Éléments : Les Porteuses (Bientôt en corrections)

Chapitre 2

🎧 Ride - Twenty One Pilots

Telle une parfaite conductrice, Lya mit le clignotant avant d'engager la voiture sur le parking du lycée. De nombreux véhicules étaient déjà stationnés sur la plupart des emplacements. Nous n'étions pas vraiment en avance.

Une fois le rangement en bataille de Lya achevé, nous sautâmes de la voiture en nous dirigeant vivement vers l'imposant édifice qui se dressait devant nous. Sur plusieurs étages, il était construit en briques rouges, un détail qui me fit sourire, me rappelant le style des maisons britanniques. Je me sentais moins dépaysée. Moyennant ce détail, c'était un lycée américain tout ce qu'il y avait de plus ordinaire. Le drapeau des Etats-Unis, flottant au rythme du vent, était déployé au-dessus de la porte d'entrée.

Je prêtai également attention aux jardins bordant le bâtiment ; les coins de verdure, ombragés par des chênes blancs massifs, donnaient à l'endroit un climat chaleureux, respirant pleinement la tranquillité. Les haies, taillées en rectangle comme dans un jardin à la française, délimitaient le périmètre.

Des adolescents traversaient directement la pelouse, pressant le pas afin d'éviter les jets des tuyaux d'arrosage.

Nous nous arrêtâmes devant les quelques marches à gravir pour franchir la porte d'entrée, soudain intimidées et anxieuses.

J'entendis ma sœur souffler bruyamment. Elle avait rêvé de cet instant depuis notre enfance. Je savais ce que ce jour représentait pour elle : le début d'une vie ordinaire.

Je lui pris la main afin de la rassurer. A ce contact, elle retrouva sa joie de vivre et me demanda avec malice :

- Prête, petite sœur ?

Je m'apprêtai à lui répondre qu'elle n'avait que deux minutes d'avance lorsque quelqu'un me bouscula avec beaucoup d'agressivité. Je me tournai aussitôt vers la personne responsable de cette attaque, un garçon aux cheveux châtains et d'une carrure imposante, qui me lançait d'ailleurs un regard noir.

- Hé, ça te dis d'avancer ? Bouge de là ! grogna-t-il tout en poursuivant son chemin.

- Charmant, maugréai-je.

Lya fronça les sourcils, puis s'avança vers lui.

- Il va voir de quel bois je me chauffe !

Je la retins rapidement par le bras. Nous faire remarquer dès le premier jour, c'était signer notre arrêt de mort. Le caractère volcanique de ma sœur était parfois difficile à gérer mais je me devais de la raisonner.

- Laisse-le. Ça ne sert à rien.

Je me retournai en direction du jeune homme, sa silhouette s'évanouissant au loin.

- Et de toute façon, il est déjà parti. Nous n'allons pas lui courir après.

Lya continuait de marmonner dans sa barbe, pensant surement que je ne l'entendais pas. Avec exaspération, je la tirai par le bras pour la presser à avancer, voyant une foule grandissante s'amasser autour de nous.

J'étais surprise par cette agitation et le comportement des lycéens, qui ressemblaient plus à des animaux sauvages qu'à des adolescents. Des garçons survoltés couraient dans tous les sens, bousculant au passage les personnes à proximité. Un groupe d'adolescentes attrapaient leurs livres de cours dans leurs casiers tout en se racontant leurs vacances d'été. Un garçon était en train d'asperger une fille à côté de la fontaine à eau. Celle-ci s'empressa de l'insulter et de le gifler. Un grand costaud aux joues bien généreuses, essoufflé, cavalait tout en riant bruyamment. Il tendait en l'air, d'une main victorieuse une chaussure de sport. Derrière lui, un garçon de petite taille tentait de le rattraper en le suppliant de lui rendre sa chaussure. Son sac à dos, trop lourd, le faisait dangereusement pencher en arrière.