Chef - Taeyong x Myungsoo

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Être passionné, c'est se consacrer entièrement à une seule et même chose à tel point que plus rien ne compte tout autour... C'est à la fois plaisant et horrible d'être passionné. On en perd complètement le contrôle de sa raison. Parce qu'immédiatement, l'importance que l'on porte à cette chose qui nous fascine tant, devient le fruit de notre obsession. C'est comme si cet état affectif, cette émotion violente s'emparait de nous, nous donnant l'impression qu'elle devient vitale à notre survie. C'est ressentir tout ses propres sens s'émerveiller, c'est discerner cette grande énergie créative qui s'étend dans chacune de nos veines, nos poumons qui s'emballent...c'est déconcertant mais tellement agréable. Je suis passionné depuis mes huit ans. Je me souviens de ce déclic jusque là encore insoupçonné qui m'a fait face lorsque hypnotisé devant la télévision, j'ai pris conscience que je voulais devenir chef cuisiner. Mes parents ont toujours été très doué pour la cuisine. Tous les soirs ils s'agitaient aux fourneaux pour nous concocter quelque chose de nouveau et d'inédit. Malgré leur enthousiasme à satisfaire nos papilles aucun des deux n'a jamais pensé à en faire son métier. Alors quand je leur ai annoncé que c'était ce que je voulais faire, ils n'ont pas vraiment compris pourquoi. Cuisiner pour sa famille était amplement suffisant à leurs yeux... Moi, je voulais cuisiner pour bien plus que ça. Pas simplement par goût de la nourriture mais...par tous les sentiments que l'on peut transmettre aux gens en leur cuisinant un plat fait avec amour et sincérité. Je n'ai jamais été très doué pour nouer des liens avec autrui alors cuisiner pour moi était une façon délicate mais surtout facile d'aller vers lui. Je me suis battu toute ma vie pour pouvoir aller dans la plus grande école de cuisine de Séoul. J'ai travaillé, sans arrêt, sans abandonner souhaitant que mon dur labeur soit un jour récompensé par les Dieux, quels qu'ils soient... J'ai d'ailleurs beaucoup souffert mais aussi fait énormément de tord à mon entourage. Même si être passionné à plus de bons côtés que de mauvais à mes yeux, il se trouve que la passion peut parfois nous faire oublier qui nous sommes vraiment. J'ai manqué bien trop de chose mais surtout de jugement et de discernement allant même jusqu'à croire que le monde entier complotait contre moi pour m'empêcher de réaliser mon rêve. Cette frénésie en moi était devenu si intense, si profonde lorsque je suis entré dans cette école, lorsque tous les jours je ne cessais de me répéter que j'y étais presque que j'ai finalement fini par merder. Les besoins que je ressens à vouloir combler ce désir sont nombreux, tellement nombreux que je suis parfois vite dépassé par mes propres émotions...

Je suis désormais diplômé, à la recherche d'un travail qui me poussera au plus haut, me faisant connaître au monde entier mais surtout continuant de faire vivre ce feu intérieur qui brûle ardemment. Je travaille actuellement dans un grand restaurant mais exécuter les ordres sans pouvoir s'émerveiller devant les plats et les ingrédients qui défilent devant moi me rend plutôt morose. J'aimerai être reconnu pour ce que je fais et j'aimerai qu'on s'intéresse à ce que je créé, à ce que j'imagine, ce que je conçois... Malheureusement pour moi, mon patron et mes collègues ne partagent pas mon avis et ma passion. Ils sont bien trop imbu d'eux-même, la cuisine n'est qu'une façon comme une autre de se faire de l'argent. Ils aiment cuisiner mais ils ne prennent pas le temps de la ressentir, de la vivre... Je hais leur façon de penser. Parfois, j'ai même envie de leur hurler dessus pour ne considérer la cuisine que comme une ennuyeuse affaire. Devenir chef cuisinier est la seule chose à laquelle je ne renoncerai jamais. C'est plus qu'un emploi, c'est désormais un mode de vie, un sentiment, une odeur que je ne voudrais jamais sentir disparaître. En fait...cuisiner c'est comme respirer pour moi, c'est vital.

Je suis assis en face de mon bureau, le plus grand magazine de cuisine dans les mains, m'extasiant sur lui, le chef que je respecte le plus au monde, Lee Taeyong, vingt-deux ans et déjà qualifié comme étant le meilleur cuisinier de Corée du siècle à venir. Issu d'une famille de riche cuisiniers, Taeyong s'est immédiatement plongé dans le même univers que ses deux parents, suivant leur trace avec perfection. Né d'un père japonais et d'une mère coréenne, il a acquis la culture culinaire de ses deux pays sans grandes difficultés. Les nombreux voyages en Europe et en Amérique n'ont fait que conforter son talent de création et de conception. Taeyong sait manier toutes les techniques et les saveurs même les aliments qui ne sont pas communs ici, en Asie. A seize ans, il sort premier de sa promotion avec les extrêmes félicitations du jury, devenant ainsi l'unique élève à obtenir son diplôme aussi jeune. Immédiatement, ses parents et autres sponsors l'incitent à définir clairement son style culinaire en le poussant à ouvrir son propre restaurant. Ses cinq restaurants connaissent aujourd'hui un énorme succès à travers le monde. Préférant rester sur sa terre natale, Taeyong oblige ses plus grands admirateurs étrangers à traverser le globe pour goûter à sa cuisine. Il a revisité les plus grands plats traditionnels du pays sans aucune faute, aucune maladresse nous rendant tous incroyablement fasciné par cette facilité qu'il a d'imaginer ses créations. C'est un exemple pour moi, il est à lui seul tout ce que je souhaiterai être. Les magazines le décrivent bien souvent comme étant un jeune prétentieux à la personnalité désordonnée, beaucoup ne comprenne pas qu'il puisse se tuer à sa cuisine sans profiter de tout ce qui l'entoure, de toute la richesse qu'il possède. Moi, je comprends, j'arrive à lire en lui parce que ce qu'il ressent, je le ressens aussi... Je suis intimement persuadé qu'il est et qu'il restera le plus grand créateur de saveur du monde.

Recueil OS |yaoi|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant