ATELLA

- VINGT-SIX -

• JULIAN •

Ma vie en ce moment n'est pas des plus tranquilles. Mes meilleurs potes et moi s'adressons même plus la parole. On se donne même plus l'heure. Depuis une semaine, Atella subit les états d'âmes d'une personne anonyme et raciste. Bref, ma vie pourrait être mieux mais bon, j'ai connu pire, vraiment pire.

Camille qui était assise sur un banc vient me rejoindre.

« — T'es tout seul ? demande-t-elle.
— Et alors ?
— Pourquoi t'es toujours sur la défensive avec moi ? Détends-toi, dit-elle en me massant les épaules.
— Retire tes mains ! »

Elle retire ses mains en souriant.

« — J'adore quand t'es autoritaire comme ça, t'es encore plus sexy. Quand tu t'énerves aussi d'ailleurs. »

Je ne réagis pas.
Au même moment, Atella me rejoint. Je lui souris en espérant que ce soit communicatif mais non, toujours cette tête d'enterrement. En même temps je la comprends, quelqu'un s'acharne sur elle chaque jour depuis une semaine. Ça me fait vraiment chier de la voir comme ça, je le montre pas mais ça m'affecte beaucoup de la voir dans cet état. Si on s'attaque à elle, c'est comme si l'on s'attaquait à moi.

« — Julian, j'en peux plus... »

Elle pose sa tête sur mon épaule et je l'encercle de mes bras.

« — Euh tranquille je vous dérange pas ? fit Camille suite à son raclement de gorge.
— Personne t'as demandé de venir le voir, répond Atella.
— Ta gueule, sale noire ! »

Un silence pesant s'installe entre nous.

« — Alors c'est toi ? lançai-je.
— Moi quoi ?
— C'est toi qui arrête pas de m'écrire des mots racistes ! s'exclame Atella.
— N'importe quoi ! renchérit-elle.
— Arrête ton cinéma ! T'es démasquée ! Qu'est-ce que je t'ai fait, hein ?! Dis-moi ce que je t'ai fait !?! » hurle Atella hors d'elle.

Camille ne répond pas, elle préfère s'éloigner de nous, s'enfuir.

« — Maintenant qu'on sait qui c'est, il faut qu'on en parle !
— Non !
— Mais arrête Atella ! Pourquoi tu fais ça ?! »

Elle me regarde dans les yeux et dit froidement :

« — Tu n'en parles à personne. »

{...}

• ATELLA •

Aujourd'hui, notre classe a fini plus tôt.
J'ai fait semblant d'avoir une envie pressante pour que Julian m'attende en dehors de l'établissement.
En réalité, je me dirige au bureau de la CPE. Je vais lui parler de ce que Camille me fait subir. Ce que je montre à Julian, ce n'est que dix pour cent de ce que je ressens. Chez moi, je souffre encore plus, mais j'arrive quand même à me cacher. Maintenant c'est fini ! Ça va s'arrêter et cette connasse va être virée !

Après avoir toqué et attendu qu'on me dise de rentrer, j'entre.

« — Bonjour Atella.
— Bonjour Madame.
— Asseyez-vous. Qu'est-ce qui vous amène ? » m'interroge la CPE.

Je m'assois.

« — On me harcèle, crachai-je.
— Quoi ?! Comment ça ?!
— Camille Chapeau, en première me harcèle. Elle glisse des mots racistes dans mon casier depuis une semaine et elle le fait tous les jours ! Elle peut m'en mettre plus de cinq dans une journée ! Elle m'a insulté aussi ! J'en ai assez ! Je lui ai rien fait !
— Calmez-vous Atella, le problème va être réglé très vite et vous n'aurez plus de soucis avec cette élève. C'est très grave ce qu'elle fait et elle risque d'être virée pour ça. C'est très bien de m'en avoir parlé.
— Merci beaucoup madame. Là je dois partir parce que j'ai fini les cours.
— Très bien, au revoir Atella.
— Au revoir madame. »

Je sors du bureau de la CPE et je me précipite vers la sortie du lycée.
Avant d'avoir les deux pieds hors du lycée, j'entends brailler depuis le haut-parleur :

<< Camille Chapeau est attendue dans le bureau de la CPE. >>

C'est ce que je voulais.

« — T'en as mis du temps ! lance Julian.
— Bah tu sais bien qu'à la récré il y la queue aux toilettes, dis-je.
— Mouais. Bon, allons-y. On a une séance de cinéma à ne pas rater. »

— C'ÉTAIT LE CHAPITRE VINGT-SIX —