Chapitre douze.

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Je venais d'arriver dans cette salle, une dizaine de chaises formaient un cercle au milieu de la pièce, l'une d'elle déjà occupée par une femme, fixant le sol le regard perdu, les mains jointes et tremblantes posées sur ses genoux. Elle était filiforme, le teint pâle comme une aquarelle, un cadavre vivant en somme.

D'autres femmes discutaient à côté d'une table vêtue d'une nappe blanche ornée de petits biscuits et de quelques boissons. Elles semblaient se connaître depuis déjà longtemps, souriant paisiblement aux dires de l'une d'entre elle.

Je ne me sentais pas à ma place ici, je regrettais d'être venue.

Hier..

-Allô?

-Madame Lawford

-Doc'?

-Comment allez vous?

-On peut sauter cette étape, ma réponse n'a pas tellement changée depuis la semaine dernière.

-Je vois, j'ai une proposition à vous faire

-Hm, dis-je pour l'inciter à continuer

-Demain se tiendra une réunion un peu spéciale, en fait c'est un groupe de soutient pour veuves

-Génial, ça annonce une ambiance de folie, j'amène le champagne!

-June.. Prenez ça au sérieux, ça peut réellement vous aider..

-Bon, je vous écoutes

-En fait, les femmes se regroupent, elles échangent leur expériences, se questionnent sur leur ressentis différents face au deuil qu'elles traversent, se conseillent, s'entraident..

-J'en suis, c'est quand? répondis-je sur un coup de tête

Aujourd'hui..

Dans ce genre de moment mon impulsivité me jouait des tours, j'avais répondu sans réellement réfléchir et je me retrouvais coincée ici sans échappatoire possible..

-Mesdames prenez place, annonça un homme d'une voix se voulant rassurante

Ce devait être le "chef" de séance, il était assez fort, de taille moyenne. Ses cheveux bruns commençaient à blanchir sur certains endroits, je lui aurait donné la cinquantaine, ni plus ni moins.

Je resta debout, scrutant la salle des yeux, observant les femmes s'assoir en fonction de leur affinités, elles étaient pour la plus part souriantes, semblant visiblement oublier la raison de leur présence.

Je fus obligée de prendre place à côté d'une brune, celle que j'avais découverte en entrant dans la salle

-Moi c'est June, dis-je pour briser la glace

-Sophie, dit-elle sans relever le regard de ses mains enlacées maladroitement sur ses genoux

-C'est la première fois que tu viens?

-Non, c'est déjà ma cinquième séance, je ne te retournes pas la question,  je sais que c'est ta première séance

-Comment peux tu le savoir?

-Si ce n'était pas le cas tu ne serais pas assise à côté de moi

-Pourquoi?

-Les femmes qui viennent ici ne m'aiment pas, parce qu'elles font tout pour montrer qu'elles s'en sortent, qu'elles sont heureuses, que malgré leur moment de faiblesses elles se battent

-Et pas toi?

-On est venues ici pour être honnête non? Alors je vois pas pourquoi je ferais semblant de sourire alors que j'ai envie de crever.

I'm just a human disasterWhere stories live. Discover now