The past, T1 : Entre passé et présent (Boyxboy)

Chapitre 2

Alexandre.

Arrondissement de Ville-Marie, Montréal, 15 octobre 2017 – 00 h 00

Deux mois plus tard.

Huit. C'était le nombre de semaines qui s'étaient écoulées depuis sa victoire à la Speed&Victory dans le quartier du Vieux-Montréal, au nord-est de la ville. Cependant, comme il avait dérogé au règlement, il avait été puni. De ce fait, cela faisait seulement quatre semaines qu'il avait repris les courses, les gagnant et participant aux nombreuses fêtes de la victoire qui étaient organisées chaque soir. Il avait découvert qu'être le champion, un nouveau de surcroît, n'était pas toujours plaisant. Parce que parfois, il voulait juste se retrouver seul et non être étouffé par une marée humaine dans des séjours beaucoup trop petits, et parce qu'il n'en pouvait plus d'être comparé au plus grand champion. Oui, il l'avait battu. Cependant, même s'il n'appréciait pas D et n'était qu'un narcissique à ses yeux, il restait un être vivant. Et avoir envoyé un mec à l'hôpital, à moitié mort, c'était très impressionnant et il n'était pas fier d'avoir cédé à ses pulsions pour une petite vengeance personnelle et assez puérile. C'était pour cette raison qu'il était allé le voir lorsqu'il était dans le coma.

Il en avait profité pour s'excuser, même s'il ne croyait pas que les patients entendaient quoi que ce soit lorsqu'ils étaient plongés dans un sommeil artificiel. C'était la moindre des choses au vu de ce qu'il avait fait et cela avait apaisé sa culpabilité et ses nuits. Alexandre soupira et referma son livre d'ingénierie. Après cinq ans en polytechnique – il s'était spécialisé dans la biotechnologie, le seul secteur professionnel qu'il adorait – et une sixième année qui commençait difficilement, il devait redoubler d'efforts. Autant physiquement que moralement. Surtout que la plupart de ses soirées étaient rythmées par les courses et les fêtes interminables. Mais il ne se plaignait jamais, car il avait choisi de son plein gré d'alterner entre ses études la journée et sa passion le soir. Il se leva de son fauteuil et alla ranger ses livres et classeurs de cours en faisant traîner sa jambe gauche.

Après avoir rangé ses manuels, il regarda son appartement pour la centième fois. Celui-ci était pourvu d'un salon-salle à manger démesurément grand, une cuisine américaine et un escalier en verre qui menait à l'étage. Ce dernier possédait un balcon qui donnait une superbe vue sur tout le rez-de-chaussée. Il ne fallait pas non plus oublier les baies vitrées sur toute la longueur de la pièce qui offraient une vue panoramique sur la ville. Un nouveau soupir sortit de ses lèvres. Oui, ses parents avaient de l'argent ; oui, il n'avait jamais été dans le besoin. Mais il n'avait pas besoin que ces derniers lui payent un appartement en plein cœur du centre-ville, là où se concentrait une grande partie de l'activité économique, sociale et culturelle de Montréal. Quoique, ses parents vivaient à quatre kilomètres de là, dans le quartier huppé de Westmount, ce qui l'arrangeait.

C'était pour ces deux raisons qu'il aimait se rendre dans des lieux pas très fréquentables et s'amuser avec des jeunes de la classe moyenne. Avec eux, il n'y avait ni conventions ni réputation à préserver et surtout pas d'argent à utiliser à tort et à travers pour affirmer sa puissance. Seulement profiter de la vie en étant lui-même et sans devoir penser à l'avenir. 

Le jeune homme jeta un coup d'œil à l'horloge et vit qu'il était minuit passé. Dans une demi-heure, il avait rendez-vous à une énième soirée dans le district Le plateau-Mont-Royal. Pour la première fois, il avait plus que hâte d'y aller, car aujourd'hui, l'ancien champion, qui revenait aux soirées après sa longue convalescence, voulait le rencontrer. D'après ce qu'il savait, celui-ci voulait se venger à tout prix. Alexandre ne lui en tenait pas rigueur. Cependant, il n'était pas faible et ce n'était pas un type qui n'aimait pas perdre qui allait le décourager. Ce fut donc déterminé qu'il partit dans sa chambre et se changea. S'habiller avec des vêtements bon marché était – après l'adrénaline – ce qu'il préférait.