- Tu veux de la compagnie ? me demande-t-il.

- Non, profite, va retrouver tes amis si tu veux. On se retrouve tout à l'heure.

- Ça me va, répond-il en souriant.

Avant de me laisser partir, Ian redresse mon menton et m'embrasse jusqu'à en perdre haleine. Je lui rends son baiser avec une passion égale à la sienne, histoire de lui montrer mon engouement pour lui. Il me relâche après plusieurs minutes ; je dépose un doux baiser sur ses lèvres avant de tourner les talons et de me diriger vers le bar.



Evannah

Il fait vraiment très chaud dans cet appart' ! Garrett m'avait prévenu qu'il y aurait du monde, mais j'avoue que je ne m'attendais pas à cette foule amassée dans trente mètres carrés... Les étudiants sont toutefois plein de ressources : certains sont juchés sur le balcon plein à craquer, d'autres sont assis à même les escaliers, et j'en ai même aperçu un à moitié avachi sur la rambarde. Suis-je obligée de préciser que la plupart – si ce n'est la majorité – est complètement saoule ?

Les soirées étudiantes se résument à beaucoup d'alcool, d'excentricité, de drague ; mais j'ai appris à les apprécier, à cause ou grâce à ça, et à la bonne humeur, les fous-rires, ainsi que les délires qui sont présents, eux aussi, dans ces soirées.

On passe majoritairement de bons moments en soirée, mais ma devise reste de savoir en profiter et s'éclater avec modération. « Prude » diraient certains ; ouais peut-être, mais au moins je me rappelle de toutes mes soirées et je ne finis pas la tête dans la cuvette, moi... OK, c'était mesquin et gratuit. Disons juste que je fais le choix de boire raisonnablement, et de rentrer suffisamment tôt si j'ai cours le lendemain.

Garrett me tient la main et y trace des cercles lents tout en discutant football avec ses amis. Je les écoute d'une oreille distraite, ayant déjà eu le droit au couplet de Garrett sur « la prodigieuse équipe que forme les Bears » au moins une bonne centaine de fois. Je décide donc de jouer à mon jeu préféré de soirée : observer les gens autour de moi. Je passe ainsi en revue les différents protagonistes de cette assemblée, m'attardant davantage sur certains d'entre eux. Dans le coin au fond, regroupé autour d'une table et de bouteilles d'alcool, un groupe débat, avec verve et grand renfort de gestes énervés, sur la politique égyptienne concernant les ONG (il s'agit visiblement d'étudiants en fac d'Histoire ou de Sciences politiques, je suis perdue dans ce sujet de conversation).

Juste derrière moi, deux filles se disputent les faveurs d'un mec, se collant et se trémoussant devant lui, tout en faisant circuler un joint entre eux trois. En haut de l'escalier, près de la rambarde, une fille sanglote bruyamment – à n'en pas douter, ses sanglots sont accentués à cause de l'alcool – entourée par deux autres filles qui tentent de la consoler à coup de « C'est qu'un gros naze, oublie-le », « Tu mérites mieux ». J'aperçois également deux jeunes, de dos, sur la « piste de danse», visiblement en plein plan drague vu leur manière de se frotter l'un contre l'autre.

Enfin, j'écoute discrètement la discussion animée de deux mecs qui se rappellent le bizutage auquel ils ont été soumis, en première année, lors de leur entrée dans l'équipe étudiante de football. Loin de les avoir traumatisés, ils hurlent de rire en parlant de la nuit arrosée qu'ils ont passé sur un bateau, puis du lendemain matin quand tous leurs vêtements ont été volés par leurs coéquipiers, les obligeant à rentrer au campus totalement nus. Je peine à retenir un rire en entendant cette anecdote ; mon trouble ne dure qu'un instant car Garrett me ramène à la situation présente en me demandant de l'excuser une minute.

Exception - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant