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Mélanie

¤ Je courais dans cette forêt depuis un bon moment déjà. Je distinguais à peine ce qui pouvait s'apparenter au tronc de ces dits arbres tellement il faisait sombre. Il m'était impossible de savoir précisément où j'étais, pourquoi, comment j'étais arrivé là et surtout qui me courais après. La seule chose dont je pouvais être sûr c'était bien le danger imminent et sûrement mortel qui se rapprochait dans l'ombre. J'étais effrayée. C'était le seul sentiment qui était en moi à ce moment précis. Mes cheveux foncés volaient autour de moi, me bloquant parfois la vue. Je ne devais m'arrêter sous aucun prétexte, il me rattraperait sinon. Qui ? Je ne sais pas, mais il veut ma mort, j'en suis désormais persuadée.

Je l'entends alors très proche de moi. Je suis perdue. C'est la fin et je le sais très bien. Je le sais et pourtant un infime espoir, une voix douce au fond de moi me murmure de repartir et de me battre. Cependant, son intervention est tellement lointaine et basse que je peine à comprendre ce qu'il dit. C'est inutile. L'ombre me confirme cette pensée quand je me retrouve à terre et que je me fais poignarder à de me multiples reprises. La douleur est là sans vraiment l'être.

La dernière chose que je vois est un beau visage entouré de cheveux blonds ondulants légèrement. Je ne peux fixer que ses lèvres qui bougent. Il me dit quelque chose d'important. Je dois le comprendre ! Il m'est pourtant impossible de l'entendre avant ma mort. ¤

Je me réveillais en sursaut avec le bruit de mon réveil comme compagnon. Je l'éteignis comme je pouvais et me recouchais, toujours paniquée par mon cauchemar. Mon bras plié et mon coude sur mon front, je repensais à lui en soufflant bruyamment la bouche ouverte et en fixant mon plafond blanc. Se faire tuer, même en rêve, n'était certainement pas mon activité favorite et elle ne la deviendrait pour rien au monde. Nan, si quelqu'un devait mettre fin à mes jours ça serait moi.

Je me levais doucement. Ma tête me faisait atrocement souffrir et un goût métallique avait emplis ma bouche, comme souvent le matin lors de mes réveils difficiles. Je ne saignais pas pourtant, c'était psychosomatique d'après mon très chère médecin traitant qui ne me prends pas au sérieux. Je vais tellement souvent chez lui avec toujours différents symptômes qu'il se met à penser que j'invente tout pour sécher les cours ou pire : que je fais exprès de tomber malade. Pacque oui, c'est bien connu, prendre des tonnes de cachets, de sachets, de vitamines et d'antibiotiques font partis des passions de la plus part des collégiens.

Je jetais un coup d'œil à l'heure sur mon téléphone et me maudissais intérieurement pour ne pas m'être levée plus tôt. Si je ne me dépêchais pas je serais en retard alors que je reprenais les cours après deux semaines d'absences. Ma mère a prié mon docteur de me mettre en arrêt maladie le temps que je récupère de mes insomnies. Je passais plus de temps à me battre contre le sommeil en cours qu'à me concentrer. Mes notes ont chuté, des pertes de mémoire et des troubles de la concentration sont apparus ainsi que de très gros sauts d'humeur. Je peux passer d'une joie intense à une énorme colère ou à une tristesse infinie en quelques minutes. Il me suffit juste d'une remarque, d'une pensée ou même d'un regard pour que tout dérape en moi. Ma mère s'inquiète, le peu de proches qu'il me reste subissent et moi je fais mine de n'en avoir rien à faire.

Mes écouteurs dans les oreilles, je marche rapidement jusqu'au collège où je passe ma dernière année. C'est un petit établissement privé et catholique où je me fais rejeter par pas mal de filles parce que je ne suis pas aussi riches qu'elles. C'est triste, injuste et cliché mais c'est malheureusement vrai. De toute façon je n'ai pas besoin d'elles. Ces filles ne m'intéressent pas pour de multiples raisons comme leurs sujets de conversations. Qui est ce que ça intéresse la téléréalité et les cheveux de Valéria, une fille de ma classe, qui passe subitement du noir corbeau au jaune feutre ? Pas moi en tout cas.

Face CachéeWhere stories live. Discover now