Sur la ligne : une romance olympique

Chapitre 32 : Jessica

Aaron est agenouillé devant moi et me raconte son histoire. Si j'ai entendu plusieurs personnes en parler comme d'un scandale, je réalise que quoi que soit la suite, il s'agit de quelque chose qui l'a fait souffrir.

Tout à coup je ressens ce besoin viscéral de le protéger. Cela pourrait sembler ridicule, avec sa carrure il paraît indestructible. Pourtant je suis capable d'aller au-delà de cette première impression, et je vois un homme qui a souffert.

- Tu peux tout me dire, l'encouragé-je

Je ressers un peu mes mains dans les siennes. Son regard se rive au mien et il a l'air mélancolique. Je comprends qu'il a peur que je prenne la fuite.

- Je ne bouge pas, ajouté-je.

Je ne suis pas sûre d'être capable de tout encaisser mais je dois au moins essayer.

- Sarah a fait une conférence de presse une semaine après la première, reprend-il.

- Oui...

- Elle a réaffirmé que j'étais le père de son enfant, mais elle a ajouté que je l'avais violée...

Sa voix se brise sur la fin, et il ferme les yeux comme pour échapper à ma réaction.

- Pardon ?

Je suis sous le choc.
Aaron rouvre les yeux et me fixe avec une lueur de désespoir.

- Je te jure que ce n'est pas vrai. Je suis loin d'être un saint, mais jamais je ne forcerais une femme. Elle était bien consentente.

- Je te crois, réponds-je simplement.

Aaron cligne des yeux, il a l'air surpris par ma déclaration.
Je caresse sa joue

- Écoute,  je sais que l'on ne se connaît pas depuis longtemps toi et moi, mais au fond de moi je suis consciente qu'il est impossible que tu ais fait cela.

- Tu me crois, répète-t-il heberlué.

- Oui, je te crois. Tu pensais vraiment que tu allais me raconter ça et que j'allais prendre mes jambes à mon cou et décamper sans demander d'explications ?

- Je ne sais pas, tu sais les gens autour de moi ont eu des réactions surprenantes parfois. Ce n'est pas forcément mal, cette histoire m'a permis de voir quels étaient mes vrais amis. Mais cela n'a pas toujours été facile à encaisser.

- Comment a réagi ta famille ?

- Heureusement qu'ils étaient là. Ils n'ont pas cru un seul mot de tout ça et m'ont beaucoup soutenu. Beverly ma petite soeur a sauté dans le premier avion et aurait été capable d'aller arracher les yeux de Sarah à mains nues si je ne l'en avais pas empêchée.

- Je l'aime déjà ta petite soeur.

Au moment où je prononce ces paroles j'ai un pincement au coeur, il est fort probable que je ne la rencontre jamais. Nous vivons sur deux continents différents, autant dire que notre relation a autant de chance de survivre à ces jeux que la reine d'abandonner ses chapeaux ridicules.

- je suis sûr que vous allez très bien vous entendre.

J'ai envie de le croire. Je ne veux pas penser à notre séparation maintenant, alors je lui demande.

- Mais si Sarah a proféré de telles accusations, tu n'as pas été inquiété ?

Il s'assoit à côté de moi sur le lit et me tire contre lui. Sa main repose sur mon ventre qu'il caresse distraitement.

- J'ai dû stopper la compétition. Comme tu t'en doutes je ne pouvais pas faire deux pas sans une horde de journalistes à mes trousses. Sans parler des gens qui se sont mis à me haïr sans même me laisser la possibilité de m'expliquer. Je suis rentré aux États-Unis avec Beverly et à mon arrivée la police m'attendait. Les heures qui ont suivi ont été parmi les plus humiliantes de ma vie. Tu as beau te savoir innocent, essayer de convaincre les autres de la même chose ce n'est pas facile. Surtout quand des personnes bien intentionnées te mettent des bâtons dans les roues.

- C'est à dire?

- Plusieurs personnes nous ont vu ensemble à la soirée et du coup en ont tiré les conclusions qu'ils souhaitaient.

- Mais pourquoi faire ça?

Aaron hausse les épaules.

- J'en sais rien. Par stupidité, par jalousie, une bonne opportunité d'évincer un concurrent des championnats, voir de toutes les compétitions.

Il dépose un baiser sur ma tempe comme si l'histoire qu'il me racontait était sans conséquence.

Une question me brûle les lèvres et je mets quelques instants avant de lui poser. Je profite de ce silence agréable entre nous.

- Est-ce que tu as été inculpé ? Il va y avoir un procès. 

Aaron soupire et déclare :

- Non, il n'y aura pas de procès. Sarah a retiré sa plainte. 

- Tout ce battage pour qu'au final elle laisse tomber ! Je ne comprends pas ? Pourquoi a-t-elle fait cela ? Est-ce qu'elle a retiré sa plainte avant ou après avoir fait la fausse couche ? 

- C'était quelques jours avant, j'ai réussi à la convaincre de la retirer et dans la foulée j'ai demandé un test de paternité. Elle avait beau avoir menti à tout le monde, s'il y avait une possibilité que je sois le père de son enfant, je voulais le savoir. Je n'allais pas l'abandonner. Au final, je ne saurais jamais s'il  y a vraiment eu un enfant ou pas, et s'il était de moi. 

- Je ne veux pas remettre sa parole en doute, mais la fausse couche me semble bien opportune au moment où justement tu demandes des preuves... 

- C'est ce que je me suis dis également, mais on ne le saura jamais. 

Je me tourne vers lui et lui demande ?

- Si Sarah avait été enceinte de toi, tu aurais reconnu l'enfant ? 

- Oui. J'aurais essayé de faire partie de sa vie, et j'aurais insisté pour suivre la grossesse de Sarah. Tu sais même si ça m'étais un peu tombé dessus au moment où je m'y attendais le moins, et pas forcement de la façon dont j'ai envisagé avoir des enfants, en l'espace de quelques jours je m'étais fait à l'idée que j'allais peut-être devenir père. Du coup, cela a été un peu difficile d'encaisser qu'il n'y ait pas de bébé au final. 

Ses yeux m'indique que ses paroles sont sincères, et cela me confirme que l'homme que j'ai face à moi est quelqu'un qui a des valeurs et qui ne se dérobe pas face à l'adversité. Du coup, je lui dis : 

- Tu es un homme bien Aaron Baxter. 

Il me fixe un instant, puis son regard me fuit. 

- C'est là que tu te trompes Jessica. Je ne suis pas aussi honnête que tu sembles le croire. 

- Tu étais prêt à assumer ta paternité, même si la mère de ton enfant a essayé de te traîner dans la boue. Crois-moi d'autres n'auraient pas eu la même réaction. 

- Jess, si Sarah a renoncé à me poursuivre c'est parce que je l'ai payée.