-Tu n'es pas venue la semaine dernière, remarqua Zaïra après quelques instants de silence.

-J'avais beaucoup de travail et je n'avais pas vraiment la tête à sortir. Je suis désolée, répondis Vanille du bout des lèvres.

-Je comprends. Je préférerai rester chez moi plutôt que d'aller au boulot, parfois.

Ce que Vanille avait toujours préféré chez Zaïra, c'était son extraordinaire capacité à se mettre à la place des autres. Elle sourit en entendant ces paroles, mais n'ajouta rien de plus. En vérité, elle avait travaillé certes, mais s'était sentie tellement mal la semaine d'avant qu'elle avait passé son week-end à réviser ou à comater sur son lit, l'air hagard et les larmes coincées en elle.

-Tu as besoin de quelque chose en particulier aujourd'hui? s'enquit Zaïra la fixant de ses beaux yeux émeraude.

Les entrailles de Vanille se tordirent douloureusement. Elle détestait lorsque son amie faisait cela. La fixer. Elle avait l'impression qu'elle devinait tout ce qu'elle cachait. Son rythme cardiaque s'accéléra et elle tenta de le calmer en se mettant à inspirer et expirer profondément mais discrètement. Depuis qu'elle l'a connaissait, Vanille s'était toujours sentie bien en la présence de Zaïra, même si celle-ci la rendait plus timide qu'elle ne l'était vraiment. Son amie attendit sa réponse et Vanille jura avoir vu ses lèvres former un sourire à la fois faible et fugace.

-En vérité, je suis venue te demander un truc. Je sais que tu pourras m'aider. Les livres sont trop...académiques pour ce genre de chose.

Zaïra s'appuya contre le comptoir, un sourcil levé en l'air.

-Je suis toute ouïe.

La petite brune se sentir brusquement débile et minuscule. Bizarrement, la question qu'elle voulait lui poser lui paru plus déplacée et étrange qu'elle le pensait quelques minutes plus tôt. Elle prit tout de même son courage à demain et lâcha d'une toute petite voix.

-Comment reconnaître une fille lesbienne?

Zaïra resta silencieuse quelques instants. Ses pupilles s'étaient dilatées pendant quelques secondes mais Vanille ne le remarqua pas, trop occupée à se gifler intérieurement pour la stupidité de sa question. La plus âgée des deux partit soudainement dans un fou rire incontrôlable. Vanille ne pu s'empêcher de trouver qu'elle avait un beau rire. C'était la première fois qu'elle l'entendait en deux ans.

-Tu me demande comment reconnaître une femme homosexuelle? répéta Zaïra entre deux éclats de rire.

-Désolée, c'était débile comme question. Oublies ça, lâcha Vanille, les joues rouges de honte.

Elle se tourna vers une étagère et entreprit de s'intéresser aux nouveaux livres en exposition, gênée et confuse. Elle entendit le rire de son amie s'estomper et des pas sur le plancher se rapprocher d'elle. Elle tourna la tête et elle vit Zaïra lui sourire.

-Si tu veux savoir si une fille est lesbienne, il faut que ladite fille te kiffe ou qu'elle kiffe quelqu'un d'autre, lâcha-t-elle de sa voix douce. L'amour est plus discernable que l'homosexualité, même si parfois ça se ressent au niveau des vibes. Ou tu peux tout simplement lui demander de manière polie.

Vanille eut une drôle de sensation dans la poitrine. Zaïra était proche d'elle, elle n'avait pas l'habitude mais curieusement, cela ne le dérangea pas du tout.

-Et comment est-ce qu'on sait que quelqu'un nous aime? s'enquit Vanille avec la voix de souris qu'elle avait toujours lorsqu'elle parlait à la grande brune.

Zaïra sourit doucement et chuchota sur un ton de conspiratrice:

-Quand il vous regarde avec trop d'attention pour vous considérer seulement comme une amie.

***

Bonjour Vanille,

je suis très heureuse d'appendre que tu t'es finalement décidée à me chercher, malgré le fait que je te l'ai interdit. En vérité, j'espérais secrètement que tu le fasses mais cela aurait sonné très roman à l'eau de rose si je t'avais demandé de me trouver. Après réflexion, tout dans notre relation ressemble à un roman d'amour.

Tu me dis que tu ne ressens rien pour moi et je peux le concevoir: certaines personnes ne peuvent pas vraiment tomber amoureux de quelqu'un sans le connaître et d'un côté, je suis plutôt heureuse que tu sois de ces gens-là. Mais j'espère quand même. J'espère que tu me trouveras. Enfin je crois. Tu comprendras lorsque tu me verras. Tout prendra sens. Et puis, qui me dit que tu n'es pas hétérosexuelle?

Je te croisée aujourd'hui. Tu avais l'air heureuse. J'espère que mes lettres sont ne serait-ce qu'à un pour-cent la raison de ton bonheur.

Observe, Vanille. Observe.

Passe une bonne nuit.

Je t'aime.

J.

P.S: merci de ne pas me juger sur ma sexualité. Merci pour tout, d'ailleurs.

•••

je suis plutôt fière de ce chapitre, qui est d'ailleurs plus long et plus riche en événements que les autres! en espérant que cela vous plaît toujours. merci pour vos votes et vos lectures, vous êtes adorables.💛

xxx

alorsjethaine.

vingt cinq jours pour tout changerWhere stories live. Discover now