quatrième année : partie 12

72 9 0
                                    

Tout était très sombre ici... les grandes fenêtres avaient majoritairement été obstruées par de grands rideaux sombres qui semblaient couler du plafond jusque sur le plancher brun et usé. Il y avait une petite table en bois bancale devant une cheminée où un feu, la seule source de lumière ici, brûlait de tout bois, une grande vitrine remplie d'objets aussi étranges que fascinants contre le mur qui était à ma gauche et, juste derrière moi, une grande malle avec pas moins de sept cadenas... et eux, à n'en pas douter, ne devais pas s'ouvrir avec un simple Alohomora...


Mais, au moment où un bruit métallique arriva à mes oreilles, je tournai la tête vers le professeur Maugrey ; je ne voyais pas vraiment ce qu'il faisait... et depuis qu'il m'avait dit de m'asseoir sur ce petit tabouret... il n'avait pas dit un mot... et moi non plus...

J-je savais pas... quoi faire... quoi penser... je... j'arrivai même pas à garder mes yeux sur son dos... alors si c'était pour me faire la leçon...

Le silence était lourd... et la seule chose que j'arrivai encore à faire, c'était regarder les ombres danser sur les veines du bois en grattant les croûtes de mes cicatrices les plus récentes...

J'avais vraiment tout foiré... si j'avais pas été renvoyée la dernière fois... là... c'était tout vu... peut-être que Barjow me laisserait bosser au noir... ? Mais y'avait aussi le tuteur... j'avais même pas demandé qui c'était... j'étais tellement sûre qu'elle...


Soudain, une odeur prononcée de thé emplie mes narines et, quand je regardai devant moi, je vis une vieille tasse décorées avec des petites fleurs bleues de partout, sur une sous-tasse verte dépareillée tenue par une mains noueuse. Lentement, j'approchai mes deux mains et, prenant la sous-tasse de part et d'autre, je secouai la tête de haut en bas faiblement... mais je ne bus pas... je restai juste comme ça ; assise avec les jambes serrées l'une contre l'autre, le dos voûté, les épaules tombantes et les yeux rivés sur le reflet étrange de mon visage dans le liquide sombre.


Un peu plus loin devant moi, j'entendis le claquement distinctif des griffes métalliques contre le plancher puis, après une pause, le soupire fatigué d'un fauteuil éventré. Il s'était assis.... mais mes yeux ne bougeaient pas... je ne bougeais pas... je n'y arrivais pas... et ça ne servait plus à rien... plus rien... je ne servais plus à rien...


Une goutte tomba dans la tasse, puis une autre la rejoignit timidement... je baissai un peu plus la tête sur ma tasse... je voulais pas qu'on me voit comme ça... je voulais pas qu'on me prenne en pitié... je voulais pas être si... faible... j'avais pas le droit de me lamenter sur mon sort... j'avais pas le droit... 'je peux pas me le permettre !' me dis-je en serrant de plus en plus mes doigts sur la sous-tasse qui se brisa...

Mais je ne cherchai même pas à m'éloigner de la brûlure du thé... ça ne servait plus à rien... je n'avais déjà plus rien à perdre... Rogue me l'avait dit... j'avais perdu la face... ma famille... mon seul ami... ma volonté... mamie... tous... ils m'avaient tous abandonnée...


J'enfouis mon visage entre mes mains, je sentais mes mâchoires trembler et même la pression de mes mains ne suffisait pas à arrêter les larmes... elles ne faisaient que les dévier... les rediriger partiellement... mais elle finissaient toute inexorablement par me revenir... faisant ainsi naître sur ma langue un goût salé qui me répugnait...


Soudain, les claquements reprirent et, plus ils se rapprochaient, plus les hoquets qui me secouaient semblaient s'amplifier ; ils'arrêta. Et, quand une main vint se poser sur mon épaule, mes mains se refermèrent sur les quelques mèches de cheveux qui dépassaient et mes larmes redoublèrent.

La PoufsouffleWhere stories live. Discover now