8-

2.7K 309 34
                                    


Le lendemain je fus réveillé par des bruits de moteurs. Tandis que Zohra semblait encore endormis, je me levais.
Je passe rapidement un coup d'eau sur mon visage et suis le bruit provenant de l'extérieur.

Une fois arrivé devant l'entrée du camp, je trouves face à moi Soheil, Majid, un homme qui m'est inconnu mais dont je me souviens avoir vu son visage au camp, et Said.

"Oh Zeinah! T'es déjà réveillé ?" dit Majid.

"T'es plutôt matinal comparé aux autres filles" poursuis Soheil.

"Je suis probablement pas totalement habitué à cette endroit ni aux BRUITS que vous produisez" dis-je en les gratifiant d'un clin d'œil.

"Vous allez ou?" repris-je en regardant ces motos et cette camionnette prêt à partir.

"Ça ne te regard pas, retournes à l'intérieur" réponds Saïd, plus froid que jamais.

Je le regard les sourcils froncés. Il s'est réveillé du mauvais pieds ou bien même de la mauvaise main celui-là ou quoi.

"Euh.. On va pas tarder Zeinah." dit Soheil en brisant la glace qui s'était formé entre Saïd et moi.

Bien décidé à ne pas baisser le regard, il le fit, démarrant sa moto et partant à tout allure. Les autres le suivirent faisant de même, mais en ayant tout de même pour Soheil et Majid, la gentillesse de me dire "à tout à l'heure".

"Quel imbecile", pensais-je avant de rentrer.

[...]

En faisant le tour du camp, je me rendais compte à quel point chaque détail était important. Il était protégé et caché de tous regards, en même temps l'endroit gardait de son charme.
Ce n'est pas énorme mais c'est assez grand pour nous accueillir, et pour qu'on y vive correctement.

Malheureusement, ce n'est pas ce dont j'ai besoin.
Ils m'ont accueilli et m'ont soigné. Ils m'ont sauvé. Je leur en serais toujours reconnaissante. Mais je refuse de m'attacher à eux, de risquer de voir de nouvelles personnes disparaître.
Je dois sauver la seule à mes yeux. Je dois etre auprès d'elle, elle qui doit tant s'inquiéter.
Je dois partir.

19h44

Je venais de disposer la nourriture sur la table quand les garçons fit leurs apparaissions autour de la table.
Nous mangions tous ensemble, comme une grande famille.

"Hm ça sent vraiment trop bon", déclara une fille du camp.

"Et oui mais c'est ma copine!", repris Zohra quelques secondes après.

Je rigolais face à sa jalousie tout en me dépêchant de terminer de disposer la nourriture sur la table.
J'étais vraiment heureuse d'avoir pu leur faire plaisir avec si peu.

"Où as tu appris à cuisiner comme ça" me demanda l'un des garçons à table.

"Oh euh.. ma mère, elle m'a tout appris. Si tu trouves ça bon, alors tu adorerais ses plats."

Nous partagions un repas simple mais l'amour réchauffait la pièce et rendait ce repas délicieux. Jusqu'à ce qu'il prenne la parole.

"Tu n'étais pas obligé de faire autant à manger. C'est difficile de trouver de la nourriture de nos jours."

Soheil lui envoya un coup absolument pas discret sous la table.

"Je voulais simplement faire plaisir, je ne savais pas comment étaient les repas avant ma venue"

"Et bien maintenant tu le sauras" dit-il avant de débarrasser son assiette et de fuir une fois encore.

Ok, ça y est. Il m'a totalement gonflé, et cela se voyait probablement à ma tête.
Face au malaise de tout le monde, je fis mine de passer l'éponge dessus et de démarrer une nouvelle conversation commune.
Monsieur est bipolaire ? Et bien il ne gâchera pas le repas pour autant.

-

"Je peux te demander un service?" demandais-je à Soheil une fois la prière de Isha terminée.

Soheil ? Il est comme un grand frère. Il l'est probablement plus que Brahim, celui qui a délaissé ma famille pour rejoindre ces meurtriers.
C'est pour quoi je suis venu vers lui ce soir. Il est le seul sur qui je peux compter, dont j'ai vraiment confiance ici avec Zohra.

Nous avions déjà eu l'occasion de parler de son passé. Comme tout le monde ici il n'a pas eu la chance de voir toute sa famille vivre et quitter cet enfer. D'origine irakienne, il a du quitté son pays sous la contrainte, laissant ses proches derrière lui.
Il était amoureux d'une femme, il se voyait faire d'elle sa femme, et la mère de ses enfants.
Décédé. Depuis il m'a avoué vouloir se venger de ces tueurs.
Il a rejoint Saïd, alors qu'il tentait de se procurer une arme.

Said lui a promit, je cite "la plus belle des vengeances", sauver celles qui reste, celles qui peuvent encore respirer et qui prient chaque minutes pour qu'on leur vienne en aide.
Il a alors pris Majid à ses côtés, et ils ont tout deux intercepté des voitures, des hommes voulant du mal à nous autres, les femmes de Syrie.

...

"Bien sur princesse, je t'écoutes"

"Apprends moi à combattre"

-

Zeinah - Coeur battant de Syrie ©

 Zeinah - «Cœur Battant De Syrie» Where stories live. Discover now