- QUATORZE -

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AUSTIN •

Je suis à mon casier pour prendre mon sac de sport puisqu'après cette pause, nous avons EPS.

« — Bonjour. »

Je regarde derrière la porte de mon casier et je vois Reine et toute sa clique.
Qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir trouver pour m'insulter aujourd'hui ?

« — Lâchez-moi ! m'exclamai-je.
— Lâchez-moi ou léchez-moi ? » se moque Amina et un autre garçon.

Ils rient tous devant moi à pleine gorge.

« — Du coup, vous avez pu rattraper votre séance de jambes en l'air Bryan et toi ? continue un autre garçon toujours d'un ton moqueur.
— Tu l'as sucé, il t'a enculé ou l'inverse ? demande Kelly en ricanant.
— Ou même les deux ! Tu sais les gays, ils ont faim. » ricane Amina.

Ils rient encore à gorge déployée.
Je sens les larmes me monter.
Pleure pas Austin, pleure pas. Surtout pas devant eux, ils ne le méritent pas.

« — En fait, toi et tes amis vous êtes tous chelous. Ton pote Julian là avec sa sœur, ce sont des fils de pute et ils ont le VIH. Atella, la go, y'a pas plus bizarre qu'elle. Elle est d'un bizarre putain, celle-là on dirait... qu'elle a des problèmes mentaux ou un truc dans le genre. Bryan est gay et il vit avec sa tante parce que son père est un toxico et sa mère, une alcolo et ils l'ont battu. Et puis toi, t'es un enfant adopté qui est... gay aussi. Comment tes parents adoptifs vont-ils le prendre ? Comment ils vont réagir quand ils vont savoir qu'ils ont adopté un fils... gay. C'est pas ça qu'ils auraient voulu. »

Après la tirade de Reine, je me précipite vers les toilettes, je m'enferme puis j'éclate en sanglots. C'en est trop pour moi. Ils se sont moqués de moi, de mes amis et de leur vie. J'ai remarqué qu'on a tous pas eu une vie facile et c'est peut-être cela qui nous a lié d'amitié.
Atella, je ne sais pas grand chose sur elle puisqu'elle se confie presque que à Julian mais je pense qu'elle aussi n'a pas eu une vie facile. Elle se confiera avec le temps comme moi et comme Bryan.

« — Austin ! »

Je reconnais la voix de Bryan.

« — Troi... trois... troisième porte... réussissais-je à dire entre deux sanglots.
— Allez ouvre, dit-il d'une voix douce en toquant à ma porte.
Non.
— S'il te plaît, Austin... »

Je sèche mes larmes même si ça ne sert à rien puisque je pleure encore et je lui ouvre la porte.

« — Austin arrête de pleurer...
— Tu ne sais pas ce qu'ils m'ont dit, dis-je toujours en sanglotant.
— Si, j'ai tout entendu. Je voulais venir te rejoindre mais ils m'ont devancé donc j'ai écouté la conversation discrètement.
— Ils ont parlé de toi, de tes parents qui te battaient, de ton père qui est junkie et de ta mère qui est alcoolique... »

Il baisse la tête.

« — De toute façon, ils sont allés en prison parce qu'ils me battaient mais aussi pour d'autres trucs du style : conduite après avoir bu ou consommer de la drogue et plein de choses comme ça. Je ne sais pas s'ils y sont toujours et je m'en fiche. J'aime vivre avec ma tante.
— Ça m'a vraiment choqué aussi qu'ils parlent de mes parents adoptifs. J'ai beaucoup de respect pour eux et sans eux, je serai encore à l'orphelinat aujourd'hui. Et que Reine dise à leur place que jamais ils auraient souhaité un fils gay, ça m'a vraiment fait mal.
— Mais... t'es pas gay.
— Bah en fait... je sais pas... avouai-je.
— Comment ça ? s'étonne Bryan.
— La fois dernière quand tu "admirais" mes abdos dans les vestiaires du gymnase, j'étais vraiment charmé. Quand j'ai lu ce tweet, je me suis senti vraiment visé à cause du fait qu'ils ont dit que j'étais gay avec toi... Puis... ça fait un moment que je me cherche. Je n'ai jamais été trop attiré par les filles, je ne suis jamais sorti avec une fille et parfois je me surprends à mater que des garçons et aucune fille, mais évidemment ça je ne le fais pas tout le temps, hein !
— Donc... t'es gay ?
— Et puis, il y a un garçon dans ce lycée que je n'ose pas trop souvent regarder dans les yeux parce que je l'aime et il m'intimide.
— C'est qui ? »

Je me rapproche de son visage, puis de sa bouche et la mienne se pose sur la sienne.

« — C'est toi. »

Il me regarde avec des gros yeux.

« — Mais comment tu sais que...
— Dans ton agenda à la page des amis, mon nom est écrit en rouge, entouré en rouge avec un petit cœur rouge.
— C'est Julian qui te l'a dit ? demanda-t-il.
— Non, j'ai vu ça de loin un jour en cours. Mais Julian savait ?
— Oui, lui aussi il a vu mon agenda de loin en cours et il est venu me demander des explications, je lui ai tout dit. »

Je lui souris, il me sourit en retour et nous sortons de ces toilettes.

« — Avant de rejoindre les autres... » dit Bryan.

Il se rapproche de moi et m'embrasse.




— C'ÉTAIT LE CHAPITRE QUATORZE —

ATELLA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant