Un amour amical.

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Les jours passent, j'enchaîne les longueurs, je traîne ma langueur.

Tom me fait toujours tourner la tête, il a placé mon cœur sur des montagnes russes mais je crois que le manège n'était pas sécurisé comme il faut. Et pour cause, mon pauvre organe a été éjecté de bord, se ratatinant magistralement sur le goudron. 

Je me suis retrouvée, une fois de plus, ma poitrine collée à son torse, mes lèvres cherchant les siennes. J'aurais peut-être dû fuir, tant qu'il en était encore temps. Mais je n'ai su que l'aimer comme je respire, comme j'écris ; pour survivre, sans réfléchir. Durant deux semaines, deux minuscules semaines, j'ai cru qu'il m'aimait. J'y ai cru dur comme du fer, naïve que j'étais - et que je suis toujours, sois dit en passant. - Puis, en quelques mots, il m'a extirpée de mon rêve, poussant mes illusions du haut d'un building, jetant mon âme sous un camion blindé. C'était fini. Fini. Et mon dieu, ça avait été bien plus facile de le laisser sans l'aimer que de me voir abandonnée en l'aimant follement. 

Après des nuits à sangloter dans mon oreiller déjà bien trop humide, à hurler ma peine à qui voulait bien l'entendre, j'ai fini par m'en remettre. Un tant soit peu bancale, des copeaux de chagrin implantés dans le cœur, mais qu'importe, j'étais debout, j'avais survécu au poison mortel de l'amour. 

Nous deux, c'était quitte ou double. On se haïssait le lundi, pour se réconcilier le mardi, puis je passais mes mercredis dans ses bras, bien au chaud. Puis en fin de semaine, c'était reparti pour un tour, on se plantait des poignards dans le dos alors qu'au fond on avait besoin l'un de l'autre. Enfin, moi j'avais besoin de lui, en ce qui le concerne, je ne sais plus, à vrai dire je n'ai jamais su. Il est devenu mon meilleur ami, celui que j'aimais démesurément. Mon meilleur ami, celui qui me jurait que nous deux, c'était pour la vie. Ses bras étaient devenus ma deuxième demeure, et j'aimais ça. 

Au mois de mai, alors que le soleil dominait notre vaste pays, on a rassemblé quelques affaires et on est partis en Haute Savoie pour un voyage scolaire. Rien de bien excitant mais j'étais heureuse, heureuse de casser la routine pour une semaine en sa compagnie. J'ai découvert les joies de l'accrobranche, malgré ma difficulté à tenir debout sur un fil de fer. Puis surtout, il y a eu, ce mercredi matin à ses côtés. On avait visité le jardin des plantes, mais je dois avouer qu'il était bien trop pentu. J'étais arrivée en haut, à bout de souffle. Une ballade mouvementée où il avait finit par me prendre la main, de peur que je dévale la pente - c'est une belle image pour illustrer notre relation. Il me prenait la main, pour éviter que je dégringole jusqu'aux enfers. -

Le lendemain soir, une fête avait été organisée pour conclure en beauté. Au moment des slows, je m'étais écartée. En vérité, j'étais restée sur le côté toute la soirée. Je n'aimais pas danser, c'est plutôt compréhensible, non ? Je n'allais pas prendre le risque de m'effondrer au beau milieu de la piste de danse à cause d'un pas de travers trop vite arrivé. Je disais donc, au moment des slows, là où les couples s'enlacent, j'étais allée me réfugier dans un coin de la salle. Il s'est approché de moi, me proposant de danser avec lui. J'en mourais d'envie, mais j'avais refusé, pas peur de me ridiculiser. Non, non, non, je n'étais pas capable de danser, on en revient toujours au même point : j'étais une incapable. 

Autant vous l'avouer, quand il est reparti, l'air déçu, je m'en voulais, je m'en mordais les doigts même. Quelques minutes plus tard, il est revenu à l'attaque. J'ai cédé. Je me suis retrouvée là, au milieu de cette salle bondée, sur un air de Whitney Houston, ses bras serrant mes hanches, et son sourire valsant avec le mien.

Mon cœur mis à nuNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ