The past, T1 : Entre passé et présent (Boyxboy)

Chapitre 4

Alexandre

Quartier Saint-Louis, Montréal, 16 octobre 2017 – 1 h 30 du matin.

Quelques minutes plutôt.

     Erwan et Alexandre attendirent que D parte du couloir. Ce dernier passa devant la salle de bain sans remarquer leur présence. Le rouquin fronça les sourcils, néanmoins, de là où il était, Alexandre ne put dire pourquoi son ami réagissait comme cela.

     — Qu'est-ce qu'il y a ? 

     — Rien... D est entré dans une pièce avec Elena, sa petite amie du moment, expliqua son ami en calant la porte contre le chambranle.

     Erwan trouva la trousse de secours dans l'une des deux armoires de la salle de bain et indiqua à Alexandre de s'asseoir sur le rebord de la baignoire. Il prit ensuite une compresse et l'imbiba de désinfectant avant de la poser sur l'arcade meurtrie du champion, qui grogna de douleur. Erwan lança un « désolé » et recommença à tamponner son front tout en lui parlant. Cependant, Alexandre ne l'entendait pas, bien trop pris par ses pensées. En effet, il n'arrêtait pas de ressasser sa rencontre avec D. Avant celle-ci, il ne l'avait qu'aperçu de loin puisqu'il n'était pas encore invité aux soirées des plus forts. Ainsi, il n'avait jamais pu prouver que ses doutes étaient fondés.

     Seulement, maintenant, après l'avoir vu de très près, il n'y avait plus aucun doute possible. Il lui ressemblait beaucoup trop. C'était sa copie conforme avec dix ans de plus. Il y avait cinq ans de cela, lorsqu'il l'avait aperçu pour la toute première fois, il avait cru que son existence avait chuté dans la paranoïa. Profondément perturbé de le découvrir en bonne santé et heureux avec ses amis, il n'avait rien fait pour l'approcher et n'en avait pas parlé à ses parents.

     Ces derniers l'auraient envoyé dans un hôpital psychiatrique s'il leur avait dit que Damien Gravel était vivant. Alors, il était resté à l'écart durant toutes ces années pour obtenir discrètement des informations sur lui et surtout, voir combien il avait changé. Autant physiquement que moralement. Et lui, après tant d'années, avait-il aussi changé ?

     — Alex ? Alex, tu m'entends ?

     Il sursauta. Erwan le regardait avec une expression inquiète.

     — Excuse-moi. Tu disais ?

     Erwan balança la compresse imbibée de sang dans la petite poubelle sous le lavabo avant de saisir une boîte de pansements et d'en sortir deux.

     — Que ce connard de D doit payer pour ce qu'il t'a fait. Et que je vais prendre un malin plaisir à lui rendre la monnaie de sa pièce, dit-il en plaçant le premier pansement sur son arcade. 

     Alexandre le dévisagea pendant qu'il plaçait le second sparadrap sur l'arête de son nez. Parfois, il ne comprenait pas Erwan. Il n'était pas le genre à abhorrer des personnes sans raison.

     Alexandre ne voyait pas pourquoi il détestait autant D, ou plutôt, le haïssait. Car il était évident que c'était de la haine qui apparaissait dans ses yeux lorsqu'il évoquait le prénom de l'ancien champion. Mais, ni Alexandre ni Marius et encore moins les autres ne savaient pourquoi Erwan haïssait D. C'était son secret.

     Le champion n'allait pas le juger, lui aussi avait ses propres secrets. Comme tout le monde dans ce bas monde. Il n'empêche qu'il devenait de plus en plus curieux de savoir pourquoi son ami ressentait une telle aversion.

     — Dis, Erwan, pourquoi tu hais autant D ? Qu'est-ce qu'il a bien pu te faire pour que tu sois comme ça avec lui ?

     Erwan lui mit du coton dans les deux narines. Alexandre recula légèrement, ayant mal à l'intérieur du nez.