fermeture du rideau ; 30.

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Une dizaines d'années, une centaine de cuites et des milliers de larmes plus tard, la bande des sept s'était retrouvée au café.

Ana-Rose était arrivée la première, un carré impeccable caressant sa mâchoire, un collier de perles lui enserrant le cou et une robe qui lui allait très bien.

Elle rencontra presqu'aussitôt Circé, qui avait laissé pousser sa longue chevelure dorée ; vêtue d'un jeans troué comme quand elle était adolescente et d'un pull de couleur vive, beaucoup moins stricte.

Roman arriva ensuite, suivi de Rémy puis de Fabien ; pour conclure, les jumeaux arrivèrent en retard d'un bon quart d'heure. Mais Gabriel n'était pas venu seul. Une jolie métisse aux longs cheveux et au sourire éclatant lui tenait la main.

« C'est fou comme vous avez pas changé, souffla Circé en regardant attentivement tout le monde.

— Sérieux ? Je pensais vraiment qu'en une nuit j'aurais pris dix ans, ironisa Roman qui fréquentait toujours la blonde.

— Les gars, désolé du retard et de pas être venu seul, mais on sort d'un rendez-vous chez le médecin et Gabrielle ne peut pas conduire.

— Sérieux, Gab, tu sors avec une Gabrielle ? Venez les gars je me trouve une Romane ! »

   Roman éclata de rire, l'air détendu. Gabrielle avait l'air un peu nerveuse, serrant son sac à main contre elle, dans ce milieu hostile.

   Gabriel ignora le regard pesant d'Ana-Rose sur lui et lança d'une voix forte :

   « En fait, on a été faire une échographie. Va-y, Gaby, sort les papiers ! »

   Il regarda Gabrielle d'un air heureux, pendant que cette dernière sortit timidement des papiers soigneusement pliés de son sac en cuir. Ana-Rose la regardait toujours avec un air strict.

   « C'est une fille ou un garçon ? s'émerveilla Circé devant les clichés de mauvaise qualité.

   — On sait pas encore, murmura Gabrielle d'une petite voix.

   — Et sinon, vous, les amours, tout ça ? demanda négligemment Gabriel.

   — Je suis marié, répondit Noé. »

   Il n'avait pas vraiment gardé de contact avec les autres, c'est pourquoi tous arborèrent un air surpris et curieux. Seul Gabriel souriait, lui qui savait déjà.

   Le jeune homme était heureux : il était mariée à la plus jolie fille qu'il ait jamais rencontrée et qui l'avait fait se réconcilier avec son frère, il allait bientôt être papa et voir Ana-Rose ne lui faisait plus aucun effet. Elle avait l'air aigrie avant l'heure.

   « Avec un mec qui vis pas ici, vous le connaissez pas. Ça va faire deux ans et on est très heureux, on est pas papas mais on envisage d'adopter-

   — Trop bien ! jubila Circé.

   — D'adopter un petit chien à la SPA, conclut Noé. Et vous ? »

   Rémy fixa Circé. Putain, elle était devenue encore plus jolie avec le temps. Il s'en était voulu de l'avoir larguée, il y avait dix ans. Elle était devenue magnifique, on aurait dit qu'elle avait le soleil entre les dents tant le monde s'illuminait quand elle souriait.

   « Je viens de me séparer de mon copain, bougonna Ana-Rose. De toute façon, l'amour, c'est pas pour moi.

   — Tu vas finir par vivre en coloc avec ta sœur, la taquina Fabien.

   — Bin, en fait, c'est déjà ça, elle squatte chez moi. D'ailleurs, Gabriel-le, ma sœur, Olympe, tu t'en souviens ? Ton ex pas vrai ? C'est marrant, comment t'avais fait la crevarde à l'époque, ce qui est encore plus marrant, c'est que tu vas avoir un gosse avec mon ex qui a été le plus gros batard que j'ai jamais rencontré. J'ai hâte de voir que votre gosse sera la pire pourriture que la Terre ai jamais porté.

Demie-teinte.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant