- "A droite ! Mais j'ai dit à droite gros nigaud ! Ecoute-moi un peu bon sang !"
Cela fait à peine quelques minutes que nous sommes partis que monsieur n'en fait déjà qu'à sa tête !
Pourquoi ai-je passé autant de temps à étudier chaque routes et à apprendre par cœur chaque air d'autoroute ! Vous pouvez me le dire ?! Parce que d'après moi, lui n'est pas du tout au courant.
Nous sommes en retard et je commence vraiment à avoir chaud.
Comme je l'avais prévu, les embouteillages sont de la partie en ce beau mois d'avril. Pourtant nous sommes en pleine période scolaire, il ne devrait pas y avoir autant de gens.
- "Mais qu'est-ce que tu fais !"
Il feint de ne pas m'entendre alors qu'il n'a ni écouteurs ni problèmes d'oreilles. Quel mauvais menteur il n'a même pas d'alibi qui puisse tenir la route.
De son point de vue nous avons largement le temps d'arriver mais de mon point de vue... Vous savez très bien mon point de vue ! Il faudrait presque que nous ne nous arrêtions pas ce soir pour rattraper notre retard !
Décidément, je voyage avec le garçon le moins organisé du monde et le plus tête en l'air. Son t-shirt gris nous le prouve bien, il est trempé par ses cheveux encore mouillés. Il a du se lever en retard, se laver en quatrième vitesse et faire sa valise en prenant tout et n'importe quoi présents dans sa chambre. Il est tellement prévisible.
Alors que je me plaignais de l'incompétence dont il faisait preuve, il tourna, si brusquement que toutes mes affaires furent projetées un peu partout dans la voiture.
Bien sûr, pendant ce mouvement de brute, un cri perçant se fit entendre. C'était le mien, évidemment.
J'étais à présent dans une position des plus atypiques. Mes bras et jambes en araignée et mes lunettes de soleil retenue uniquement par quelques mèches de mes cheveux bruns, celles qui ont échappé à mon contrôle.
Sans mentir, on devait ressentir ma peur à dix milles kilomètres.
Reprenant mes esprits, mon regard, droit dans le rétroviseur je me rends compte à quel point ma posture est étrange.
D'un bond je ramasse tout ce qui est tombé, éparpillé comme des miettes de pains, et de quelques mouvements de mains je refais ma coiffure en état et lisse mes vêtements pour me rendre de nouveau présentable. Enfin en tous cas du mieux que je peux pour une fille, déboussolée dans une voiture "Peace & Love".
Avec cette mésaventure, j'ai failli oublier avec qui je partageais cette voiture. Dans mes souvenirs il ne conduisait pas comme ça. C'était plus... tranquille on va dire.
J'essaye donc de reprendre ma zen attitude innée que la vie m'avait sans doute reprise à cet instant.
Grande gamine que je suis, d'un raclement de gorge qui sonnait étrangement faux, j'essaye de faire comme si rien ne s'était passé. Ma réaction était légèrement exagérée, je pris pour qu'il n'ait rien remarqué.
Au beau milieu de ce champ de bataille, je prends mon téléphone faisant mine de regarder mes messages. Quand à lui, lui, il rit de moi. Sa bonne humeur et son côté taquin qui ressortaient, emportèrent toutes les rancunes du passé.
Je fis semblant d'être en colère contre lui mais les bords de mes lèvres me trahissaient et je l'accompagnais dans cet élan de bonheur. Je fus dès lors, emportée dans un tourbillon de bonne humeur et... ce rire... son rire... celui que je n'avais pas entendu depuis longtemps me rappela de douloureux souvenirs.
- "Pourquoi tu me regardes comme ça ?"
Je reviens à la réalité et je suis prise d'une immense honte, mais je mens malgré moi pour essayer de me sortir de cette situation.
- "De quoi ? Je ne te regardais pas. Qu'est ce que tu racontes."
- C'est à cause de mon charme irrésistible. Allez dis le Rox'.
- Dans tes rêves peut-être ! Concentre-toi sur la route plutôt que de dire n'importe quoi."
Je vois bien à son air moqueur qu'il n'est aucunement convaincu par mes paroles. Moi qui croyais être une bonne menteuse !
Cela fait maintenant un peu plus de 2 heures que nous sommes partis. Mon ventre gargouille mais je ne dis rien, nous sommes vraiment, vraiment, en retard par rapport au programme.
J'ai bien dû mettre une ou deux barres de céréales dans mon sac à dos. Ça fera l'affaire.
Nous sommes en plein désert, seuls. Heureusement que nous avons échappés à la vague de circulation, quelques kilomètres plus tôt.
L'atmosphère est détendue et c'est plutôt agréable. L'air est toujours chaud, mais mes peines et mes préoccupations refroidissent toutes températures ambiantes.
Il ne parle pas, je ne parle pas mais je sais parfaitement bien que pour tout deux c'est la rébellion dans nos têtes. Nous réfléchissons à propos de... Nous.
Il y a tant de questions que j'aimerais lui poser mais avant je devrais lui demander: pourquoi ?!
J'ai envie de le faire mais je suis lâche, tellement lâche. Je lui en veux de tout mon cœur mais j'ai peur que lui demander clairement ce qu'il pense me fera encore pus de mal que ce qu'il n'a déjà causé en moi.
Cette fois je me contenterai de me taire. Bon choix ma chère Roxanne.
Mes yeux se ferment, tout doucement. Je ne me débats pas quand Morphée demande ma main.
Laissons le temps et la vie, maîtres de tous futurs...
- "Rox' ? Rox' ? ROXANNE !"
- HAAAAAA !"
Ce guignol à les larmes aux yeux. Il ne sait que se moquer de moi ou quoi?
- " Tu as intérêt à avoir une bonne raison de m'avoir réveillé comme ça !
- Tu m'étonneras toujours toi ! Il est midi passé il serait temps de manger non ?
- Sérieusement ? Tu me réveilles pour manger ! Je te jure que je vais t'étrangler !
- Si tu y tiens Rox' mais avant laisse moi me nourrir ! Je t'en supplie.
- Pas question nous sommes assez en retard comme ça.
- Allez madame rochon ! Je sais que tu as aussi faim que moi. Ton ventre gargouillait pendant ton sommeil. "
Tout à coup je vois dans ses yeux que mes joues rougissent, je suis sûre qu'elles sont déjà peintes d'une jolie couleur cramoisie.
- " Je te connais Rox' tu sais. Pour une fois laisse ta fierté de côté et avoue que j'ai raison. "
Il me fait les yeux doux, et ses lèvres tremblent comme le ferait celles d'un enfant qui supplierait son parent.
Il a gagné, comme toujours. Je cède et accepte d'un hochement de tête, sans dire un mot. Un sourire de vainqueur illumine son visage et à la première sortie, nous tournons.
Nous nous dirigeons alors vers l'absence de calme et de sérénité pour moi mais vers la nourriture et la civilisation pour lui. Nous sommes de parfaits opposés. C'est d'ailleurs pour cela qu'au début, personne n'y a cru...
Les restaurants ne font apparemment pas la fierté de cette petite ville. Il n'y en a aucun depuis notre arrivée. Nous harpentons les rues à pieds, ayant laissés notre van "top cool" garé sur un petit parking près du panneau de "Bienvenue".
Chaque personne que nous croisons aurait pu croire que nous sommes un : "PJPCA" autrement dit, un "parfait jeune petit couple américain".
Nous avons passé bien 10 min à nous chamailler et à nous taquiner à cause d'une histoire de cacahuètes, trouvées au fond de son sac.
Après s'être arrêtés, il est venu m'ouvrir la portière chose que j'ai déjà trouvée très étrange venant de sa part. Puis le temps que je prenne mes affaires, il s'est approché de moi, avec ce même sourire scotché au visage et ses mains derrière le dos.
Il m'a regardé de ses beaux yeux dorées à la lumière du jour, captant ainsi, si facilement, toute mon attention. Il me sembla qu'à ce moment précis, il n'y avait plus que lui et moi face à l'univers.
Bien qu'il était à l'origine de ce merveilleux songe, il y mit fin en me lançant ses satanées cacahuètes périmées au visage. S'en est suivies courses poursuites à travers le pèle-mêle de la ville, cris de joie et cette unique et inégalable complicité que nous avions autrefois.
Par un inattendu retournement de situation le paquet de nourriture s'est retrouvé entres mes mains et c'était moi qui lui courais après.
Grâce à ses talents de sportif il me devançait de beaucoup. Il a profité de son avance pour se rafraîchir à la fontaine sur la place principale. Il a plongé sa tête dans l'eau et m'a regardée, attendant cette réaction de ma part. Je l'ai observé puis je lui ai souri de toutes mes dents pour finalement éclater de rire.
J'aimerais ne jamais revenir. Je ne demande pas que ce voyage dure éternellement. Je souhaite simplement que ce moment dure toujours. Dans ce lieu de traditions, mystérieux, à la fois fascinant et lui et moi riant à tout rompre.
Nous sommes tous les deux biens ancrés dans le présent. Il redevient celui que j'ai connu, même plus, et moi je me sens envahir d'un sentiment que je ne me rappelais pas avoir auparavant connu...
Je me sens de nouveau vivante.
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Une VIE Crescendo
Teen FictionCoachella ? Qui ne connaît pas Coachella le meilleur festival de musiques du monde ! La musique électronique, le hip-hop et le rock alternatif tout ça, tout le monde en rêve, sauf peut-être... elle. Quelques tickets de tombola vendus et la voilà ave...
