[5] MR. CUSTLER VA AUX BORDELS

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<DAUGHTER ~ Youth (média ) ? >
<RED HOT CHILI PEPPERS ~ Under the bridge ? >

heyy!
je suis TOUJOURS en retard olala.
BON : je réorganise mes chapitres (qui restent quand même indécemment longs ew) c'est donc les deux mêmes pdv que je vous propose dans les deux parties suivantes ;)

bonne lecture, je vous aimes ET BONNE FIN DE VACANCES

LUNDI 16 SEPTEMBRE

Une semaine. MAASTONE traînait derrière elle un parfum de printemps fané. Lundi et le cauchemar débutait sa lente et perfide ascension dans l'enceinte des couloirs animés de cette même détermination de début d'année. La jeune fille aux yeux douloureusement bridés convoitait leur ébats chaleureux, en silence pourtant, elle haïssait leurs rires aux revers faux et insidieux. Mais alors que le vide s'accaparait de ses yeux, son esprit, lui, portait les rouages incessants des souvenirs. L'été avait été particulièrement long et au beau milieu de l'habituel rythme de reprise, Maastone se sentait terriblement seule et exposée.

Elle n'avait ce mardi que cinq heures de cours, lui procurant un ennui mêlé de lassitude. Cinq petites heures et la vive envie de partir par la porte arrière lui échappa lorsque sorti d'une ombre derrière elle, Andrëw l'interpella d'une voix joyeuse et matinale :

"Hé Maa', je te cherchais!"

Les pourtours du front haut de la réceptionniste des paroles du jeune homme se plissèrent en une invitation muette.

"Salut Andrëw..." consentit-elle à soupirer avant d'esquisser un faible sourire.

Derrière la silhouette de son ami, la jeune fille eut le loisir d'apercevoir le feu rougeoyant d'une chevelure, dont la lumière par couches blanches dévoilait les courbes. Un garçon d'une quinzaine d'années semblait-il, peut-être un peu plus. Sur sa figure les chuchotements agacés de ses nerfs faisaient ressortir son regard fumeux et imprégné d'intérêt pour les inexpressives pupilles de la jeune fille en face de lui.

"J'te présente Harold. Il est en première 5. Harold, Maastone." décrivit Andrëw, heureux sourire à vomir sur les lèvres, jubilant de bonheur quant aux deux nouveaux compagnons, tandis que le rouquin tentait vainement de passer le vent sur son malaise évident.

Élancé maladroitement, le garçon paraissait petit et bien portant quoiqu'un peu maigre, le blanc des plages de Syros s'étalant sur sa peau comme les tâches de Maastone. Elle en esquissa un faible sourire. Sur les lèvres rosées du garçon dérivait la lumière d'emblée révélatrice ; il souriait également.

"Salut" osa-t-elle prononcer à travers ses mèches claires d'un éclat prenant.

Dans le ramassis de conneries que s'était vu prononcer Andrëw, cette dernière phrase en marquait l'apothéose :

"Notre très chère blonde platine... Enfin plutôt gris en fait..." fit-il remarquer en approchant ses orbes bleues des mèches fraîchement colorées qu'Harold jaugeait avec recul. "L'été des renouveaux aha! D'ailleurs t'as vu que c'est un nouveau." surenchérit-il presque comme une affirmation que comme une question.

Bassesse d'esprit et sourire grossier, voilà le goujat dans sa splendeur jusqu'alors dissimulée au grand public. Mais quel public. Le garçon aux cheveux de feu haussa un sourcil simplet, et Maastone se désola face à tant de balourdise.

"Ouais, j'ai vu, merci And'." déclara-t-elle les yeux décrivant des cercles au plafond blanc et illuminé de lumières toutes aussi livides.

Le brun sembla marquer un temps d'arrêt et Maastone posa son regard sur son ami. Du plus loin qu'elle se souvienne, cinq ans remplissaient les caisses de souvenirs. Il était, avec tout le naturel, un genre de compagnon dont elle ne pouvait se passer. Une typique amitié maquillée de piercings et de colorations foireuses. De longs silences et de lourds secrets. Et le fait était là ; une banale amitié impliquant les recoins de chacun d'eux-mêmes. Là ou le garçon mutin aux yeux bleutés n'était le résidus d'aucun mystère pour la jeune fille, Maastone savait pertinemment qu'il en était de même pour elle. Il savait tout et bien plus qu'elle ne pouvait elle-même espérer savoir. Mais il est des choses qu'elle aurait souhaité taire et oublier, simplement pour avoir le contentement de se dire "Je n'ai rien fait, là, ne me regarde pas avec ces yeux, ne décèle rien, il n'y a rien à voir." et vivre d'une liberté pure et sans regrets. Seulement la chose était là, elle avait vécue, elle demeurait encore et flottait dans l'air ambiant comme un voile de fumée. Happée par le temps et crispée par la fluidité des mouvements de bouches et des mots qui s'envolent dans l'insensibilité infantile des autres, elle fixait encore les contours de sa fracassante entrée en redorant les vieilles images du vieux caméscope. Inexorablement. Jusqu'à faire partie entière de l'espace de vie. Jusqu'à s'être imprégnée des habitudes et s'être incrustée dans les mouvements, ne laissant entre-voir que les remous de vapeur encore chaude émaner d'une courbure de reins ou de la faille d'un sourire.

SyroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant