Chapitre 29 : Jessica

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Aaron prend ma main et je le suis sans protester. Bien au contraire, je suis ravie qu'il ait proposé que l'on se voie seuls. Mon cœur bat à 100 à l'heure comme avant une course.

Je vois quelques flashs crépiter, Aaron accélère. Je dois presque courir pour le suivre, mais je ne proteste pas. Je sais que si les journalistes nous encerclent, s'en est fini de notre tranquillité. Malheureusement, j'ai bien peur qu'il ne soit déjà trop tard. J'avais oublié qu'Aaron est si connu. Sans aucun doute les articles sur nous fleuriront dès demain. J'ai juste à espérer que le Coach ne lise pas trop la presse people, sinon il ne va plus me lâcher.

Un taxi est à l'arrêt le long du trottoir. Aaron ouvre la portière et me fait signe de m'y engouffrer. Sa mâchoire est crispée, je suppose que lui aussi est agacé par les journalistes. Certains l'appellent par son prénom, et j'entends déjà leurs questions indiscrètes :

— Aaron qui est la jeune femme à votre bras ?

— Aaron, vous n'êtes arrivés que deuxième aux séries, avez-vous une baisse de forme ?

— Aaron...

Je n'entends pas la suite car il claque violemment la portière derrière lui. Il grommèle l'adresse du bâtiment à l'attention du chauffeur.

Son comportement a changé du tout au tout. Il est tendu. Son regard est fixé sur l'horizon et il est distant. On dirait qu'un mur s'est érigé entre nous. Je me demande si c'est la seule présence des journalistes qui le rend comme cela. Il devrait avoir l'habitude non ? Est-ce que c'est une question qu'on lui a posé qui le dérange ? Ou est-ce que tout simplement ils ont abordé son arrivée en seconde position ?

Au bout de quinze minutes de ce traitement de silence, j'en ai assez. J'ai même essayé de saisir sa main, il l'a brusquement retirée. Je me racle la gorge et Aaron sursaute. On dirait qu'il avait presque oublié ma présence. Nous approchons de mon bâtiment. J'indique donc au chauffeur :

— Arrêtez-vous ici je vais descendre.

Il ne faut que quelques secondes au taxi pour s'exécuter.

Je saute du véhicule et claque la portière pour ne pas qu'il me suive. Je me dirige d'un pas vif vers l'entrée de l'immeuble.

— Jess ! Attends !

Je fais mine de ne pas l'entendre, je continue et m'engouffre dans le hall. J'appuie sur le bouton de l'ascenseur qui par un heureux hasard s'ouvre immédiatement. Je rentre et presse le bouton de mon étage, et sur celui pour refermer la porte.

— Jess !

Aaron se faufile entre les deux battants de métal avant qu'ils ne soient clos.

Il halète et ses yeux verts sont tellement foncés que l'on dirait qu'ils sont presque noirs. Je recule vers le fond de l'ascenseur et il m'emprisonne en posant ses bras de part et d'autre de mon visage contre la paroi.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? demande-t-il sur un ton qui me laisse comprendre que je ferai mieux de répondre immédiatement.

— Qu'est-ce qui m'arrive ? éructé-je. C'est plutôt à toi qu'il faudrait poser la question ? Tu t'es refermé comme une huitre en quelques secondes, et tu as fait comme si je n'existais​ plus ! Je me suis dit qu'il n'était pas nécessaire que je reste, ajouté-je pour le défier.

Si c'est possible, ses yeux s'assombrissent encore. Son regard se pose sur mes lèvres, et je déglutis difficilement.

— Excuse-moi, chuchote-t-il à mon oreille.

Le son de sa voix rauque me déclenche un frisson.

Doucement, il m'embrasse. Ses lèvres se posent à peine sur les miennes, comme si elles aussi voulaient se faire pardonner. Mais dès qu'elles ont touché les miennes, que j'oublie la raison de ma colère. Je tends les bras pour les nouer autour de sa taille et le tirer vers moi. J'intensifie notre baiser, mais déjà le « ding » annonçant l'arrivée à mon étage résonne. Aaron émet un grognement, se détache de moi, et se saisit de ma main. Nous sortons dans le couloir désert.

Nous n'avons pas fait deux mètres en direction de mon appartement qu'il me plaque contre le mur. Il m'embrasse cette fois-ci sans aucune retenue. Sa langue se faufile vers la mienne et s'en empare sans demander son reste. Mes mains se glissent sur sa nuque, jouant avec le bout de ses cheveux. Il n'y a pas un centimètre de libre entre nous, son corps ferme est collé contre le mien. Ses mains posées sur ma taille s'introduisent sous mon t-shirt. La pulpe de ses doigts contre ma peau nue m'électrise en je gémis doucement. J'ai vaguement conscience que nous sommes dans un lieu où il pourrait y avoir du monde, mais je n'ai pas le courage de le repousser. C'est finalement lui qui me susurre à l'oreille :

— Je crois que ce couloir a un rôle important dans notre histoire, mais je pense qu'il serait plus judicieux que l'on aille dans un endroit plus...

— Privé, complété-je.

— Oui c'est ça, sourit-il. Je n'ai pas très envie de savoir quelle est la politique brésilienne en matière d'attentat à la pudeur.

Je sors la clé de ma poche d'une main, et prends la sienne dans l'autre.

Nous pénétrons dans l'appartement et à peine la porte refermée. Aaron procède à nouveau à un placage en règle.

— Même si j'adore le fait que tu as envie de te retrouver avec moi contre une surface plane, je pense qu'il serait mieux qu'on évite mon salon. Mes colocs peuvent rentrer à tout moment.

J'ai la sensation de casser un peu l'ambiance, mais je ne souhaite pas me retrouver nez à nez avec une des filles dans une situation compromettante. Même si pour le moment, nous ne faisons que nous embrasser.

— Viens.

Je lui fais signe de me suivre dans la chambre, en le tirant par la main. Nous passons la porte qu'Aaron referme derrière nous du pied. Je tombe sur le lit et le tire dans mon sillage. Il sourit. Son air préoccupé de tout à l'heure a complètement disparu. Il s'allonge au-dessus de moi, son poids reposant sur ses avant-bras pour ne pas m'écraser. Son regard vert émeraude me scrute et mon cœur accélère.  

Sur la ligne : une romance olympiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant