• APRÈS • R •

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- " Meeko ? Abyss ? Glad ? Ou peut être...
- Mais arrête enfin ! Laisse-moi respirer ca fait 26 000 ans que tu me bombardes de prénoms aussi farfelus les uns que les autres et moi, je te dis que qu'ils ressemblent beaucoup plus à des noms de couleurs qu'à des noms de chien et puis..
- Ha je sais ! Chouchou, on l'appellera Chouchou c'est décidé
- Rox' écoute, je te ferai remarquer que tu appelles tout le monde Chouchou. Tu veux vraiment qu'on fasse le lien avec un animal ?
- Behhhh écoute Hemon si tu as mieux n'hésite pas à me le dire hein parce que moi j'en connais un qui ne fait aucun effort. On ne va pas le laisser sans identité tout de même ! "
Depuis que nous avons repris la route, mon esprit est obnubilé par le fait de trouver un nom à notre nouveau compagnon. Je ne trouve rien, en tous cas rien qui ne semble lui plaire, à aucun des deux d'ailleurs.
- " Et puis Rox', tu ne sais même pas si c'est un mâle ou une femelle
- Et bien, je reconnais que c'est un critère assez important
- Alors toi ! "
    La chaleur ne m'aide pas d'ailleurs, je suis littéralement un légume, affalée sur le siège passager qui pour mon plus grand plaisir peut s'abaisser.    
    Quand à notre chauffeur, il est étrangement calme, son imposante stature assise bien au fond de son siège et ses yeux sombres rivés vers l'horizon, vers notre premier soleil couchant.
    Nous sommes bercés par un silence des plus reposants, accompagné par le bruit ces petits sapins clichés odorants verts accrochés sur le rétroviseur et qu'on ne cesse de voir dans les films.
Nous avons renoncé à mettre la radio ou n'importe quelle musique à cause de nos trop grandes divergences. Nous nous sommes accordés que nous resterons dans cette bulle.
Notre chien sans nom se repose sur le siège arrière derrière le sien. Son museau scintille à la lumière du soleil et ses poils dorées semblent attraper sa lumière et son éclat.
- " Tu es fatiguée ?
- Un peu, pas toi ? "
C'est précisément à ce moment là que mon estomac fait un de ces bruits dont lui seul en a le secret et un sourire taquin habille alors son visage.
- " Tu veux qu'on s'arrête ? "
J'ai à peine le temps de répondre qu'il tourne et nous éloigne un peu plus de la route.
    Quelques minutes plus tard nous nous posons enfin.
    Dans un soupir qui semblait déterrer tous les secrets de la terre, je me suis laissée tomber sur l'herbe fraîche. Les longues tiges, fines et souples, me chatouillent et je me sens soudain envahir par un agréable sentiment de plénitude qui envahie un peu plus chaque partie de mon corps.
Les frissons parcourent ma peau, le long de mon dos jusqu'à mes doigts. La pression et tout le mauvais accumulé pendant si longtemps disparaissent pour un temps du moins. J'oublie en un instant qui je suis, ou je suis et ce que je fais, pourtant je me sens me retrouver avec moi-même.
    Mon subconscient repasse en boucle, comme un vieux film qu'il connaîtrait par coeur mes dernières actions et me ramène dans le tourbillon de pensées dans lequel j'étais enfermée pendant ma période.
    Les larmes me montent aux yeux et s'apprêtent à trahir ma pensée alors je souris. Un jour quelqu'un m'a dit qu'il faut sourire et qu'il faut se forcer à le faire, même quand on est triste, que c'est une arme contre la solitude et les jours gris de l'existence.
    En seulement quelques instants je me retrouve projetée vers un passé si dur, celui que je croyais pouvoir oublier que je croyais oublié.
    Mes paupières se rouvrent d'elles-même et m'offrent alors une autre vision, si différente de celle que je m'étais imaginée jusque là.
    Je me retrouve en une seconde dans un temps qui me semble si loin, inatteignable et douloureux. L'incompréhension envahie mes veines, glissant sur mon corps pour se reloger dans un coin de mon esprit, accompagnant la colère et la tristesse si bien cachée depuis.
Les larmes manquent de m'échapper et un sanglot que je ne peux retenir malgré moi paraît contenir toute la tristesse d'une vie.
    Les semaines, les mois me reviennent en tête et les sentiments, ceux qui peuvent détruire un homme fort bien bâti, ressurgissent de plus belle me faisant rater une respiration, vitale.
    Mes yeux, comme portées par un faible courant, bougent lentement, faisant des va et viens, de droite à gauche, sous mes murailles bronzés par le soleil et animaient de petites sources bleus et violettes.
    Mon corps frêle, se cale sur le souffle du vent qui agitent mes cheveux bruns dans une valse des plus captivantes.
    Ma peau réagit aux caresses des brises douces et à cet instant je ne semble ne faire qu'un avec le monde.
    Mais après la tranquillité de cette nature humaine, les cours d'eau deviennent des fleuves qui se jettent dans une mer salé et amère.
    Les perles d'eau roulent jusqu'à mon coeur, le présent me rattrape et pourtant je me sens si loin de cette réalité.
    Lors d'une de ces danses aériennes, lui, à son tour, me rejoins d'un pas léger, tout près de moi, à l'orée du bois. Ses cheveux toujours aussi rebelles, ses longs doigt perdus dans l'herbe et sa fine bouche semblant embrasser le ciel.
    Nos respirations, comme deux voix, deux instruments, deux mélodies, se mêlent l'une à l'autre intensifiant le ballet du vent.
    La chanson de mon coeur ne cesse de jouer depuis, pourtant je ne peux plus le regarder, faire semblant devient trop dur mais lorsque nous n'avons ne serait ce qu'un contact les barrières tombent, les armes se déposent et moi, je cède.
    D'un geste furtif, la concert s'arrête, le spectacle est lèvé, la magie terminée.
    La lutte est trop intense et pour l'instant mieux vaut agir au jour le jour et lorsque le moment viendra, nous le saurons.
Je me redresse si lentement, aidée du souffle de vent, mes appendices se mêlent à mes cheveux et je peux sentir les quelques herbes agrippés à eux, suspendues à la vie par un simple fil, littéralement.
La tristesse m'empoigne mais comme je l'ai appris, je glisse comme du sable, je me faufile, je serpente pour ne pas me faire attraper par ce sentiment que je connais si bien.
La douleur est présente, je ne peux pas le nier mais après notre voyage la fin des cours approchent à grands pas, l'heure de se séparer ne tardera plus, les changements de directions se feront bientôt et j'ai tout simplement peur de rester sur le quai, seule, abandonnée encore une fois, par lui.
La boule de poils sur patte accourt vers moi, avec une telle élégance et je ne tarde pas à lui donner les caresses et l'attention qu'il réclame et à ce moment, comme une bougie, je renais, pas plus fière ni plus forte comme le serait un phénix mais je suis de nouveau là, présente.
Les idées noires sont parties et la priorité de passer une bonne soirée refait alors surface.
Les yeux de ce petit chien scintillent d'une malice presque inconnu des hommes, il est symbole de joie et d'une harmonie sans fin.
- " Spark
- Qu'est ce qu'il y a Rox' ?
- Spark, on va l'appeler Spark
- Étincelle.. Ça me va, bonne idée "
En un sourire de sa part et nous reprenons notre relation là où nous l'avions laissé.
D'un coup rapide, il nous a été facile de voir que nous n'avions déjà plus de provisions pour ce soir, peut-être en partie ma faute, je n'ai fait que prendre des bonbons et des gâteaux, les sandwichs sont vite passés à la trappe dans mon esprit et lui ne m'a pour une fois pas surveillé et s'est simplement contenté de payer.
- " Et bien je crois que nous devons faire une seconde escale, pas très loin il y a un autre village que nous pouvons visiter
- C'est parti alors ! "
Spark saute dans le van version " top cool " en un temps record et nous ne tardons pas à le suivre.
Le trajet fut court et heureusement car nos estomacs entamaient une cacophonie des plus insupportables.
La nuit est tombée depuis un moment et les millions d'étoiles parsemées dans le ciel nous regardent semblables aux lumières décorant les perrons de ces géants qui veillent sur nous de leur pieds d'estale, maîtres protecteurs de notre espèce.
L'air est doux et l'atmosphère est réchauffée par la convivialité de nos hôtes.
Une fête bat son plein ici, sans doute une festivité locale.
- " Quelle chance on a ! Toutes ces décorations, c'est magnifique "
Il est autant émerveillé que moi je crois. Sa tête bouge comme une de ces figurines articulées, ne sachant que regarder en premier.
Des stands de nourritures, de souvenirs faits-mains, de bijoux, tous sont disposés à la suite, c'est un petit marché semblable à ceux de mon enfance.
Les lumignons nous éclairent d'une divine clarté et animent les places et les rues d'une vie qui leur ai propre.
Tous les volets sont ouverts et les gens penchés à leurs fenêtres, admirent le spectacle d'un œil admiratif.
Les restaurants ne devraient pas fermer avant des heures et les bars ne cessent d'accueillir de nouveaux visiteurs.
L'été n'a pas encore pointé le bout de son nez mais ici, c'est bien une autre histoire, l'humeur des vacances est au rendez vous. Tout le monde a revêtu ses plus beaux vêtements, les enfants courent les mains brandissantes et s'agitant dans toutes les directions.
Les dégustations gratuites ne sont apparemment pas rares ici, chaque fruits goûtés est meilleur que le précédent, le nougat collant encore entre mes dents et les multiples chocolats sentant sur mes mains.
C'est sur qu'il n'y a pas foule mais dans ce genre de circonstances on peut bien ressentir l'unité de cette ville, ce n'est pas le nombre de personnes qui montrent la solidarité des gens mais bien l'amour que chacun a apporté avec soi et c'est cet amour qui est le plus important, l'amour que l'on porte à son prochain, à ses enfants, à ses parents, à ses amis et aux gens que l'on ne connaît pas encore.
Mon regard se dirige automatiquement vers lui, les guirlandes se reflètent dans ses yeux, une lueur de magie dans un coin et les néons des magasins tatouent sa peau brunie par le soleil.
Une attraction inconnue nous retient l'un l'autre nous permettant par chance de ne pas nous perdre dans cette masse, Spark à nos côtés mènent le pas et apparemment nous a adopté autant que nous et s'assure à chaque foulée que nous sommes bien encore présent.
Je sens quelqu'un m'attraper doucement, d'une main plutôt hésitante mon bras découvert et je reconnais instantanément qui cherche à attirer mon attention. Je me laisse faire lui prêtant une confiance aveugle.
Il me dirige vers un des seuls bancs encore libre en cette douce soirée d'Avril.
A l'unisson nous nous asseyons sur le dossier les pieds posés sur la banquette et le dernier membre de notre trio nous rejoins en quelques secondes et se pose naturellement, comme une vieille habitude entre nous deux la tête délicatement appuyés sur ses genoux et la patte remuant au son de la musique, frappant la mesure tout en frôlant mon mollet.
Nous faisons pleinement parti du décor, le sourire des habitants s'est imprégné sur nous, et leur envie de vivre encore plus.
N'importe qui, qui par hasard nous verrait, et prendrait le temps de s'intéresser à des inconnus se dirait :
- " Voila deux jeunes gens à l'allure sympathique accompagnés d'un beau chien au poil long et blanc ".
Pourtant ce n'est pas ce que je vois moi.
Nous sommes deux âmes, enfin trois âmes, trois aventuriers, bercés sur un bateau de songes à l'armure de corail et aux pagaies ailées chacun à la recherche de sa boîte de Pandore et le temps, ce voleur, lui-même ne pourra nous arrêter.
Quand à nous, nous sommes enchaînés l'un à l'autre par le destin, lui à moi et moi à lui et honnêtement je suis suis reconnaissante en cette force mystique quelle qu'elle soit de nous avoir fait nous retrouver, tous les deux, ensemble.

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⏰ Last updated: Aug 19, 2017 ⏰

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