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"Je ne pensais pas te revoir un jour.." dit-il enfin en brisant le silence qui s'était installé depuis quelques minutes.

"Pourquoi Brahim? Pourquoi tu nous as laissé, tu es parti comme notre père l'a fait après toi"

"Papa ?.. Il vous a .. Et Hanane ? Yemma ?" dit-il les sourcils froncés.

"Hanane est.. Elle est"

Je ne parvenais pas à parler, ma gorge.. C'était comme ci quelque chose bloqué, ca ne voulait pas sortir.
J'avais mal, plus mal encore en voyant son visage anéanti. Je lui en ai voulu toute ma vie, je lui en voulais de m'avoir laissé alors que nous étions toujours ensemble. Nous étions inséparable. Toutes nos bêtises, tous nos fous rires, nos inventions, nos jeux, rien n'était au singulier avec lui et moi, tout était au pluriel. Brahim et Zeinah.

Tandis qu'il essuyait les larmes qui coulèrent tout le long de son visage. Je pris conscience de la situation dans laquelle je me trouvais actuellement.

"Brahim.. Tes vêtements. J'en ai besoin"

Il reniflait et pleurait plus encore, levant les mains au ciel, demandant pardon à Dieu.

"BRAHIM" criais-je en levant mon arme dans sa direction.

"Mais.. Mais Zeinah, qu'est-ce que tu ?"

"Si tu veux te faire pardonner, c'est tout de suite. Notre mère se trouve à l'intérieur de ce camp, des femmes des pauvres femmes Brahim! Tu es peut être spectateur de tout ça mais je ne le suis pas."

Il baissa les yeux puis commença à se déshabiller. Tout en assurant que personne ne passe par la, il me tournait le dos et me permettait de me changer.
J'enfilais son uniforme, me faisant alors à présent passer pour un de ces hommes.

Avant de partir, j'agrippais la tête de mon frère et la rapprocher de la mienne.

"Je ne te jugerais jamais pour tes choix ni tes actes. Je te pardonnerais toujours, tu es mon frère. Mais ne cesse jamais de demander pardon à Dieu." dis-je en penser au rôle que j'allais devoir emprunter, un rôle qu'il a joué avant moi.

Il était à présent temps que je la retrouves. Enfin.
[...]

Je me faufilais parmi les troupes. Ici beaucoup d'hommes se connaissent entre eux, le tout était de réagir, de parler et de voir comme eux.

J'entrais dans une bâtisse que je connaissais, celle dans laquelle j'ai passé quelques jours. M'y voila enfin.
Alors que je m'apprêtais à avancer, deux hommes sortaient d'une pièce avec une des femmes.

"S'IL VOUS PLAÎT NON." criait-elle.
"BANDES DE MONSTRES"
"VOUS N'ÊTES PAS MUSULMAN! RENDEZ MOI MA FILLE"

Je restais spectatrice fasse à cette scène des plus horrible. Je retenais mes larmes de couler, de les laisser envahir mes yeux. Je savais ce qui lui attendait, le viole, la violence, un marriage forcé, se faire battre..
Ma haine grandissait pensant à ma mère, qui si je ne la trouve pas, pourrait vivre cela.

Alors qu'ils sortaient, j'apercevais un homme replié devant une grande porte. Celle du dortoir.

"Salem Aleykoum mon frère" dis-je, le ton forcé.

"Wa aleykoum salem."

"Le commandant m'a autorisé à emmener des femmes pour un frère qui demande à se marier"

"N3am." (oui)

J'en concluais que cela suffisait à ce que je puisse entrer et sélectionner celle dont j'avais besoin.

Je n'y croyais pas, c'était beaucoup trop facile.

Et j'avais raison de ne pas y croire.

"BLOQUER CHAQUE SORTIES ! AUCUN HOMMES NI FEMMES NE SORTENT. DES HOMMES CE SONT INTRODUIT."

Le son parvenait d'un "talkie walkie". L'homme à ma droite l'attrapait en me regardant les sourcils froncés.

"Tu as entendu. Le commandant ne veut aucune sortie."

"D'accord mon frère" dis-je en le regardant avancer.

Mais avant qu'il ne m'empêche de gravir la porte je l'assomais à l'aide de mon arme. Il tomba sec au sol.

"Le problème c'est que tu n'es pas mon frère."

Je n'ai que 20 secondes à présent avant qu'un homme ne vienne et découvre le spectacle.
Je prenais les clés accrochés à son pantalon et ouvri la porte.

Des centaines de femmes étaient entassés, fatigués, affamés, certaines avec des blessures, des marques sur leur maigre corps.
En me voyant, toutes ouvrirent les yeux, elles avaient peur, je le voyais, comme je me voyais à leur place, au côté de Radha.

Radha que je vis directement, assise, le dos courbé, fatigué à parler avec une jeune femme. Fatima ! J'observais le reste de la salle en espérant trouver ma mère à présent.
C'est alors que je la vis. Allongé, les deux mains replié sous sa joue.
«Oh ma tendre yemma»

Je me jetais alors auprès d'elle.

"YEMMA, YEMMA" j'explosais en larme, dévoilant mon visage, ma voix devant toutes ces femmes.

"Zei..Zeinah" dit-elle totalement fatigué, éprouvé par ce qu'elle a vécu.

Je pris son bras et l'aidait à se lever.

"Je vais te sortir de la maman. Je te le promets" dis-je en l'aidant à avancer grâce à la force qu'elle prenait en s'appuyant sur moi.

"Radha! Fatima ! TOUTES LES FEMMES. SORTEZ. RETROUVEZ VOTRE LIBERTÉ. CELLE QU'ON VOUS A VOLÉ" criais-je en quittant le plus rapidement la salle, suivis par toutes ces femmes.

Said |Point de vue|

"Si tu veux pas que je te refasse le portait, tu devrais rapidement me lâcher le bras" dis-je les mains attachés dans le dos.

"J'ai hâte de voir la tête du commandant en voyant son fils, parti il y a maintenant plusieurs temps pour être un "héros" dit-il le sourire au lèvres.

Islem, voila le nom que mon oncle lui avait donné. Il le porte tellement mal. J'ai grandis à ses côtés, il est plus vieux que moi de 2ans, il m'a formé, formé à son tour par mon "père" qu'il n'a cessé d'idolâtrer.

Si Zeinah l'apprenait... Je suis le fils de celui qui l'a sequestré, qui voulait la vendre, la marier de force.
Voila ce que j'ai tenté de fuir. Toutes ces femmes, ces hommes à qui j'ai fais du mal, influencé par mon pere, par Islem et ces hommes. Je suis pas ce batard.
Et je laisserais aucun fils de pute toucher à Zeinah.

Je jetais un coup d'œil derrière moi. Quelques secondes après avoir vu le regard souriant de Soheil ainsi que celui de Majid, mon pied se mit "accidentellement" sous ceux d'Islem.
Avant qu'il ne puisse se débattre, je me servis de ce qui servait à lié mes mains entre elles pour l'étrangler tout en le relevant. Après un coup de tête et un coup de pied dans celle ci, j'observais le massacre que les deux frères avaient fait à leur tour avec les hommes d'Islem.

"Jamais je ne serais comme mon père, je ne m'appelle plus Said Al Faleih, et jamais plus je ne porterais ce nom."
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Zeinah - Coeur battant de Syrie ©

 Zeinah - «Cœur Battant De Syrie» Where stories live. Discover now