Chapitre 1.

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Owen Walker, 02:19 am.

Le corps en sueur et le cœur battant, c'est en sursaut que je me réveille.

Je mets du temps à pouvoir retrouver une respiration calme et à sécher mes larmes qui ne cessent de couler.
Les images de cet horreur continuant à me torturer, je décide d'enfiler un sweat.
C'est accompagné d'une couverture que je sors sur mon balcon, m'allonger sur le transat.

Je m'étend doucement et sous les constellations étincelantes, je pense et repense inlassablement à cette journée.
Ce cauchemar que je vis, revis, encore et toujours, chaque jours et chaque nuit.
J'entends encore les cris dans ma tête, les pleurs et les coups, je vois encore le sang, la peur et la mort.
Je perçois encore sa voix dans ma tête, alors que je ne trouve pas l'issue de mon cauchemar.
Je pensais que je ne survivrais pas, et me voila à rêver presque chaque soir de cet enfer, me voila à ressasser au moins une fois par jour l'aube de mes huit ans.

L'atrocité de mes pensées, le vrac dans mon esprit et le trouble de ma conscience, créé un parfait contraste avec le calme de la nuit.
Les yeux rivés sur l'immensité qui me surplombe, je me laisse m'apaiser grâce à l'azur étoilé.

Mon regard tombe sur la grande ours, et c'est en suivant son alignement que je parviens à voir l'étoile polaire.
Je me revois encore assis au côté de mon père qui m'apprend les constellations, et le sens que les étoiles ont pour lui.

Je ferme les yeux et réécoute ses paroles que je n'oublierais jamais :
"Chaque étoile est importante, peu importe leur scintillement, elles le sont toutes. Elles sont uniques, belles et font de ce monde, un endroit paisible et rassurant. Elles sont ce qui m'apaise le plus, après ton sourire et celui de ta mère. Il n'y a que le sourire de la personne que tu aime le plus au monde, qui compte. Et tu sauras que c'est la personne que tu aime le plus, lorsque ses yeux, son sourire et son rire, feront que tu n'auras plus besoin des étoiles pour trouver la paix."

Après quoi, nous avions passer la nuit à contempler le ciel dégagé, et je m'étais imaginer à quoi pouvait ressembler le grand amour.

Le vent frais d'hiver apaisant mon visage brûlant de moment insupportable, je sens la fatigue me gagner à nouveau.
Je finis par m'endormir, bercé par la lune et ses fidèles acolytes.




Le bruit de la circulation de Boston me réveille doucement, et je met un moment à m'habituer à la luminosité du matin.
Les nuages gris couvrant le monotone ciel d'hiver me permettent de ne peux pas me brûler les yeux avec le soleil omniprésent.

Je pousse un soupire en frottant mon visage et me relève doucement.
J'entre dans ma cuisine décorée au détail près par ma mère, et me sers une tasse de café.
Mon téléphone sonne et le nom de ma mère s'affiche sur l'écran, où j'aperçois qu'il n'est que sept heures du matin.

Je décroche et sans y être préparé, j'entends la voix d'Henry, mon beau-père.

-Bonjour, Owen.
-Qu'est-ce tu veux ? demandais-je, sèchement.
-Je vais bien, merci de le demander.
-Dépêche toi, faut que j'aille en cours. réclamais-je, déjà agacé par le son de sa voix.
-Très bien... C'est bientôt Thanksgiving. Tes grand-parents organisent le repas, tu y es convié.
-Je ne peux pas, désolé.

Je m'apprête à raccrocher mais l'abruti à l'autre bout du fil, prend à nouveau la parole.

-Je sais que tu peux Owen, mais tu évite tout repas de famille qui inclut les Hamptons. Tu ne peux pas fuir cette famille toute ta vie. Grandi, Owen. Tu auras bientôt de grandes responsabilités, et seul un homme pourra les gérer alors ramène toi à ce repas. Ça ferait tellement plaisir à ta mère...
-T'as finis ? m'impatientais-je. Comme tu dis, je vais avoir des responsabilités, mais si je n'étudie pas, je les aurais pas du tout. Je n'ai pas envie de revenir dans les Hamptons.
-Tu n'as que cette famille, Owen. Ta famille paternelle est la seule chose que tu possède avec ta mère, ne renie pas tout.
-Je ne renie rien, Henry. Pourquoi utilise-tu le téléphone de ma mère d'abord ?
-Parce que si tu avais vu mon nom, tu n'aurais même pas répondu. Enfin bon, réfléchis à ce que je t'ai dis Owen, réfléchis-y bien.
-Bordel, qu'est ce que ça peut te foutre ? m'énervais-je. C'est pas tes affaires, et encore moins ta famille. C'est celle de mon père, c'est ses parents, son frère, son neveux. Que je sois là ou non, ça ne te regarde pas, putain.
-Sauf que maintenant, ta mère c'est ma femme, et que tu ne sois encore une fois pas là, ça la blesserait, et ça ça me regarde. Je me fiche pas mal de ton immaturité mais tu es égoïste, et je ne l'accepte pas. Tu n'es qu'un gamin, et tu as intérêt de te ramener à Thanksgiving.

Sur ses derniers mots, il raccroche.
Je sens mon sang bouillir en moi et je balance mon téléphone à terre.
S'il avait été en face de moi, ça aurait très sûrement dégénéré, et aucun de nous deux ne se serait retenu.
Il ne comprend rien à rien, il est borné et idiot.
Mes grand-parents paternels, mon oncle, mon cousin et ma mère sont les seuls membres de ma famille qui me reste, ma mère étant orpheline.
Ensuite, Henry c'est rajouté, et je l'ai toujours détesté.
Il est simplement l'être le plus détestable au monde, mais il rend ma mère heureuse. Et d'une manière ou d'une autre je lui serais toujours reconnaissant pour faire son bonheur.

Je vois alors l'écran de mon téléphone s'allumait sur le parquet, et je l'attrape au vol avant de me diriger à la salle de bain.
Une chance qu'il ne soit pas casser.

"On se rejoint tous à la pizzéria à 1:30 pm. Sois pas en retard. xxx"

Le Il Mondo Pizzeria est la pizzeria où mes amis, (Peter, Bee, Tiana) et moi nous rejoignons quasiment chaque midi. Étant non loin du lieu de travail de Bee et Tiana, et d'Harvard Médical School, il permet à Bee, Tiana et Peter de se retrouver rapidement. J'ai personnellement une vingtaine de minutes en voiture, sans embouteillage.

Je ne prend pas le temps de répondre à Tiana, et passe directement sous la douche.
J'enfile une chemise blanche basique et un jean, n'ayant pas le goût de porter le stupide uniforme de l'université, puis attrapant mon sac, j'enroule ma cravate à la va vite, ne prenant pas le temps de bien la nouer.

Je descends les étages dans l'ascenseur, et une fois dans ma voiture, je m'engage dans la circulation matinale.
Sur la route, j'ai le temps de compter le nombre de filles plutôt... Agréable à regarder, tant les bouchons s'enchaînent.
Heureusement que mon premier cours ne commence que dans... Mince, cinq minutes.

J'augmente le volume de la radio, et me retrouve à fredonner l'air de la chanson préférée de ma mère.
Un instant plus tard, j'étais garé sur le parking d'Harvard.
Ne voulant pas vraiment être en retard, quoique je me fiche pas mal de l'école, je me dirige d'un pas pressé, vers mon cours lorsque je croise un de mes professeurs dans le couloir.

-Monsieur Walker, ça m'aurait étonné de vous savoir à l'heure. plaisante-t-il.

Je souris et d'un ton légèrement arrogant je répond :

-C'est bien vous qui avez dit en début d'année, qu'il fallait se démarquer des autres pour être repérer ?
-Exact, mais ne confondez pas démarcation et égarement, monsieur Walker. Ça serait dommage.
-Effectivement, ça serait bête.
-Allez, dépêchez-vous. soupire monsieur Plezonas. Et demain je veux vous voir avec l'uniforme.
-Entendu, chef.

Je rigole légèrement et avance rapidement vers ma salle, qui se trouve à l'autre bout du couloir.

Je n'ai jamais voulu être à Harvard, je n'ai jamais aimé l'école, je n'ai jamais aimé les règles, je n'ai jamais travaillé. Et voila que je venais chaque jours dans cette université, que je séchais deux à trois fois par mois, que j'arrivais en retard minimum une fois par semaine, et surtout, que je priais pour ne pas gâcher ses années perdues, et que j'espérais pouvoir me casser d'ici au plus vite et tout plaquer.
Car après tout, si mon oncle ne payait pas fortune cette fichue école, je n'aurais pas été là. Si mon père n'avait pas étudié ici je n'aurais pas été là. Si ma mère n'espérait pas gros de moi, je n'aurais pas été là. Mais surtout, si aucun n'avait fait ça, je n'aurais jamais connu cette fille aux longs cheveux noirs et aux yeux étonnamment et constamment emplie de joie.

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