La traque

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Je cours. Le bruit précipité de mes pas sur le sol mouillé résonne a travers l'étroite ruelle que je traverse. C'est mauvais. Ils les entendent et ils les utilisent contre moi. Je bifurque dans une autre rue en montée. J'ai le souffle court, ça aussi ils doivent l'entendre. J'ai beau connaître le moindre recoin de ce quartier je n'arrives pas à les semer et si ça continue... Une silhouette encapuchonnée se dresse quelques mètres devant moi. Mer...Flûte! Je tourne brutalement dans le passage à ma gauche pour lui échapper. Ils vont finir par m'avoir ces enfoirés! Je n'ai pas le choix il faut que je l'appelle. Mon pouvoir monte en moi comme de la lave. Ma transformation commence alors que je cours encore. Trois secondes plus tard je déploie mes ailes et m'envole au dessus des toits sous leurs regards mécontents. Maintenant ils connaissent la nature de ma magie. Ils vont s'adapter pour mieux me traquer. La prochaine fois ils m'auront. C'est pour ça qu'il faut que je quitte cette ville. Je laisse tout ici. Mes amis, mes souvenirs, ma maison et même mon frère et ma soeur. J'aimerai les voir avant de partir leur dire de faire attention, les prévenir mais je ne peux pas. Ma maison doit déjà être sous surveillance, mon portable gît dans le fond du fleuve et tout ce qu'il me reste se sont ces maudits pouvoirs qui ne m'ont apportés que du malheur. J'ai aussi une grosse somme d'argent que j'ai retirée de mon compte, à présent vide. Ma carte bleue repose à côté de mon téléphone cassé sous dix mètres d'eau. Je me pose dans la forêt alentour. Dévornant je dois éviter tous les lieux publics susceptibles d'avoir une vidéosurveillance. Les aéroports, les gares, les grandes surfaces, fini! Je vais à présent mener une vrai vie de fugitive et bizarrement je ne suis pas vraiment enthousiaste. Mon seul moyen de couvrir de longue distance sont les ailes et elles ont assez données pour aujourd'hui. Ce qui est bien dommage parce que la ville est trop proche à mon goût. Je me mets sur mes pieds et commence ma petite randonnée nocturne. Elle ne prend fin que quelques heures plus tard lorsque je m'écroule de fatigue.

*

Quelqu'un m'épie dans la foule. Je sens son regard sur moi. Au bout de plusieurs rues je me rend à l'évidence cette personne en a après moi. Je ne sais pas si c'est pour mon physique ou pour ce que j'ai à l'intérieur mais dans le doute je me dirige vers la banque et retire tout mon argent. Je suis peut être parano mais mieux vaut être prudente. J'ai un mauvais pressentiment à propos de ce poursuivant et mon instinct me trompe rarement. Lorsque le soleil baisse et que les gens quitte la grande rue je comprend que je n'ai pas fait erreur. C'est là que je commence à courir après avoir jeté mes affaires dans le fleuve. Je me réveille en sursaut.

*

Le soleil est à peine levé lorsque je suis tirée de mon rêve. Au fond de moi j'ai toujours su que ce jour viendrait. J'aurai juste voulu le préparer un peu plus de façon à pouvoir emmener Elfman et Lisanna avec moi. Je ne regrette pas ne pas les avoir contactés. En le faisant ils auraient été bien plus en danger. Ils sont malins, ils savent ce que signifient mon absence. Je me lève. Mes vêtements sont encore mouillés de la pluie de la veille et la rosée n'a rien arrangée. Je fouille dans mon sac à la recherche d'un truc à manger en guise de petit déjeuner. J'ai affreusement faim étant donné que j'ai loupé le dîner d'hier. Je dévore mon paquet de palets bretons avant de me décider à repartir. Je fais monter ma magie et m'envole en direction des montagnes au loin. Il faut que je passe la frontière derrière ces rocs. Là-bas je pourrai me faire oublier et peut être même avoir une nouvelle vie. Je devrai attendre un moment car mes ailes montrent déjà des signes de faiblesse. Évidemment c'est pas en les cachant tout le temps en moi qu'elles allait devenir fortes... Je me pose vite à terre histoire d'éviter le crash et continue à pied le temps de récupérer assez de pouvoir. La journée passe lentement et l'alternance ailes/pieds commence à me fatiguer. Pour un peu je marcherai sur les mains. J'aperçois un village au loin. On dirait bien que c'était mon dernier vol pour aujourd'hui! Je me pose et me dirige d'un pas assuré vers ce que j'espère être un dîner bien chaud et un bon lit pour la nuit.

Ceux que les hommes ne peuvent comprendreWhere stories live. Discover now