Chapitre 14 : Nouvelles visions

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Je n'avais aucune envie de lui répondre. Je ne voulais certainement pas retomber dans un débat inutile. Du moins, il me paraissait inutile. Visiblement, pour elle, ça avait de l'importance. Elle voulait décharger toute sa haine sur quelqu'un. Elle aurait mieux fait de la laisser de côté au lieu de la considérer comme une force. Ça lui aurait évité de croire que sa situation était normale et qu'elle devait vivre avec alors que le peu de personnes dans son cas n'avaient aucune échappatoire. Elle croyait avoir trouver une amie... mais elle se trompait.

Cette situation me désespérait quelque peu et Chernobog, quant à lui, n'avait pas envie d'écourter cette conversation. Malheureusement, quoi qu'il en dise, il tenait encore bien trop à Marilyn.

— On est tous visés. Pourquoi tu veux constamment qu'on se divise ? Pourquoi tu veux tout compliquer ?

— Tant mieux pour toi si tu arrives à pardonner, à aller au-delà de tout ça. Grand bien t'en fasses, mais tu ne peux pas m'imposer de faire pareil ! rétorqua-t-elle, furieuse. L'enfer que j'ai vécu là-bas, je le vis encore... Et je ne peux pas en parler ici, parce que ce sont des sujets tabous ou totalement banalisés. Va parler de ton viol en tant qu'esclave, on te dira que tu le méritais, que tu ne te comportais pas assez bien. On te dira que c'est de ta faute. Et pire, va parler du fait que tu veuilles mettre fin à tes jours... Ça n'existe pas ça ici. Voyons, tout le monde est heureux et apprécie sa stupide vie ! Vous pourrez me dire ce que vous voulez tous les deux, parce que vous, même en tant qu'anciens esclaves, on vous montrera du respect, on vous considérera comme vivant. Moi, je n'ai pas ma place ici. Je n'ai pas de place nulle part...

Aucun de nous deux ne voulait intervenir désormais, parce que, malheureusement, elle disait vrai et j'étais triste d'apprendre qu'elle ait déjà songé à se suicider. Ce n'était pas quelque chose de courant, voire ça n'existait pas ou du moins, on étouffait les affaires de suicide pour faire croire que tout le monde appréciait de vivre ici. Downfall n'avait pas qu'une sécurité renforcée pour les nobles ou ses frontières, mais aussi sur ce qu'elle pouvait insufler à ceux qui y vivaient. Pourquoi parlerait-elle de toutes ces personnes malheureuses ? de toutes celles qui souffraient ?

Les news pouvaient parfois mettre en avant quelques faits divers pour effrayer la population et les pousser à se méfier, mais le sensationnel sur la détresse de sa popre population n'aidait en rien Downfall. Mis à part dire que leur sang était mauvais, il n'y avait pas d'autres informations à manipuler.

Comme toujours, tout était contrôlé dans cette maudite ville... et le statut d'anarchiste de Marilyn était bien plus évident que jamais. Alors que j'étais prête à la critiquer jusqu'alors, j'avais désormais envie de la comprendre.

— Marilyn, on peut en discuter, tentai-je d'une faible voix.

— Ça n'a aucune importance. Vous ne le feriez que par rapport à Snuumura ou quiconque en a après nous et à vrai dire, je m'en fiche. Si je veux me venger de cette personne, j'y arriverai. Cette fois-ci, c'est à vous de vous débrouiller...

J'aurais tellement voulu la retenir, mais c'était inutile. Chernobog n'essaya même pas. Et Marilyn s'éloigna dans la pénombre, se fichant désormais complètement de nous. Marilyn avait changé, mais elle n'avais pas eu le choix. Son comportement ne me paraissait plus aussi étrange qu'avant.

Puis nous échangeâmes un regard perdu, Chernobog et moi. Nous ne savions plus que faire et venir ici ne nous avait rien appris au sujet de Sparrington. En revanche, nous avions appris des tas de choses sur Marilyn et ce n'était pas pour nous rassurer.

— On fait quoi maintenant ? demanda-t-il en espérant que j'ai réponse à tout.

— Je n'en sais rien... On ne sait rien sur nos hypothèses et on ne sait rien de plus sur Snuumura. Je pense qu'on est au point mort...

— Marilyn avait fait une carte avec les zones à risque. Nous n'avons qu'à les surveiller, proposa-t-il.

— Déjà, il nous faudra cette carte, et ensuite, on ne peut surveiller tous ces endroits. Il y en a bien trop et la sécurité ne nous laisserait pas cette possibilité.

Immédiatement, il sortit une carte de son manteau. Visiblement, il avait tout prévu.

— Il serait idiot de croire que je n'ai pas fait une copie, lança-t-il d'un air malin.

— Mais alors comment on surveille les endroits ?

— Comme tu l'as dit, la ville est très sécurisée. Il suffit juste qu'on trouve un moyen d'accéder à tout moyen de surveillance qui pourra nous servir. Ça ne va pas être évident, mais c'est totalement faisable.

Nous échangeâmes un sourire, ayant enfin une nouvelle optique pour agir même si nos hypothèses restaient au point mort. Désormais, nous savions ce que nous devions faire... 

Downfall | TOME 1 & 2Where stories live. Discover now