Cinquième partition

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Nam Joon n'a jamais pensé qu'un jour il se retrouverait dans cette situation. Assit sur un siège en plastique froid et désagréable, il attend les mains liées. Il attend en essayant de rester calme. Il est inquiet et aimerait avoir des réponses rapidement. Il aurait aimé que le pianiste soit plus direct et lui avouer ses problèmes de santé mais c'était demander l'impossible. Le petit est bien trop fier et honteux d'être tant malade mais l'étudiant aurait préféré tout savoir rapidement que découvrir la réalité ce matin. Il se doutait qu'il avait des problèmes de coordination, une santé un peu fragile et des troubles mais ne pensait pas que ça pouvait être dangereux à ce point. Que tout peut changer brutalement. Pour être honnête avec lui-même, Nam n'a jamais su prendre conscience de ce genre de situation. Depuis petit il vit dans une bulle, protégé par ses parents. Cela ne veut pas dire que cette bulle est chaleureuse pour lui, non, mais il échappe aux moments tragiques, ne peux qu'observer de loin les problèmes des autres sans pouvoir les aider à cause de son paternel qui lui répète souvent d'être égoïste et de penser à ses études avant tout. Il n'a jamais dit à ses parents qu'il aidait le pianiste pour ne pas avoir de problème. Le soir il étudie les cours manqués et travaille jusqu'à tard dans la nuit. Il n'est pas gêné par la masse de devoirs mais ça le fatigue beaucoup. C'est un petit génie mais il se pousse toujours à aller plus loin toujours plonger dans ses lectures. Pourtant aux côtés de YoonGi il s'est aperçu que tout ne pouvait pas s'apprendre dans les livres. Peut-être qu'au fond lui non plus ne comprend pas un seul mot quand il lit certains passages se donnant l'illusion d'avoir saisi les pensées de l'auteur et ses sentiments. Le délégué soupire longuement et essaye de reprendre le fil de ses réflexions.

Ce matin il est arrivé au lycée. Il est passé dans la salle des professeurs pour avoir les consignes du jour. C'est à ce moment qu'on lui a annoncé qu'aujourd'hui il irait en classe jusqu'à la fin de la journée. Curieux, il a demandé des explications. On lui a répondu que le pianiste était parti cette nuit en urgence à l'hôpital. Il a pris froid, sa fièvre a rapidement monté et son aîné n'a pas pris de risque. Tout peut devenir grave avec YoonGi. Il est aussi fragile qu'un enfant. Nam Joon a quitté la salle en marchant lentement pour ne pas éveiller les soupçons avant de se mettre en route pour aller voir le petit. Il a pensé pendant tout le trajet que c'était de sa faute. Il n'aurait pas dû le faire sortir régulièrement dehors. Il s'en veut et aimerait se faire pardonner.

YoonGi ouvre lentement les yeux. Son crâne lui fait affreusement mal et son corps lui semble si lourd. Tout est blanc. Il met un certain temps avant de comprendre où il est. La panique l'envahie. Il est seul dans une chambre d'hôpital qui est fermée. D'habitude la porte est entre-ouverte au moins. Sans réfléchir, il sort de son lit et pose ses deux pieds sur le sol mais ses jambes ne le tiennent pas. A peine deux pas et il tombe. Malgré tout il se force à se relever pour fuir de cet endroit. Après quelques chutes il pousse la porte et s'échappe dans le couloir se tenant au mur en regardant tout autour de lui. Il cherche son grand frère. Ses yeux s'écarquillent en voyant Nam Joon, assit. Il veut courir vers lui mais des vertiges le prennent soudainement. Il l'observe pendant un temps, perdu. Soudain une voix grave se fait entendre. Le petit sursaute et tourne la tête. C'est le médecin ou celui qu'il compare souvent à un monstre parce qu'il en a beaucoup trop peur.

« YoonGi, retourne dans ta chambre. Tu vas reprendre froid. »

Le pianiste refuse. L'étudiant sort enfin de ses pensées, déconcentré par le bruit et aperçoit sa fragile créature. Rapidement il se lève et l'enveloppe dans ses bras sans même réfléchir à ses gestes. Il le protège. Timidement YoonGi passe ses bras autour de lui et agrippe sa veste. Ça y est, Nam Joon est là. Il va le soutenir pour marcher, le garder près de lui et faire attention. Sa chaleur est toujours aussi agréable et douce. Son corps se détend tandis que ses yeux se ferment lentement pour profiter. Maintenant tout ira bien. Il sait qu'en attendant son aîné il peut compter sur son ami. Il n'avait jamais eu envie d'avoir quelqu'un dans ses bras avant lui, c'est étrange mais il apprécie. Il n'écoute pas la discussion tendue entre le médecin et l'étudiant, il ne veut pas. On le soulève délicatement puis le délégué entre dans la chambre pour le poser sur son lit. Il se doute que ce ne doit pas être évident pour le petit de subir l'hôpital au quotidien. Au moment de se redresser, le pianiste passe ses bras autour de sa nuque et l'empêche de bouger.

𝑳𝒆 𝒑𝒊𝒂𝒏𝒊𝒔𝒕𝒆. 𝑵𝒂𝒎𝒈𝒊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant