Chapitre 10 : Jessica

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La soirée est passée comme un éclair.

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut être, et l'espace de quelques heures j'ai tout oublié : la compétition, les entraînements, la tromperie de mon petit-ami, et le fait que je n'ai toujours pas eu de conversation avec lui depuis ce jour-là.

Et là sur le pas de la porte de mon appartement pour ces jeux, je suis face à Aaron Baxter. Je ne le connaissais même pas il y a quelques heures, et pourtant les choses semblent si faciles. Je sens que je peux parler de tout avec lui, il me met en confiance. Je devrais me méfier, la dernière fois que j'ai lâché prise avec un homme, on voit quel résultat cela a donné.

Je mentirais si je réfutais qu'il me plait. Énormément. Comme certainement la moitié de gent féminine de cette planète qui est au courant de son existence. Ses yeux verts forêt sont rivés sur moi, et je lis dans leur intensité que je ne le laisse pas indifférent. J'ai envie de m'approcher de lui, de sentir sa chaleur contre la mienne, de glisser mes bras autour de son cou, et plonger mes mains dans ses cheveux blonds. Sont-ils doux comme ils en ont l'air ? J'ai envie qu'il m'embrasse, de voir si le toucher de ses lèvres est aussi velouté qu'il semble l'être.

Je sais que c'est mal, je ne suis pas officiellement célibataire. Pas tant que Dean et moi nous n'aurons pas parlé. Je regrette de ne pas avoir eu cette discussion avant de partir, car même si je ne l'ai peut-être pas réalisé avant ce soir, il n'y a pas d'autre issue à cette histoire.

Tout à coup, la porte contre laquelle je suis appuyée se dérobe derrière moi, et je perds l'équilibre.

Je n'ai pas le temps de réaliser ce qui m'arrive, que déjà, Aaron m'a rattrapée. Mes mains se sont par réflexe, agrippées à ses biceps.

Pour votre information, il a de très jolis, et de très séduisants biceps. Peut-on qualifier un biceps de séduisant ?

- Ça va ? me demande-t-il.

- Oui merci, chuchoté-je.

Mon cerveau est complètement court-circuité, la proximité d'Aaron, son odeur, son touché, me rendent pantelante comme après une course. Je me redresse cependant, à contrecœur, bien consciente que nous ne sommes pas seuls.

La blondeur d'Emily agresse le coin de mon œil.

- Oh Aaron ! Quelle bonne surprise ! s'exclame-t-elle comme si elle venait de retrouver son meilleur ami qu'elle avait cru mort dans un naufrage.

- Emily, lui répond-il d'un ton plat ne laissant aucune indication sur le fait qu'il soit heureux ou non de la voir.

Donc ils se connaissent...

- Quel heureux hasard de te trouver sur la pas de ma porte, entre je t'en prie. Je suis contente que tu sois venu me voir, ajoute-t-elle sur un ton plus mielleux et que je trouve plein de sous-entendus.

- En fait, je ramenais Jessica, dit-il froidement.

Emily écarquille les yeux et se tourne vers moi comme si elle avait oublié ma présence. Elle me scanne de la tête aux pieds, et son sourire enjôleur disparaît au profit de l'expression constipée qu'elle affiche lorsqu'elle est contrariée.

- Je vois, dit-elle alors que ces yeux me lancent des éclairs.

Le fait que je porte les vêtements qui ne sont pas les miens, et surtout pas ceux avec lesquels je suis partie n'a pas dû lui échapper. Et je sais déjà quelles conclusions elle est en train d'en tirer.

- Je vais vous laisser, annonce Aaron et la déception m'envahit si bien, que je ne sais quoi lui dire pour grappiller quelques minutes de plus avec lui.

Je n'arrive pas à lire son expression, et j'en suis profondément déçue. On dirait qu'il a verrouillé toute émotion.

- Bonne nuit, dis-je doucement.

- Bonne nuit, répond-il machinalement en s'éloignant.

Je ne veux pas rester sur le pas de la porte à le regarder partir en direction de l'ascenseur comme une pauvre fille déçue, alors je rentre, ne jetant pas un seul regard à celle qui a gâché notre fin de soirée. 

Sur la ligne : une romance olympiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant