[7] JEUNESSE SE PASSE

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< TIM DUP ~ Soleil noir ? >
< OLD MAN CANYON ~ Phantoms and friends (média ) ? >

L'HOMME EST CE QU'IL FAIT.
Et si HAROLD en avait été un autre, il n'aurait sûrement pas eu le tact de cet adolescent fébrile, au devant de sa fenêtre, là, à la première courbure d'une nuit parfumée d'ambre grise, de primevères et lumineuse d'un astre batifolant dans ses mèches oranges. Il n'aurait sûrement pas été celui qui fait comme il est capable de faire, les petites traces de son passage sinueux.

Il n'aurait sûrement été personne d'autre, d'ailleurs.

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MARDI 08 OCTOBRE

L'information « 1 DST » assemblée avec quelques secondes d'intervalle à cette autre ; « lundi » produisit son irascible effet le dimanche soir, vers 23h25, rapidement succédé par l'élément venant perturber ces simples constatations pour n'importe quel élève normal, nul autre que « NON RÉVISÉ ».

Véhémente réaction sous le joug d'un stress accumulé dans les mouvements désordonnés de mes phalanges sourcilières, que de crier par trois fois « Merde! ».
Véhémente et profondément inutile.

J'avais passé mon week end dans des circonstances bien moins déroutantes que mon cours de chimie, et j'avais abruptement réalisé combien le temps paraissait court à penser dans le vide. Superbe constatation de laquelle je n'avais pas tiré grand chose sinon une perte de temps importante. Et le temps m'était nécessaire autant sur l'objectif de travail que sur le vide de la pensée.

Si j'avais suivi les semaines précédentes un fil sans attaches aux courbures d'une écriture vulgairement criminelle, je n'avais en tout et pour tout qu'une page de moleskine grillée d'encre noire confondant la nuit, lorsque ma marge de temps débordait de la journée vers les 2h passées, dont les pourtours cornés ne renfermaient que deux informations potentiellement valables, vérifiables et pas trop rocambolesques pour les envisager dans le cas présent.
La première se résumait en une phrase, résultat compact d'un fait plus ou moins clair, cherchant une explication dans ses points de suspension à rallonge :

MARCUS DÉMONTE / HAIT PHIL ...

La seconde était en réalité une double affirmation, sorte d'assouplissement d'idées assimilables :

RELATION SPÉCIALE MARCUS / MAASTONE & ANDRËW

Restait à savoir quelle genre de relation spéciale liait les trois.

Presque aussi déferlante que mes trous de mémoire en sciences, ma frustration atteignait son pôle à la constatation première que je ne possédais pas même ce carnet pour en feuilleter les pages creusées d'ennui et d'encre bleutée.

Après que Mme. Villet, comme elle me l'avait vaillamment expliqué, eût procédé à la recette, au service, puis à la dégustation, en ma présence et celle de son mari des parfaites courgettes farcies, j'avais simplement revu l'ensemble de lots de questions sur leur vie et je m'étais retiré en leur souhaitant « bonne nuit » à 21h47. La matrone m'avait simplement sourit, d'un entente cordiale, sans insister, ne faisant que constater avec distance mes poches oculaires s'affaissant à mesure que les jours s'écoulaient dans ma lente agonie adolescente. Elle ne débattait, comme moi, aucun sujet de conversation précis tant par confort que par respect. Monsieur, lui, me souriait en m'insufflant des « Tu as essayé le vélo que je t'ai attaché dans le garage? » de temps à autres, autant dire, ne me disait rien. Et rien n'était plus confortable que de ne pas avoir à partager une peine dont on n'a pas la moindre connaissance de cause.

SyroseWhere stories live. Discover now