Chapitre 12 : Au plein cœur de la déchéance

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Mes doutes de la veille étaient encore présents bien que la situation ait légèrement avancé. Nina avait accepté ma demande d'amis sur Facebook, ce qui m'assurait qu'elle traînait encore dessus. Elle avait même lu mon message mais n'y avait pas répondu, m'ignorant complètement. J'avais rapidement prévenu Merle de ce peu de nouveautés, espérant qu'il aurait trouvé plus d'informations que moi, mais vainement. On avait toujours rien et cette gamine était dehors, possiblement en grand danger.

Jusqu'à là, son profil ne m'avait rien appris de plus, mis à part que les photos où elles apparaissaient provenaient toutes de fête. La plupart du temps, elle était en compagnie de personnes plus âgées, on la voyait parfois boire ou fumer, et pas que du tabac. Ces quelques photos avaient suffi pour m'inquiéter et j'avais bien plus de la retrouver. Heureusement, je réussis à intercepter quelques messages sous quelques publications et compris où elle allait se rendre ce soir. Avec Merle, la décision de s'y rendre pour la retrouver fut vite prise. Trouver toutes les informations nécessaires pour s'y rendre n'avait rien de compliqué, au contraire.

— Tu crois qu'on va réussir à la convaincre ? me demanda Merle, assez incertain tout en démarrant sa voiture.

— J'espère, lâchai-je dans un douloureux soupir. Je ne suis vraiment sûre de rien. Mais je m'en voudrais s'il lui arrive quelque chose...

— Ce ne serait pas de ta faute, tenta-t-il de me rassurer en prenant la route.

— Mais si je ne fais rien, je suis comme... complice...

— Alors je suis complice aussi de ne pas avoir réagi plus tôt et de n'avoir fait que la remballer.

— Tu n'aurais rien pu faire de plus, elle ne t'aurait pas écouté, assurai-je en jetant un bref coup d'œil à mon portable.

Je remarquai alors que je venais de recevoir un message d'un numéro inconnu, mais je compris qu'il s'agissait d'Eloise dès que je lus les premières lignes de celui-ci. Je lui répondrai plus tard, une chose à la fois.

— J'aurais pu en parler avec sa mère plutôt qu'à son père par exemple, poursuivit-il, l'air toujours aussi coupable.

— Je suis sûre que ni l'un ni l'autre ne t'aurait écouté. Cesse de t'en vouloir. Ce n'est pas de ta faute, lui rappelai-je une dernière fois.

— On sait tous que cette gamine va super mal depuis quelque temps, mais jamais personne n'a agi ! s'emporta-t-il un peu trop vivement.

Ne sachant plus quoi lui dire, je posai délicatement ma main sur son épaule et espérais le calmer un peu. Jusqu'à la fin du trajet, je restai assez silencieuse. Dans le fond, cette discussion ne nous aiderait pas à retrouver qui que ce soit. On ne ferait que reporter la faute les un sur les autres, ce qui était très inutile.

On arriva enfin face à une grande maison où une énorme fête avait lieu. La musique était assourdissante et de nombreux adolescents criaient, buvaient, couraient dans tous les sens. Ça me rappelait le genre de fêtes dans lesquelles j'avais pu me rendre quand j'étais encore au lycée. À chaque fois, la déchéance était au rendez-vous et tout le monde buvait un peu trop, prenant le risque de brusquer les parents. Mais la nostalgie n'était pas assez importante pour me faire apprécier cette fête. Merle, quant à lui, semblait désapprouver totalement celle-ci.

Sans dire un mot, on descendit de la voiture et avança vers la demeure, main dans la main. De nombreuses personnes se tournèrent vers nous. Même si on était encore assez jeune, on ne l'était pas assez pour se faire passer pour des adolescents. Néanmoins, personne ne nous intercepta lorsque l'on entra. Comme prévu, c'était un vrai désastre. Quasiment toutes les personnes ici présentes avaient bien trop bu.

Le Corbeau et la Colombe - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant