Gabriel a déconné; 10.

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   Il me fit passer une grande caisse comme celles du marché, en bois rêche. À l'intérieur, un faux nid fabriqué aux bons soins de Victoire, la petite amie de Roman, des oiseaux obèses tricotés et des bonnets adaptés aux oiseaux.

   « C'est quoi ce bordel, mec, regarde on dirait le prof d'histoire ! m'amusais-je en faisant s'asseoir un oiseau bleu sur ma paume.

   — Je sais pas, c'est Victoire qui a voulu faire ça. Votre pote c'est vraiment un canard.

   — Non. Il a juste pas d'idées pour ses photos, il prend tout ce qui vient, même les délires vegan de Vic. »

   Je plaçais avec soin les oiseaux et leurs bonnets dans le nid avant de caler celui-ci contre une branche.

   « Et toi, demanda Fabien d'un ton posé, tu as de l'inspiration pour tes poèmes ?

   — J'écris pas de poèmes, mec, niais-je en laissant chuter la caisse en bois.

   — Noé me l'a dit, arrête.

   — Ça date, c'est des brouillons ratés et moches, concluais-je en me laissant tomber du haut de ma branche. »

   Je me frottais les mains pendant que Fabien me fixait.

   « T'as plus d'inspiration. T'es comme Roman.

   — Mon ambition c'est pas d'écrire des poèmes ! protestais-je. Roman veut être un photographe connu, il a du talent. Je crois en lui.

   — Rosie ça va être ta muse, Gab ? »

   Je secouais négativement la tête.

   « Oublie les poèmes, mec, vraiment, je déteste ça. »

   J'avais surtout aucun talent.

   « BON ! gueula Roman. Vous êtes mignons mais les pizzas vont refroidir, vous allez manger froid ! Après on fera les photos. »

Pendant le repas, Roman nous expliqua que Victoire allait nous rejoindre dans l'après-midi, et qu'il voulait dénoncer quelque chose, raconter une histoire au travers de ses photographies.

« Les oiseaux sont une métaphore des SDF, exposa Roman en mordant dans sa pizza. Ils restent au froid, sans personne pour les aider, et une personne arrive pour leur donner des bonnets et des conneries, ce genre de truc. J'hésite à faire mourir un oiseau.

— Vu l'apparence de tes oiseaux, on pensera juste qu'il aura trop mangé et fera une petite sieste digestive.

— Très bien, Gab, la prochaine fois, je penserais à toi dans ce genre de projet, répondit Roman, piqué au vif. »

Noé lui demanda de se calmer avant de me jeter un regard assassin, qui voulait simplement dire : mec, c'est un projet sérieux pour Roman, évite tes remarques.

Notre repas terminé, Roman se dirigea vers l'arbre et constata un premier problème.

« Je vais devoir monter. Sauf que j'ai le vertige.

— T'es pas chiant comme mec, toi.

— GAB FERME LA ! cria Roman. Noé, va prendre les photos. S'il te plaît.

Demie-teinte.Where stories live. Discover now