Chapitre 18.

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Au pied de la Statue de la Liberté, j'admire son imposante stature depuis près de vingt minutes.
Caméscope en main, je retourne de temps en temps la caméra vers Owen et moi ce qui a le don de l'agacer, et de personnellement m'amuser.

-Très bien j'en ai marre que tu fasses joujou, à mon tour. s'exclame-t-il en saisissant l'objet de sa torture.
-Hey, non !

Je tente de récupérer mon caméscope mais c'est peine perdue. Owen s'amuse à me filmer tant dis que je sautille bêtement.
Je croise finalement mes bras sur ma poitrine, vaincue.

-Allez Abby, râle pas et fais nous un défilé. propose-t-il pour me taquiner.

Je vois très bien à son expression hautaine qu'il ne pense pas une seule seconde que je le fasses, alors je décide de m'approcher un peu plus de la statue et j'enchaîne les poses, provoquant son hilarité.
Certains touristes semblent amusés, mais je finis par m'arrêter, n'assumant plus vraiment.

-Wouah, mais qui êtes-vous ? me demande Owen, surpris et bluffé.
-Appelle-moi Kim.K chéri.

Il n'en faut pas plus pour qu'il recommence à rire et je ris avec lui de bon cœur.
J'aime énormément passer ce genre de moments avec Owen, et je préférerais largement que ce soit toujours ainsi et qu'on ne soit pas obligé de tout le temps s'arracher les cheveux.

Caméra dirigée vers nous, on rigole avec le merveilleux arrière plan de la Grande Pomme et sa statue.

-Viens on fait un selfie. propose-t-il en sortant son téléphone.

Avec grand sourire, on pose puis je demande à des touristes de nous prendre en photo, malgré le refus d'Owen.
Par contrainte, il finit par accepter et alors que la petite chinoise compte en anglais avec un adorable accent, Owen enroule son bras autour de mes épaules alors que je colle ma tête à la sienne.
Je remercie la jeune asiatique puis nous décidons de nous asseoir pour contempler la vue.

-Qui aurait cru que toi et moi nous retrouverions seuls, ensembles, à fêter le nouvel an à New-York ? lâché-je en riant, me rappelant combien je le détestais il y a encore une semaine.
-Pas moi. répond-il de façon excessive. Je pouvais pas te supporter toi et ton foutu caractère de merde.
-Pardon ? T'es la personne la plus agaçante que je connaisses !
-Qu'est-ce que tu fous là avec moi alors ?

Je le toise quelques secondes du regard, alors qu'il affiche toujours son sourire amusé.

-Je devrais partir. finis-je par répondre.
-Oui vas-y.
-Je vais trouver un autre type pour me protéger.
-Oui c'est ça.
-Absolument.

Il acquiesce, un sourcil levé, comme pour me mettre au défi.
Je repère un groupe de quatre garçons pas très loin, et prenant mon courage à deux mains, je me lève.
Avec une grande inspiration je m'avance, mais à chaque pas je regrette un peu plus d'avoir osé aller vers eux.
Ils n'ont pas l'air méchant, et pourtant je n'en suis pas plus rassurée.

J'arrive à leur niveau et il me regarde étrangement.
Normal, t'es une inconnue qui débarque comme-ci de rien n'était !

-Hey ! souffle-je timidement, alors qu'il me fixe comme une extraterrestre.
-Salut ? se risque le plus grand d'entre eux.
-Vous êtes d'ici ? demande-je minablement, me frappant mentalement d'être venue jusqu'ici.
-Non, on est de Portland. Et toi ?
-Boston. je répond simplement.
-T'es là pour rendre ton copain jaloux ? s'amuse le blond.
-C'est pas mon copain. Il me croyait juste pas cap de venir vous parler.
-Ah, parce que si ton ami c'est bien celui qui étais assis là-bas, il est parti.
-Quoi ?!

Je me retourne brutalement, et effectivement il a disparu. Je sens mon cœur s'accélérer et à ce moment-là, je ne sais plus quoi faire.

-Il est parti vers où ?

Ils haussent les épaules et je me sens paniquer.
Je regarde tout autour de moi en espérant le voir mais il y a tellement de personnes que c'est presqu'impossible de l'apercevoir.
La respiration saccadée je commence à faire quelques pas, malgré que les garçons me conseillent de rester avec eux et ne pas me perdre.
Je déteste ce genre de situation et même si j'étais seule hier soir, ici ce n'est pas la même chose. J'ai l'impression qu'il m'a abandonné, et telle une enfant seule en plein centre-commercial, je suis morte de peur.

Mes yeux commencent à me piquer et je perds le groupe de quatre de vue. J'aimerais appeler Owen mais aucun son ne sort de ma bouche.

Je sens subitement une main sur mon épaule et lorsque je me retourne, c'est avec soulagement que je le vois.
Son visage se décompose lorsqu'il s'aperçoit de mes yeux humidifiés, tant dis que la pointe de mon cœur s'en va et que je peux enfin reprendre une respiration normale.

-Tu pleures ?
-T'étais où ?
-J'étais parti pisser.
-Tu pouvais pas me prévenir bordel ?

D'un geste du bras, il m'attire contre lui pour rassurer et je me laisse faire.
Le front posé contre son torse et ses bras m'entourant doucement, je n'ai bizarrement plus envie de bouger.

-Mon dieu Abby j'étais pas loin, c'est pas la peine de se mettre dans un tel état.
-Dis le gars qui voulait pas que je sois seule hier.
-J'étais pas loin. répète-t-il en insistant sur chaque syllabe.

Toujours dans la même position, je prends une grande inspiration pour me détendre. J'inhale son parfum auquel je n'avais jamais prêté attention avant, et je n'ai pas envie de bouger.
Il ne me lâche pas non plus, et j'entends un petit rire s'échapper de ses lèvres.
Je lève la tête vers lui et il fixe droit devant lui.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

D'un coup de menton il m'indique quelque chose derrière moi, mais je n'ai pas la moindre envie de me retourner.
C'est avec nonchalance que je me détache sur lui pour poser mon regard sur un groupe d'enfant, sûrement des écoliers.
Je ne comprend pas tout de suite ce qu'il y a de drôle, jusqu'à ce que je m'aperçoives que deux petites filles se tirent les cheveux, sûrement pour le garçon à côté qui essaie de les calmer.
Je ris légèrement à mon tour, amusée par la scène.

-T'as pas dû connaître ça toi, deux filles qui se battent pour toi ce n'est jamais arrivé.
-Tu te fous de moi ? s'exclame-t-il. C'est mon quotidien, sac poubelle.
-Arrête de m'appeler comme ça nom de dieu !

Il ignore mon ordre et attrape son téléphone pour vérifier l'heure. Il nous reste encore une quinzaine de minutes avant de devoir reprendre le bateau.

-Abby ? souffle-t-il alors que je profite encore des quinze minutes restantes pour admirer l'immense statue.
-Oui ?
-Tu... Tu devrais répondre à Brook.

Je lui jète un coup d'œil, désorientée.
Est-il au courant ?

-De quoi est-ce que tu parles ? lui demande-je espérant de tout cœur qu'il ne saches rien.
-Bee se faisait du soucis pour moi, parce qu'il ne voulait pas je sois seul pour nouvel an, je lui ai dis que j'étais avec toi et il a dû le dire aux autres. C'est sûrement comme ça que c'est arrivé aux oreilles de Brook et elle s'est débrouillé pour trouver mon numéro. Elle s'inquiète pour toi.
-Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

Mon ton est inconsciemment froid et sec, je n'ai nulle envie de parler de ce qui s'est passé et je ne veux pas qu'il soit au courant.

-Elle m'a racontée que tu avais eu une dispute avec tes parents, et je m'en doutais déjà. Elle ne pas dis pourquoi. Mais ça a l'air grave pour elle alors s'il te plait répond lui.

Je prend en considération ce qu'il me dit, et j'y penserais plus tard. Pour l'instant je profite.

If I trust youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant