La source argentée

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Le soir même alors que l'équipage dort profondément, dans sa cabine, William observe ses cartes. Elizabeth se glisse doucement derrière lui et passe ses bras autour de son torse, ses mains s'agrippant au tissu de la chemise blanche. Will se contente d'embrasser l'épaule de sa femme. La lumière des chandelles illumine la tristesse perçant leurs regards. Ils le savent... Ce bonheur retrouvé, se terminera incessamment sous peu.

Elle soupire. Il se lève alors et l'enlace fermement contre son cœur car il a bien conscience qu'une nouvelle fois, elle disparaîtra comme la brume. 

C'est une évidence. Calypso l'a dit. Mais pourquoi leur destin est d'être séparés alors qu'ils sont fait l'un pour l'autre ? 

-Je t'aime...

Un peu.

Beaucoup.

Passionnément.

A la folie. 

Pas du tout.

L'amour qu'ils ressentent ne s'éteindra jamais, malgré leurs différents, il s'aimeront toujours. Mais pourquoi devaient-ils s'aimer si ils étaient déjà condamnés...

-Ne pleures pas. Pas ce soir...

Le bruit des vagues les accompagne. C'est grâce à la mer que cet amour a débuter et c'est grâce à lui qu'il perdure. Alors Will s'éloigne du bureau. Il l'entraine doucement à ses côtés. Elle n'a jamais autant ressemblée à un ange que ce soir là, vêtue de sa robe de nuit en lin blanc. Posant délicatement sa main sur sa taille, sentant sa peau sous ses doigts, il saisit avec douceur la petite main de son épouse. Cette dernière lui sourit tristement, les yeux humides. Elle pose alors sa tête contre son torse et maladroitement, Will l'entraine doucement dans une valse dont les pas lui échappent légèrement, depuis le temps.

Cette valse qu'ils auraient dû danser à leur mariage, le jour où elle aurait dû être vêtue de blanc comme ce soir. Mais les choses leur échappent à nouveau. Ce n'est que dans trois ans qu'ils se reverront, mais pour une seule journée où le temps leur manquera encore. 

Cependant, se glissant doucement en dehors de son hamac, Henry prend son pistolet en silence et sort de la cale. Traversant à pas de loup le pont, il jette un canot à la mer et rame jusqu'à l'île. Une fois que son embarcation touche le sable fin et blanc, il s'enfonce rapidement dans la forêt, laissant de belles empruntes dans le sable. Il atteint sans aucun mal l'arbre, grâce à sa discrétion. Mais un doux bruit de source parvient à son oreille. Curieux, il le suit et se cache derrière un buisson. Entre les feuilles, il réussit à voir l'eau de cette source reflétant l'éclat de la lune de sorte que l'eau cristalline semble être de l'argent liquide. Et dans ces flots calmes, nue et dépourvue d'armes, se trouve une magnifique jeune femme. Un crinière rousse, des yeux noisettes, une peau aussi blanche que les étoiles. 

Reculant de peur d'être surpris, Henry marche accidentellement sur une branche. Tout s'enchaine alors à une vitesse extrême. Devant lui se dresse désormais la déesse Artémis, vêtue de son armure et elle le toise de toute sa hauteur. Henry se jette à genoux et dit:

-Milles excuses grande Déesse. Je ne voulais pas, je vous le jure.

-Te moquerais-tu de moi ? Que faisais-tu ici alors ?

-J'ignorais que vous étiez ici. J'ai entendu du bruit et...

Artémis soupire. Elle le relève doucement et dit:

-J'imagine que tu es avec ces maudits pirates.

Henry lui répond avec colère :

-Et alors ? Chacun son mode de vie !

Il pose immédiatement sa main sur sa bouche et la panique s'inscrit dans ses yeux. Il en a peut-être trop dit.

-Que fais-tu ici ?

Il baisse la tête et dit d'une petite voix:

-Je... Je voulais vous parler. 

Artémis hausse un sourcil mais l'écoute néanmoins.

-Est ce que vous accepteriez de me donner un des trésors ? *Il l'empêche de l'interrompre* Ce serait pour faire un cadeau à mes parents. Je sais que l'arbre possède une sève d'argent et je me suis dis qu'avec, je pourrai faire des alliances pour qu'ils... aient une preuve de leur mariage. 

-Et tu ne pourrais pas faire comme tout les enfants. Prendre de l'argent et leur en offrir ? 

Henry inspire profondément pour conserver un ton calme. 

-Mon père est le capitaine du Hollandais volant. Je n'ai pas très envie d'attendre trois ans pour la lui donner. 

Artémis soupire puis disparaît. Perplexe, Henry reste sans bouger pendant plusieurs minutes. Mais il rebrousse vite chemin et retourne à sa barque. Cependant, il retrouve Artémis devant son embarcation. Il se stoppe immédiatement. 

-Offre-les à tes parents. Mais saches jeune garçon, que c'est le seul trésor de cette île que tu auras. Fais voile dès le levé du jour loin de cette terre et pries pour que nos routes ne se croisent plus jamais car je ne serai plus aussi clémente. 

Avant qu'il ne puisse la remercier, elle disparaît à nouveau, se volatilisant dans l'air. Heureux comme un diable, il adresse un sourire plein de gratitude au croissant de lune et retourne au bateau. Il monte sur le pont, tenant fermement les alliance dans son poing. 

-J'en étais sûre !

Il sursaute et se retrouve face à Mary qui affiche un air colérique.

-Mary... Ne parles pas si fort.

-Et pourquoi ? Tu aurais pu te faire tuer. Est ce que tu as conscience de ce que ça veut dire ? 

Henry soupire mais comprend le point de vue de Mary. Elle s'inquiète pour lui. Il trouve ça mignon...

-Ne t'en fais pas. Je vais bien et j'ai même obtenu ce que je voulais. Regardes.

Il lui sourit et elle s'avance. Il ouvre alors la main et l'éclat argenté des alliances illumine le petit visage de Mary. Elle pose ensuite son regard sur lui et dit avec douceur :

-Tu es vraiment adorable. Tes parents vont adorés.

-Comment... ? 

-C'est tellement évident.

Elle se met à rire doucement et lui, l'observe en souriant simplement.

Et si... Pirates des CaraïbesWhere stories live. Discover now