Chapitre 29

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Au lycée, le prénom de Ryan était bien évidement sur toutes les lèvres. Chacun se permettant de donner son avis sur l'affaire. Certains le défendaient becs et ongles et d'autres l'accusait, le pensant fou à lier.

J'espérais éviter toutes ces discussions mais c'était apparemment impossible. Je n'entendais plus que ça dans les vestiaires, dans les salles de classe, dans le réfectoire, dans les couloirs et même dans les toilettes.

J'en avais assez.

Mes amis n'étaient pas en reste. Ils évitaient bien évidemment de prononcer quoi que ce soit à ce sujet mais leur silence était pesant et ils mesuraient chacuns de leurs propos. Rachel me fixait avec insistance.

-       Quoi ? finis-je par demander avec exaspération.

Je rangeai mes livres dans mon casier et mon amie était adossée au sien, la tête tournée vers moi depuis un bon moment. Elle se pinçait les lèvres et continuait de me dévisager. En me voyant soupirer, elle se décida enfin à me confier :

-       J'ai des nouvelles sur l'enquête, m'annonça-t-elle la voix tendue en lançant des regards de tous les côtés pour vérifier que nous étions bien seules aux alentours.

Je refermai bruyamment la porte de mon casier et pivotai vers elle.

-       Alors ? chuchotai-je.

-       La police est perplexe. Mon père ne sait pas ce qu'il va pouvoir annoncer aux médias.

Elle fit une courte pause, en alerte, mais voyant que j'attendais la suite, elle poursuivit en approchant sa bouche de mon oreille :

-       Frank West est mort avant les coups de couteau.

-       Quoi ? criai-je.

-       Chut ! me pria mon amie.

Paniquée, Rachel écarquilla les yeux avant de regarder autour de nous. Il y avait dans le couloir un groupe d'élèves qui était dans ma cours d'espagnol ; cependant, ils étaient bien trop loin pour entendre quoi que ce soit.

-       Mais...mais alors, qu'est-ce qu'il s'est passé à ton avis ? balbutiai-je.

-       Aucune idée. Il ne s'agit pas d'un suicide. C'est peu probable qu'il se soit empoisonné lui-même puis ait, comme par magie, ressuscité pour s'entailler le ventre.

-       Effectivement, soufflai-je.

-       C'est étrange... ajouta-elle la mine songeuse.

J'aimais beaucoup son froncement de sourcils lorsqu'elle utilisait sa matière grise. J'avais envie de lui donner un chapeau melon, des moustaches et une canne.

-       Cela ressemble à une mort naturelle mais pourtant il était en bonne santé. Et puis... supposons qu'il soit bel et bien mort naturellement, pourquoi est-ce quelqu'un l'aurait poignardé post-mortem ?

-       Que pense ton père ?

Elle fit la grimace.

-       Il pense que Franck West a été empoisonné mais la police ne recevra les analyses du laboratoire que dans plusieurs semaines. Mais il se demande pourquoi le meurtrier a prit le temps d'attendre que le père de Ryan décède avant de lui infliger des coups de couteaux. Etait-ce un règlement de compte ? C'est insensé...

Effectivement, c'était insensé. Qui aurait bien pu effectuer un tel acte de barbarie sur un macchabé ? Il y avait quelque chose qui ne collait pas. Aucun voisin n'avait vu qui que ce soit entrer et sortir de la maison de Frank sauf...

Éléments : Les Porteuses (Bientôt en corrections)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant