparente à une action commando, c'est que ces derniers sont tributaires de la qualité du réseau. C'est un détail important auquel on ne pense jamais, sauf à être militaire de carrière ou membre confirmé d'une unité d'intervention. Après tout, les réseaux mobiles fonctionnent toujours et tout le monde adhère à ce constat sans se poser de question. Sauf quand on essaie de les employer juste après une situation d'urgence et une catastrophe majeure qui a conduit à peu près tout le monde à s'en servir en même temps.

*réseau saturé*

Le smartphone jeté avec rage finit sa course contre une mauvaise sculpture de stuc décorant l'entrée de l'ancien hôtel particulier de la rue Saint-Croix de la Bretonnerie et acheva sa brève existence en petits bouts épars. Huram se tourna vers les cinq hommes qui attendaient ses ordres en hurlant :

— Vous attendez quoi ? En voiture ! Remontez la rue et trouvez-les ! Tirez à vue !

Tant pis pour la seconde équipe qui avait tenté de barrer le passage des filles quand elles avaient fui par le toit et dont il n'avait pas de nouvelles. Ils savaient ce qu'ils avaient à faire après tout. Et s'ils lui faisaient rater un quart de million d'euros, il veillerait particulièrement à leur faire regretter leur incompétence. Il hurla encore un coup vers ses hommes de main pour faire accélérer la cadence. Ils le connaissaient tous : il n'avait pas pris de bleus pour une telle expédition, d'autant qu'il voulait être certains que tous avaient déjà été accoutumés aux armes de guerre et au maniement des fusils d'assaut. Mais même ceux de ces gars qui le connaissaient le mieux le craignaient à égalité avec ses très nombreux et très actifs ennemis. Huram se moquait d'inspirer le respect et l'affirmait en s'en vantant : la peur lui suffisait pour contraindre n'importe qui à lui obéir. Mais ses menaces et ses cris colériques ne suffirent pas à améliorer la cadence de son équipe : les débris du toit gênaient la manœuvre sur la route et plusieurs véhicules, dont certains emboutis contre les trottoirs, avaient été abandonnés par leurs occupants quand les fusillades avaient commencé. Lancer les SUV à la poursuite de leur proie prit presque trois minutes.

On fait beaucoup de choses, en trois minutes.

***

Helen tourna la tête vers le fond de la rue Saint-Croix de la Bretonnerie, avant de rejoindre en trottant Calliopé et l'inspecteur Duperez qui bifurquaient d'abri en abri vers le sud de la ville, en prenant la rue Vieille du Temple, ignorant les réactions paniquées des curieux qui se retrouvaient nez à nez avec un trio aussi hétéroclite que surarmé.

Héritages, livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant