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Alors que j'observais les deux frères, heureux de se retrouver, Soheil m'invita à reculer et les laisser parler quelques minutes.

"Je ne savais pas qu'il avait un frère" avouais-je

"Said n'étale pas vraiment sa vie, nous même ne le savons que depuis qu'il nous a expliqué le plan pour rejoindre Raqqa"

Tandis que nous restions à l'écart, une voiture arriva dans notre direction. J'observais alors les deux frères s'écartaient l'un de l'autre.
Avec précaution nous les rejoignirent.

"Chkoun? (qui)" demanda un homme armée au frère de Said.

"Ils viennent combattre à nos côtés."

Il nous examina, puis resta quelques secondes de plus à m'examiner. Said inquiet prit le contrôle sur la situation.
Il monta dans la voiture de son frère et nous invita à monter et rejoindre Raqqa.
L'homme s'en alla à son tour.

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Nous arrivons dans un repère, contrôlé par deux hommes à l'extérieur. Illyès, le frère de Said nous y fait rentrer en leur adressant quelques mots en arabe.

Nous pénétrons alors dans un sous sol, où deux hommes s'y trouvent déjà.
Après avoir passé le salem, nous nous asseyons autour d'une table au sol.

Said s'assoit à mes côtés.

"Je vous présente Malik et Kamel. Ils nous aideront à accéder dans l'un des camps créer par Daesh ces deux derniers mois. À l'intérieur des femmes s'y trouvent, elles sont pour la plupart marié et souvent sous surveillance."

"Comment dissocier les femmes consentante de celle obligée ?" demanda Majid.

"Croyez moi, retournement de cerveau ou non, elles sont à présent consciente du danger dans lequel elle se trouve."

"Et les enfants" demandais-je, en oubliant d'adopter une voix plus grave.

Tous les hommes se retournèrent vers moi.

"Illyes, tu nous ramènes un gamin qui a meme pas encore muet et tu nous demandes de faire cette opération sans se faire attraper, c'est sérieux la ?" demanda Malik.

"Il est plus agile que ce que vous pensez." répliqua Said.

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Nous étions sur des matelas, allongés, tout le monde dormait déjà mais je ne trouvais pas sommeil.
Nous devons agir demain si tout se passe bien mais je sens encore la réticence de Said à me laisser combattre. À vrai dire, je le comprends.. Je sais à peine combattre, y aller c'est du suicide. Mais je pars avant tout pour retrouver ma yemma, et y aller en pleine journée toute seule c'est beaucoup plus dangereux. Je me ferais probablement attrapé, et je pourrais dire au revoir à ma mère.

Je me levais prendre l'air vérifiant que tout le monde dormait avant de sortir par derrière.

Il faisait totalement noir et il n'y avait pas un seul bruit; sûrement à cause du couvre feu mit en place depuis l'occupation par Daesh.

Tandis que je fis face à la porte pour rentrer, celle ci s'ouvra.

"Said ?" dis-je surprise de le voir éveillé.

"Tu n'aurais jamais dû venir Zeinah."

"Said.. Je suis plus une enfant je peux.."

"Non tu peux rien, t'es une gamine, tu n'es pas un combattant. Tu crois qu'en rasant tes cheveux tu allais retrouver ta mère. On est pas dans un livre, on est dans la réalité, si tu sors tu te fais tué ou violé !"

Je recule assommé par ses paroles et me retrouves coller au mur.

"J'ai 28ans Zeinah, ce que ces hommes font aux femmes de mon pays j'y ai assisté. Comment crois tu que j'ai autant de contacts à l'intérieur du réseau ? Je faisais parti de leur clan.. Il s'arrêta quelques minutes, se passant la main dans les cheveux en faisant les cents pas, puis revint vers moi, plus proche que jamais auparavant. Meme dans mes pires cauchemars j'imagine pas l'un d'entre eux poser ses mains sur ta peau."

"Tu..Said.."

Je n'arrivais pas à parler. La révélation était beaucoup trop importante, je l'imaginais agir comme eux, comme ces montres.
Puis cela me rappela mon frère Brahim, parti combattre lui aussi à leur côté. Commet-il lui aussi ces horreurs ?

"Je ferais mieux de rejoindre les autres. Soheil va s'inquiéter si il ne me voit pas."

"Soheil.." dit-il en riant jaune.

Je le regardais sans comprendre sa réaction, me demandant alors si il n'avait pas totalement perdu la tête.

"Il te plaît hyn."

"Said arrête"

"J'ai vu ta façon de le regarder, de le prendre dans tes bras.."

"Arrête maintenant, ARRÊTE"

"QU'EST-CE QU'IL A QUE JE N'AI PAS"

"T'es malade." dis-je en secouant la tête de gauche à droite, tout en m'avançant pour partir.

"Zeinah, je t'en supplie, me laisse pas, n'agis pas comme elle."

"Elle" pensais-je

Puis avant que je ne comprenne, Illyes débarqua, probablement alerté par les cris de son frère.

"Zeinah rentre" m'avait-il dit en courant dans les bras de son frère.

Mais comment connaissait-il mon identité ? Said lui avait-il parlé de moi?
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Zeinah - Coeur battant de Syrie ©

 Zeinah - «Cœur Battant De Syrie» Où les histoires vivent. Découvrez maintenant