- " Bim ! Dans ta face Hemon ! "
Je n'en reviens pas. Elle a dû tricher. C'est toujours moi qui gagnait avant.
- " Et bien tu boudes ?! "
C'est impossible. Elle a des dons de voyance.
C'est lorsque je reçois une énorme tape sur la tête que je reviens à la vie.
Cette folle vient de me battre à pierre-feuille-ciseaux le jeu le plus banal du monde, mais ce n'est pas tout, elle m'a littéralement écrasé en 25 manches. Vous vous rendez compte ?!
À chaque fois nous nous sommes mis d'accord sur un pallier mais nous avions toujours égalité, finalement c'est lorsque que je suis sûr de moi avec ma feuille, elle me sort un ciseau et évidemment accompagné de son horrible sourire de sorcière.
Actuellement, mes yeux saignent et mes oreilles également. Elle danse et chante à tue-tête pendant que je suis encore sous le choque de sa réussite la main encore levée, celle-ci essayant pathétiquement de ressembler à une feuille mais comme cette feuille, je me sentais bête et peu convaincant.
Ma fierté vient d'en prendre un sacré coup, mais le pire dans tout ça, c'est que ce n'est pas qu'une simple partie de jeu d'enfants. Vous croyez vraiment que 25 manches de papier-ciseau c'est normal pour des adolescents de 17 ans, enfin de 16 et 17 ans.
De qui vient et d'où sort cette idée me demanderez-vous et bien c'est de notre chère Roxanne Sumpter ici présente.
Plus simplement, après s'être reposés et séchés sur un banc en bois, nous nous sommes rappelés qu'il fallait bien nourrir nos estomacs affamés.
Tout d'abord, le choix du restaurant a causé certains problèmes, puis la table et enfin comme si ce n'était pas suffisant, mais je devais m'y attendre, est survenu le problème de l'addition.
L'addition en elle-même n'était pas le problème mais c'était bien sûr qui allait la payer !
Elle m'a d'abord regardé croyant que je céderais à ses yeux doux, puis j'ai à mon tour tenté ma chance en lui lançant un sourire en coin, rien, elle n'a pas bronché et mon égaux s'est senti encore offensé.
J'ai ensuite commencé à me lever prétextant avoir une envie pressante mais elle m'a tout de suite rattrapé par le bras et m'a catégoriquement obligé à me rassoir sachant pertinemment ce que je comptais faire.
Ma main posée sur mon cœur et mon faux reniflement ne l'ont pas attendrie pour un sous.
À vrai dire, je comptais exactement faire ce qu'elle croyait que j'allais faire, c'est à dire que je lui avais déjà fait le coup une fois pour rigoler mais j'étais tout de même retourné auprès d'elle. Juste à temps pour la voir commencer à s'énerver et à crier partout à quel point elle allait me le faire payer et c'est le cas de le dire.
Finalement, tout ça à fini en gamineries, digne de nous et voilà que je viens de perdre contre une enfant, qui s'agite un peu trop à mon goût, fruit de sa récente victoire.
Dis-donc, elle n'a pas du en connaître souvent pour être dans d'un tel état.
Je me retrouve donc au comptoir pour régler la note, sans oublier de lui lancer au passage quelques commentaires sarcastiques auxquels elle m'a d'ailleurs répondu par un mouvement de main.
Le sien était une sorte de coup de vent, toujours de sa main droite qu'elle agitait environ trois fois de suite, ce qui signifiait tout bonnement que j'étais un crétin et qu'elle se fichait de ce que je pouvais raconter.
Je ne suis pas très observateur mais cette habitude là m'avait marqué car elle ne le faisait qu'à moi et assez fréquemment d'ailleurs, donc j'en ai finalement conclu cette signification dont je suis assez fier par ailleurs.
- " Allez Hemon dépêche-toi un peu il faut qu'on aille à une station service ! "
Apparemment elle s'est déjà remise de son excitation et reprend assez rapidement et un peu trop vite même je dois dire, son côté sérieux.
L'homme me tend ma facture et je lui souris bien qu'au fond de moi je bouillonne mais je n'en oublie pas moins les bonnes manières et je le salue poliment de la main.
Nous marchons une centaine de mètres, en s'arrêtant au moins une bonne dizaine de fois à cause de mademoiselle qui voulait selon elle " prendre en photo tout ce qu'elle voit pour être sûre de ne rien oublier " je lui avais donc répliqué qu'elle devrait s'en rappeler grâce à un organe qui je ne suis pas sûr, doit normalement exister chez elle.
Le soleil brûle si fort que j'ai l'impression que tout est en train de mourir. Je me sens littéralement fondre sous cette chaleur écrasante.
Les rares personnes assez folles pour être encore dehors en pleine après-midi sont soit accoudées à un comptoir de bar, en train de siroter une boisson fraîche ou en train de déguster un de ces desserts glacés dont je raffole tout particulièrement. Puis, il y a nous, enfin moi et l'agitée du bocal qui n'arrête pas de mitrailler la ville avec son portable. Je me sens un peu courge, c'est censé être moi le photographe, mais mon appareil est resté dans le van, erreur de débutant.
Je suis offusqué des photos que la brune nous sort, elles sont pour la plupart floues ou mal cadrées et je ne manque pas de le lui faire remarquer.
- " Mais on s'en fiche banane ! De toute manière tu dois sûrement avoir installé Photoshop sur ton ordinateur portable. Tous les photographes font ca nan ?
- Tu sais que ca me blesse profondément ce que tu viens de me dire Rox'
- Tans pis pour toi. Excuse-moi si la vie ne t'a pas donné autant de talent ! "
J'éclate de rire mais pas à sa remarque plutôt à son contexte. Elle ne s'est pas gentillement arrêtée pour prendre une photo, non, elle est à moitié allongée sur les pavés d'une rue déserte, aggripée d'une main à un réverbère et de l'autre tenant son appareil.
De vous à moi, on ne juge pas les artistes, on est de la même famille n'est ce pas, mais là c'est beaucoup trop pour moi.
- " Pourquoi tu glousses ?
- Je ne glousse pas, je me moque carrément de toi tu veux dire !
- Je ne vois vraiment pas pourquoi, je ne suis donc pas la parfaite photographe ?
- Tu pourrais l'être, mais franchement Rox' une marguerite ? Pourquoi est-ce que tu photographies une marguerite ?
- Tu ne comprends vraiment rien à l'art. Pff. Je laisse mon côté poétique s'exprimer. Veux tu.
- C'est bon chef, je m'incline. "
C'est sur cette note que nous dirigeons vers un point de ravitaillement, une sorte de petite supérette.
Je me dirige, comme le ferait tout enfant normalement constitué sur cette terre,vers le rayon bonbons et gâteaux. J'ai à peine le temps d'attraper un paquet de biscuits qu'elle me crie déjà que nous sommes en retard.
Je la vois de l'autre côté de la baie vitrée, une bouteille d'eau à la main, me faisant d'immenses gestes de moulins à vents pour attirer mon attention.
Je ne fuis pas son regard assassin et dévoile un grand sourire, ce fameux sourire qui je sais, a toujours eu le don de l'énerver.
À peine fusse sorti qu'elle me tire de toute ses forces vers le pick-up. Elle attrape tous mes paquets et les fourre dans le coffre alors que celui-ci est déjà bien assez rempli à mon goût.
Nous grimpons, littéralement jusqu'à nos places à cause des trop nombreuses affaires entassées à l'intérieur et de tout ce que nous avons mangé.
C'est juste au moment où je tourne la clé qu'elle pousse un cri d'affolement.
- " J'ai oublié ma carte ! "
J'ai à peine le temps de lui sortir deux mots qu'elle est déjà partie.
J'hésite à l'abandonner ici mais je suis sûr que bientôt nous verrons " Polter Hemon " sur l'une des pierres tombales qui se trouvent non loin de cette place.
Une dizaine de minutes plus tard, je l'aperçois au loin avec quelque chose entre les mains. Je devine par moi-même que ce ne peut pas être sa carte d'identité.
L'impatience, l'un de mes plus gros défaut, m'entraîne en dehors de la voiture et j'avance à grandes enjambées vers elle, mais je me stoppe dès que je comprends ce qu'elle tient entre ces bras.
Elle me fixe alors d'un air apeuré et triste.
- " Non... Ne me dis pas que...
- Mais il était tout seul ! Il m'a suivi quand je suis retourné au restaurant. Regarde il n'a même pas de collier. "
Elle cherche entre ses doigts le moindre signe de propriété autour du coup de l'animal.
- " Je t'en supplieeee ! J'ai même demandé aux personnes aux alentours, à aucun d'eux il ne leur appartenait et il était là depuis déjà quelques jours "
Je n'essaye même pas de négocier, que ma réponse soit oui ou non, il viendra avec nous. J'hausse donc les épaules et souffle un bon coup avant de retourner vers la place du conducteur que j'occupais il y a quelques instants.
Tous les trois enfin embarqués, nous disons au revoir. Le paysage défile devant nos yeux comme un vieux film que l'on regarderait au drive-in de Conroe. Ces petits moments rares de la vie arrivent toujours à point nommé, lorsque, la plupart du temps j'ai besoin de me recentrer sur moi-même.
Je ne pourrai vous dire pourquoi j'ai fait cela. Je ne saurais vous dire comment nous en sommes arrivés là. Pourtant je ressens quelque chose, j'en suis sûr.
Depuis tout ce temps ces sentiments sont toujours là, bien ancrés en moi pour toujours. Si seulement elle, pouvait comprendre. Si seulement je, pouvais me comprendre.
La terre est une étrange planète mais ses habitants le sont encore plus. L'homme a de trop grands projets pour aussi peu de temps et un si petit monde.
Chacun pense ce qu'il veut, mais personne ne peut renier ce qu'il est vraiment même si cela a un prix.
Tandis que je la regardais, j'ai pensé à quel point je devais la garder dans ma vie, bien qu'elle, ne le veuille plus.
Les sentiments sont la faiblesse de l'homme et je suis en train de me faire submerger par eux. Pour elle...
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Une VIE Crescendo
TienerfictieCoachella ? Qui ne connaît pas Coachella le meilleur festival de musiques du monde ! La musique électronique, le hip-hop et le rock alternatif tout ça, tout le monde en rêve, sauf peut-être... elle. Quelques tickets de tombola vendus et la voilà ave...
