12. Black And Blue

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12.

Black And Blue

   L'avion vient d'atterrir, et la brusque secousse réveille Harlow. Elle ouvre les yeux sur un paysage différent de celui qu'elle a quitté il y a quelques jours. Tout est blanc. Le toit de l'aéroport JFK est à peine visible, apparemment il a beaucoup  neigé.

   Quittant son siège aux couleurs de la compagnie aérienne russe, elle se dirige vers les portes de sorties. L'air froid qui s'engouffre dans l'habitacle la fige aussitôt. C'est presque chaud par rapport à Moscou. Entre ces sept mille cinq cent kilomètres de distance, ces deux villes sont totalement différentes. De part leur régime politique, mais aussi par leur culture. Les Etats-Unis sont indépendants et on s'y sent libre, contrairement à la Russie et sa capitale qui fait froid dans le dos. Harlow frissonne encore au souvenir des habitants qui ont croisé sa route. Des mendiants, des femmes, des enfants, tous plus effrayant les uns que les autres. Seulement parce qu'elle n'était pas à sa place là-bas. Tous avaient un regard hautain envers celle qui avait osé passer leur frontière. Mais aussi au regard de l'escorte qu'on lui avait réservée. Elle avait été bien traitée par le Prince, pas comme une américaine.

   Malheureusement, la chaleur humaine des membres royaux n'était plus là, elle devait maintenant affronter ce pourquoi elle était revenue. Sa soeur, et sa maladie.

   Les yeux dans le vague, elle descendit les quelques marches qui les séparaient de la terre ferme. Expirant lourdement, elle prit place dans la berline qui l'attendait devant elle, remerciant silencieusement le Prince pour la dernière attention qu'il lui avait accordée.

   Tout est silencieux. À son réveil, Roza scrute la pièce à la recherche de Roman. Il a du repartir pendant la nuit... Mais pourquoi personne n'est encore venu lui dire que tout est fini et que tous le monde peut retourner dans ses quartiers ? Se levant, elle saisit une mantiya bleue dans un des sacs et range sa dague dans son corsage. Puis, elle sort. Tout est silencieux. Encore.

   Au bout du couloir, elle aperçoit un Fioletoviy affalé contre un mur. Méfiante, elle avance doucement vers lui.

   —Soldat ? dit-elle en russe

   Il relève la tête, puis se redresse rapidement en ajustant son armure.

   — Da, Colombe ?

   — Qu'est-il arrivé aux autres personnes ?

   — Le Maître a disparu. Le conseil s'est alors réuni, il le soupçonne de s'être enfui. Malgré cela, il nous faut le retrouver. La moitié des Fioletoviy sont partis à sa recherche.

   — Alors.. Le palais est sans défense ?

   — Niet, Des gardes occupent tous des postes près de chaque personne qui se trouve ici. D'ailleurs, où est votre garde ? Il fronce les sourcils.

   — Personne n'est venu me sortir de mon mini bunker.

   — Oh, mon dieu, veuillez m'excuser ! Seigneur Boïkov est venu nous voir disant qu'il vous avait mise à l'abri avec un garde !

   Il s'était donc joué d'elle, la laissant seule dans cette pièce... De plus, personne ne serait venue la chercher avant un moment !

   — Oh, oui... Il est venu me parler mais j'ai refusé de le laisser entrer, c'était sûrement pour cela. Ne vous inquiétez plus pour cela alors. mentit-elle.

   — Venez avec moi, nous allons vous confier quelqu'un.

   — Bien. Mais puis-je vous demander ce que vous faisiez là ? dit-elle curieuse.

   — Oh, et bien, le Seigneur Boïkov m'a posté là, disant que je devais attendre quelqu'un...

   — Ah, et bien je suppose que c'est moi.

   Elle serre les lèvres et suit le garde.

   Le manteau de fourrure de Roman lui cause parfois des désagréments. Par exemple, il est trop encombrant, et il lui rappelle aussi son rang, d'un marron fade, presque gris. Il ne sera jamais noir. Son rêve était en train de voler en éclat. Il ne possèderait jamais de manteau noir. Parce que le noir est la couleur du Maître. Le pouvoir et la mort.

   Un autre manteau avance vers lui. La neige l'empêche de reconnaitre la personne qui le porte, mais pas sa couleur. Le bleu nuit de la fourrure et les cheveux bruns qui volent autour de lui signifient qui il est. Le Talys du Maître, la seule personne ayant le droit de mettre une couleur aussi proche du noir.

   Adrian s'arrête à quelques pas de Roman, faisant crisser ses bottes dans la neige. Tous les deux grands, personne ne domine l'autre.

   — De quoi vouliez-vous me parler ? lance hargneusement Roman

— Il est grand temps pour toi de retourner d'où tu viens. Tu as accompli ta mission et tu as ramené la Colombe chez elle. Maintenant tu dois partir.

   Il rit, puis applaudit.

   — Très drôle, Prints. Mais je ne pense pas que vous soyez sérieux.

   — Si. Je le suis.

   — Vous savez que la Colombe m'accompagnera ?

   Adrian sourit, une lueur moqueuse brille dans les yeux.

   — Évidement. Quand ses parents arriveront dans quelques heures, nous fixerons la date de votre départ. N'oubliez pas de commencer à faire vos bagages.

   Figé sur place, il regarde s'éloigner la fourrure bleue, qui disparu dans le brouillard.

   Le blanc recouvre la totalité de Moscou. Les rares voitures qui circulent, ont disparu, laissant place au silence. Un silence assourdissant. Il n'y a aucun bruit; Jusqu'à ce qu'arrive une calèche d'un ébène rouge. Les chevaux, noirs, qui font claquer leurs sabots sur les pavés de la seule route dégagée, se dirigent vers le Palais à vive allure.

   À son arrivée, la calèche est accueillie par de nombreux Fioletoviy, ainsi que par trois autres personnes vêtues de fourrures. La première est habillée d'un manteau bleu très sombre, la seconde d'un manteau marron presque gris. La troisième personne, elle, se tient en retrait. Tête baissée, ses cheveux roux lui cachent le visage. Elle a un manteau rouge.

La porte de la calèche finit par s'ouvrir, dévoilant une femme. Elle aussi porte une fourrure, cette fois-ci d'un turquoise très sombre, comme l'homme qui l'accompagne.

Les talons de la femme résonnent sur le sol, quand ils touchent terre. Quelques secondes plus tard, la voix du Talys du Maître s'élève.

— Bienvenu au Palais, Tribut Anassenko, Colombe. Je vous en prie, entrez donc. Il nous faut discuter au plus vite.

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À suivre...

Note :

Mantiya : signifie "Cape" en russe



Ps : Je sais que mon manque de temps pour écrire n'excuse pas le retard que j'ai pris sur Dark Night, mais je vais essayer de me rattraper :/


Lots of love xxx


Joyeux Noël en retard ♡ 


Alicia xxx

Dark Night // PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant