Chapitre vingt.

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Chapitre corrigé le 18/07/2018

Sans me contrôler, je passe en extase devant ma mère et mes enfants. La boîte où se trouve la bague que Kaën s’apprête à m'offrir est tombée au sol. Je sens la haine me monter au cerveau alors j'enfonce mes ongles sur les accoudoirs de mon siège, tout en laissant échapper le craquement de mes dents. Kaën et mon père sont en train de se battre. Je ne peux pas accepter pire situation actuellement. Je décide néanmoins de ramasser tant bien que mal la boîte avant de la laisser m’échapper de nouveau. Comme Taheo est sur mes genoux à boire son biberon, j'ai beaucoup plus de mal à bouger. Mais je réalise qu’Ema la récupère pour moi avant de me l’a remettre en souriant.

Quand je la regarde, je ne peux m'empêcher de la trouver belle. Elle ressemble à son père tandis que Taheo au sien. Tous deux feront d’incroyables héritiers pour Yperifaéneyiah et Ynglingard.

Une fois la boîte en ma possession, Ema baisse son regard sur mes jambes. Kaën lui a tout expliqué. Elle ne semble pas tout comprendre mais pourtant, je lis dans ses yeux une détermination que moi-même je n’ai pas. Elle se baisse alors pour venir caresser mes genoux insensibles. Ses petites mains ont le don de m'apaiser et de me remettre dans un état normal. Je sens mon extase se désactiver par la même occasion.

— Mama, si je chante, ça enlèverait le bobo ?

Un instant je me fige. Étant ma fille, elle a le même don que moi. Quand elle sera plus grande, je lui apprendrai cette chanson. Mais pas dans but d'être sauvé. Ema devra faire preuve de force pour protéger tout le monde et sa voix lui en donnera les moyens.

Je ne veux pas que cette magie se perde car j'ai la chance d'en avoir hérité. Oui, je suis fière de ce don dont ma mère m'a fait cadeau. 

Je serre la main d'Ema en versant des larmes de joie avant de reporter mon attention sur la boîte à bijoux.
Dedans, se trouve tout l’amour que Kaën me porte. Alors cette fois, je dois l’aider de mon possible pour prouver à mon père qu'il est un homme bien. Je veux qu’il le regarde pendant qu’il glisse cet anneau à mon doigt. Je repasse en extase avant de me lever de mon fauteuil. Grâce à cette capacité, je peux tenir sur mes jambes mais je n'ai que très peu de temps. Je prends mes enfants avec moi avant de les emmener à la voiture pour les conduire à Yperifaéneyiah, où s'affrontent mon père et Kaën.

***

Je ne peux pas dire comment, mais mon extase ne s’est pas encore désactivé. Je tiens encore sur mes jambes, bien que j'en tremble. Je porte dans les bras Taheo tandis qu'Ema nous suit directement. En regardant l’état du palais, j’ai un pincement au cœur. Mon royaume est complètement détruit à cause de cette guerre. Il ne reste pratiquement plus rien de l’endroit où j’ai grandi. La nature semble avoir même repris ses droits sur tout l’ensemble du territoire. Me sentant irre. En lambeaux…

Après avoir monté tout de même les marches, c'est à trois que pénétrons à l'intérieur du palais. Tout est dévasté. Ema ne semble pas aussi paniquée que moi, sa condition d’enfant fait qu’elle ne comprend pas la vision qui se tient devant elle. Celle des traces d’une guerre...

Je secoue ma tête pour dégager les mauvaises ondes de mon esprit avant de poursuivre notre chemin jusqu’au trône. Sur le trajet, j’ai du plusieurs fois reprendre Ema, qui semblait voir l’état du palais comme un parcours de jeu. Son innocence est aussi attachante qu’effrayante. Voilà pourquoi, les enfants ont tous besoin d'un père. Je ne suis pas le genre de personne à dire non à ses enfants mais je sais que Kaën est capable de mettre les barrières pour leur bien.

Malgré la fatigue qui commence à me gagner, nous arrivons enfin devant les portes du trône où derrière, j'entend  l'affrontement. Plus de doutes possible, mon père et Kaën sa battent. Pourquoi diable sont-ils aussi stupides ? Je suis venu ici pour arrêter cette mascarade qui peut vite mal tourner. Un instant pourtant, j’hésite à ouvrir la porte. Je reste devant, figé en avalant ma salive douloureusement puis je serre entre mes doigts, les fesses de Taheo que je porte toujours dans mes bras avant de fixer Ema. Je lis dans son regard une gêne. Elle n'a que cinq ans et pourtant, Ema arrive complètement à savoir ce que je pense et comment je me sens. Elle n'est pas notre fille pour rien. Je suis très fière d'elle et de son petit frère.

J'embrasse le visage endormi de mon fils avant de m'agenouiller face à Ema qui rougit pour l’embrasser à son tour, avant de me redresser et de pousser la porte.

Une fois la porte ouverte, la vision qui se dresse devant moi et bien au-delà de ce que j’imaginais.

Kaën semble se battre totalement différemment. Plusieurs armes tournent autour de lui, dans son dos et semblent fantomatiques. En prendre une entre nos mains ne servirait à rien car je sais d'avance qu’on la traverserait. Je n'avais de toute évidence, jamais vu Kaën dans cet état. Sa posture, sa grâce et sa détermination font toute son élégance.

Ses yeux sont devenus complémentent argentés, et l’aura autour de lui de couleur blanchâtre, me fait penser à une lumière chaleureuse. Les deux hommes s’arrêtent cependant en nous découvrant. Le plus surprenant, c’est que je tienne sur mes deux jambes. Je sens une certaine incompréhension les gagner, alors rapidement, je leur explique que cela est seulement dû au Mode Extase de Kaeris.

— Je ne comprends pas à quoi vous jouez mais il serait temps d’arrêter ces bêtises ! J'ignore vraiment ce, à quoi vous pensez !

Les deux hommes s’arrêtent complètement dans ce combat qui ne fait de bien à personne. Kaën est blessé de partout et mon père aussi. Un sablier se trouve en morceaux, au sol.

— Ça ne sert plus à rien de se prouver quoi que ce soit. Il est vrai que Kaën à fait une erreur mais j'en ai faite une aussi. Nous sommes responsables de cette situation, tous les deux.

Je lui ai pardonné.

—Kaën n'est pas complétement rétabli, j’ai besoin de lui. Kaën a fait des erreurs c'est vrai mais, je l'ai délaissé de mon côté car je fuyais l’homme que j’aimais. Et je lui demande pardon pour ce que j'ai pu lui faire.

Mon extase vient de me lâcher, me faisant atterrir sur les genoux. Malgré tout, je ne lâche pas Taheo qui dort contre moi.

— Et je ne suis pas immortel. Un jour, je mourrai mais avant cela, je ne veux pas voir ma famille se déchirer. Alors je vous le demande...

Mes larmes m’envahissent tandis que Kaën récupère Ema dans ses bras.

— Arrêtez de vous battre…et soyons heureux. Je veux épouser Kaën et continuer à agrandir notre famille pour ne pas le regretter tout au long de mon existence. Je veux simplement vivre des moments de joie avec vous tous. Je veux chanter malgré mes jambes pour continuer à aider autres.

Mon père finit par me rejoindre au sol pour voir de plus près le visage de son petit fils. Il sait qu’il vient de Zer’o et non de Kaën et pourtant, le sourire qu’il lui offre est ce dont j’avais besoin. Il reconnait cet enfant comme son petit fils. Je me laisse aller en pleurant contre mon père qui me serre dans ses bras et me chuchote que tout va bien. Maintenant, je sais à quel point voir son enfant pleurer est douloureux. Être parent me permet tous les jours d’en apprendre plus sur moi-même, mais également de comprendre ce, par quoi les miens sont passés.

Nous avons tous assez souffert dans cette histoire.

DORÉ ÉTINCELANT-L'HISTOIRE DE KEL (2)Where stories live. Discover now