Pèlerinage dans le passé ...

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Les vivres et de l'encens en main, je m'en vais vers le Sphinx où je vois Taoh me chercher du regard ... Sans me voir au milieu de la foule. Je pourrais m'en aller, fuir et le laisser là, seul avec ses chevaux... Mais non, j'ai toujours appréciée le jeune prince, même ... un peu trop parfois je crois, mais il a tout de même le droit, malgré les ignominies de sa mère, la reine, de connaître la vérité. J'éprouve de la pitié pour son âme si candide et bercée d'illusions.

J'arrive enfin derrière le Sphinx et m'approche lentement de Taoh, sans faire de bruit. Arrivée à sa hauteur je lâche:

"- J'ai pris de l'encens, jeune prince d'Egypte !

- *Taoh se retourne surpris* Ah, euh je désespérais de te voir revenir ...

- ... Voici les vivres, prenez en pour mettre sur votre cheval, nous devons nous partager le poids de tout cet attirail sinon aucun cheval ne supportera seul un tel chargement.

- Oui, je vois *Dit-il en s'exécutant sans dire mot*

- Dans ce cas... Allons y ?

- Allons y jeune Hyendra... *Dit Taoh en esquissant un léger rictus*

- Il vous faudra me suivre jeune prince, me faire confiance ... Sans cela il m'est impossible de vous conter l'histoire.

- L'histoire ?

- Oui ...

- Ton histoire ? *Dit-il curieusement*

- Notre histoire ... *Dis-je en regardant au loin le désert des 4 Vents se dessiner devant nous*

- Et je te fais confiance, depuis toujours... *Lâche Taoh en faisant partir son cheval au trot*

- Ah... euh *Il est déjà trop loin pour m'entendre tandis que j'appuie sur mes étriers pour faire avancer le mien en douceur*

- Il fait frais maintenant *Dit Taoh en se retournant pour me voir*

- Je sais *Dis-je en prenant deux grandes couvertures colorées et en les donnant à Taoh*

- Tu as pris de quoi nous réchauffer ? *Dit-il surpris*

- Oui, vous ne connaissez pas ce désert cher prince ?

- Taoh ...

- Pardon ?

- Appelle moi Taoh *Dit-il alors que mon cheval est côte à côte du sien*

- Euh, je ne sais si j'oserais un pareil langage envers vous ...

- S'il te plaît !

- D'accord mais ne m'en veuillez pas si je vous vouvoie par inadvertance ... *Dis-je en esquissant un maigre sourire*

- Merci en tout cas *Il met une couverture sur ses épaules*

- *Je fais un signe de tête en guise d'acquiescement*".

Nous entamons, lentement mais sûrement notre petit voyage et j'espère conter l'histoire de nos vie avec le plus de tact possible.

Alors que nous avançons et que la nuit tombe je m'arrête.

"- Que se passe t'il ? *Dit Taoh surpris et venant à hauteur de mon cheval avec le sien*

- L'histoire commence ici *Dis-je en regardant le cimetière en face de moi*

- Dans ce cas... Veux-tu me guider *Dit Taoh avec beaucoup de douceur, sans doute sent-il que ce lieu m'évoque beaucoup de nostalgie et de tristesse*

- ... Entrons.

- Je te suis. *Dit Taoh*".

Nous nettoyons nos mains dans le chaudron avalé par la pierre et le lierre qui contient l'eau bénite des Dieux. Puis j'avance en marchant lentement pour sentir le sol chaud d'une nuit glaciale.

Je m'arrête devant la petite pyramide de ma douce et aimée mère, Oséis. Taoh s'abaisse et s'agenouille à mes côtés au pied de la petite pyramide en me regardant.

Au bout de quelques minutes de silence, et alors que je n'arrive pas à prononcer un seul mot pour briser celui-ci, Taoh finit par dire:

"- Qui est-ce ? Si je puis me permettre ? *Dit-il avec beaucoup d'humilité*

- Hum euh ... Ma mère ... *Dis-je sans quitter les yeux du nom inscrit dans la pierre de taille de ma mère Oséis*

- Puis-je ? *Demanda Taoh en demandant l'autorisation de poser sa main sur la pyramide*

- J'accepte *Dis-je simplement, en effet seul les descendants du défunt peuvent poser leurs deux mains sur la pyramide pour en ressentir les effets au plus profond de leur corps, quand aux "invités" si l'on peut les appeler ainsi, ils ne peuvent poser qu'une seule main afin de ne ressentir que les effluves du défunt*

- ... *Taoh ne dit mot et ferme les yeux à son tour en posant légèrement sa main sur la pyramide ensablée de tous côtés*".

Après de longues heures de recueillement, nous finissons nos prières respectives et nous en allons en re-nettoyant nos mains ainsi que nos bras avec l'eau du chaudron couvert de lierre avant de quitter ce lieu saint.

Il y a une histoire sur ce chaudron, d'après les oracles des contrées les plus lointaines au sud de l'Egypte, quiconque emporterai le chaudron au-delà des murs du cimetière où il est installé, le voleur sera puni par les Dieux et maudit sur 50 générations.

Nous nous installons Taoh et moi et posons notre tente dans un coin rocheux non loin du cimetière des 4 Vents où les hauts murs nous protègent légèrement des tempêtes de sable violentes du soir.

Pendant que Taoh monte la tente en toile beige, je fais un feu avec des brindilles de bois ainsi que des morceaux de tissus achetés aux mendiants qui vendent des guenilles et chiffons afin d'obtenir l'Aumône.

Ces morceaux de tissus étant sales et usagés brûlent facilement et très longtemps ...

Et c'est ainsi que Taoh et moi, enroulés dans deux couvertures chacun, nous réchauffons au coin du feu en mangeant des morceaux de pains trempés dans une pâte de caramel et de beurre chaud. Je profite de ce moment pour allumer un bâton d'encens à la lavande et j'en tend un à Taoh pour qu'il en allume un s'il le souhaite. C'est très important pour les Égyptiens d'allumer leur encens eux-mêmes, c'est une forme d'indépendance et de respect des décisions d'autrui...

La nuit tombe jusqu'à devenir noire et glaciale et c'est au coin du feu que Taoh s'endort alors que je m'en vais dans le cimetière où je m'assois auprès de la pyramide de maman pour me reposer ...

Je tente de me reposer et de me ressourcer, car demain, la route sera longue et ma gorge séchera tant j'ai de choses à raconter ...

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Chronique de Hyendra : Il Était Une Fois au CaireWhere stories live. Discover now