Josh.

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☆☆☆

Le temps passe sans que je puisse m'en rendre compte. C'est fou comme ça passe vite. Les adultes nous le disent sans cesse. Les poètes, les écrivains l'écrivent. Les peintres le peignent. D'autre le chante. Pourtant on n'y croit qu'à moitié.

Le début de cette nouvelle année a été très froid. J'ai caillé sur mon vélo. Pédalant, le nez dans mon manteau. Ma mère a beaucoup travaillé, mais ça, ça n'est pas inédit. Gavin et Ella cherchent une fac qui voudra bien d'eux. Pour ça, Dylan et moi, on est tranquille. Travailler à 18 ans, on ne sera pas les premiers. Lui et Ella sont ensemble. Ils ont mis du temps à officialiser mais c'était inevitable. Gavin a dû donner 10€ à Typhaine qui jubilait.

Olivia, elle, a fini par me confier qu'elle avait lu un message de sa mère destiné à son père. Elle a compris que ce dernier la frappait régulièrement. Je lui ai proposé d'en parler avec sa mère mais elle ne veut pas. Liv' oscille entre les bons et les mauvais jours. Les mauvais, moins nombreux tout de même sont souvent causés par Sofia et Marina qui lui ont fait une réflexion ou qui lui ont jeté un regard assassin. Parce que depuis le 31 décembre, elle ne leur parle plus, et se retrouve seule au lycée. Alors certains midi, avec les autres, on la retrouve dans les bois, à l'ancienne aire de pique nique et nous dejeunons avec elle. Ses mauvais jours sont aussi engendrés par les visites de ses grands-parents, les crises de nerfs de sa mère, les allers et venues à l'hôpital, les mauvaises nouvelles des medecins. Tout ça entraîne ses crises de nerfs à elle. Ces jours-là, je lui serre un verre de lait avec du sirop de fraise, ou je lui dessine quelque chose. Elle doit avoir des tonnes de dessins dans sa chambre.

Je vois immédiatement lorsqu'elle est dans une bonne journée. Elle arrive chez Éric, sourire au lèvres.

- Salut toi, me lance-t'elle.

Ces fois-là, je lui serre son diabolo fraise. Lorsqu'il n'y a personne, on se raconte tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi.

- Je rêverai de pouvoir créer quelque chose rien qu'en le dessinant, ai-je déclaré une fois.
- Et qu'est ce que tu dessinerais là maintenant ? m'a alors demandé Olivia.

J'ai esquissé quelque chose sur mon carnet de commande et je lui ai montré. 

Elle a éclaté de rire. De ce rire que j'aime tant.

- Un billet de 5€ ?
- Tu imagines la fortune que je me ferrai en dessinant. Plus que n'importe quel artiste qu'il n'y ai jamais existé !

Les jours où je ne travaille pas, Olivia me rejoint dans ma chambre, dans mon atelier encore en travaux ou dans la cabane. Il y fait un froid de canard mais on s'y sent bien. Là dedans, on l'a fait, et pas qu'une seule fois...

La première fois, quand on a fini et qu'on commençait à s'endormir je lui ai murmuré :

- T'es ma moitié.

Elle a gloussé, comprenant la référence : une fois on a regardé un film où un couple se disait sans cesse que l'un était la moitié de l'autre. À la fin du film, les deux sont morts coupés en deux. Elle a répondu, en prenant la voix d'une gamine:

- Ma vie.

J'ai enchaîné :

- Je t'aimerai à l'infini.

Elle s'est redressée, a pausé sa main sur mon torse nu et a répliqué, un sourire en coin :

- Moi plus que ça. Je t'ai dans la peau.
- Pff. T'es nulle,  Moi je t'ai dans la peau, dans la tête, dans le sang, dans les doigts, dans le cœur et même dans les poumons et les ongles.

Je me souviendrai toujours de la tête qu'elle a fait après ça.

Maintenant, le printemps arrive, le mois d'avril est un mois qui transpire d'espoir. D'après mon horoscope, je devais gagner une grosse somme d'argent en mars. C'est raté. Au diable l'espoir et l'horoscope.

Avec Le TempsUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum