Chapitre huit.

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Le lendemain je me réveilla vers 9h encore perturbée par mon rêve.

-Bonjour mon amour, soufflais-je en regardant sa photo

Je devenais folle, j'en avais conscience, je devanais folle car je lui parlait.. alors que lui.. il était mort. Mais vous savez quand une personne meurt lui parler devient essentiel, pourquoi? Je n'en ai aucune idée, c'est juste que.. ça appaise, parce que ce qu'il y a de pire c'est de se dire que jamais on ne reverra cette personne mais aussi et surtout que jamais on ne lui reparlera.

La matinée passa rapidement, je pris une douche et je me prépara avant l'arrivée de Sacha, ce dernier m'ammena dans un restaurant que l'on avait l'habitude de fréquenter à l'époque du lycée et mes yeux se bloquèrent quand je vu les gars assis autour d'une table nous attendant.

-C'est pas vrai? dis-je le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux

Après le lycée on s'était tous séparés, Anthony était partie faire ses études ailleurs, Raphaël avait dû déménager et Mathieu avait trouvé un travail et avait fini par être muté dans le sud. En bref, seul Sacha et moi étions restés aussi soudés qu'avant.

Ils se levèrent et me prirent dans leur bras chacun leur tour, leur étreintes étaient tellement revigorantes qu'un doux sourire plein de nostalgie se déposa sur mes lèvres.

On prit ensuite place à table et la question fatidique arriva

-Comment tu te sens? me demanda Raphaël

-En fait j'ai tout simplement l'impression d'être dans un mauvais film d'époque. Tu sais ceux pour sourds et muets en noir et blanc, ceux qui sont tellement nuls qu'on en a pitié mais tellement vieux qu'on s'y intéresse... Sauf que mon film à moi est pathétique, mon film à moi n'est pas intéressant, il est tragique, dramatique, mon film à moi ne se fini pas bien, il ne se fini pas tout cours d'ailleurs, c'est la même scène qui repasse en boucles pendant deux heures et ça en devient lassant pour le spectateur .. Et c'est ce que je suis, une spectatrice, une spectatrice lassée, impuissante... Une simple spectatrice qui assiste à la déchéance progressive de son bonheur et à l'installation durable du néant dans sa vie sans pouvoir gérer quoi que ce soit!

Ils me regardèrent tous, le regard emplie d'empathie, de tristesse

-Désolée, je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise

-Ne dis pas de bêtises, on est seulement inquiets pour toi sis', me dit Anthony et l'entente de ce surnom remplie ma tête de souvenirs

Avant.

Je venais d'arriver à l'entrepôt abandonné qui nous servait de QG, j'entendais des rires de l'intérieur, ils étaient arrivés plus tôt que prévu.

Je poussais la lourde porte en métal et un crissement désagréable se fit entendre, tout les regards se braquèrent alors sur moi

-Ahhh t'es enfin arrivée sis', me dit Anthony en se levant pour me prendre dans ses bras

-Que me vaut un tel accueil?

-Avant que t'arrives on se remémorait de bons moments passés ensemble, répondit Raphaël

-Le passé c'est bien mais ça reviendra pas, au lieu de se remémorer de bons moments pourquoi ne pas s'en recréer? dis-je

-Avec plaisir, dit Mathieu en se levant à son tour

-J'ai une idée, suivez moi nous dit Sacha, se levant d'un bond et se dirigeant vers la sortie

On partit donc sans savoir où, sans savoir pourquoi, sans savoir combien de temps. On partit ensemble et c'est tout ce qui comptait car ils rendaient le monde plus beau, plus agréable, ouais, ils rendaient le monde plus attrayant qu'il ne l'était en réalité

Aujourd'hui.

-Je vous jure les gars sans vous rien n'est pareil, vous me manquez tellement

-Eh je suis là moi, dit Sacha visiblement vexé

-Oui mais nous on est inséparables Sachou, mais avoues que le groupe d'avant était ..

-Fantastique, compléta Mathieu

-J'ai une idée, on finit de manger et je vous emmène quelque part, déclara Raphaël

...

On venait d'arriver, Raphaël avait décidé de me bander les yeux, réticentes au départ j'avais finalement décidé de jouer le jouer.

Il ôta enfin mon bandeau et je découvris ou plutôt je redécouvris un lieu que l'on fréquentait en permanence à l'époque. Il s'agissait de notre vieil entrepôt, c'était notre cachette au temps du lycée, on s'y rejoignait chaque fois que l'on avait envie de se voir, chaque fois que l'un d'entre nous allait mal, chaque fois que l'on avait prévu de sortir. En bref, je fréquentais plus cet entrepôt que ma maison à cette époque.

-C'est dingue, j'ai l'impression que rien n'a changé, déclarais-je sous le choc

-Tu sais ce qui changera jamais non plus? me demanda Raphaël

Je lui fit signe que non de la tête, l'incitant à continuer

-Peu importe les épreuves qui se dresseront entre nous, peu importe les années, peu importe la distance qui nous séparent tu resteras toujours ma sœur

-La mienne aussi déclarèrent fièrement Sacha, Anthony et Mathieu avant de se taper dans la main pour se féliciter d'avoir été synchro

Et à ce moment précis, avec eux, ici, j'avais l'impression d'être revenue au temps du lycée, au temps où James n'avait pas encore fait son apparition dans ma vie, au temps où les sorties, les gars et les mauvaises habitudes telles que le tabac, la drogue, le sexe avec des garçons toujours plus nombreux et différents rythmaient mon quotidien. Et si on m'avait demandé, là, maintenant de choisir entre ma vie actuelle et mon passé j'aurais quand même choisi la douleur que je ressens actuellement, car la douleur, quelque part elle me rappelle que je suis en vie et malgré tout.. tout les changements qui se sont opérés dans ma vie m'ont rendue meilleure.

Et ça mon amour, je t'en serais éternellement reconnaissante.


I'm just a human disasterWhere stories live. Discover now