Olivia.

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☆☆☆

13h00, dans le couloir de l'hôpital. Ma mère est dans la chambre de mon père et je lui ai dit que je leur laissais un peu de temps ensemble. La vérité est différente.

J'avais plutôt envie de rester seule pour me remémorer la scène qui s'est déroulée dans la cabane. Il a dit qu'il était en train de tomber amoureux de moi. Josh a dit...

IL EST EN TRAIN DE TOMBER AMOUREUX DE MOI !

Personne n'a jamais été amoureux de moi. Je ne l'ai jamais été !

Qu'est ce que j'étais censée répondre à ça ? Il y a-t'il une réponse exacte ? Parce que c'est évident que moi aussi je tombe amoureuse de lui, et pas qu'un peu ! Mais je devais lui répondre quoi ? "Moi aussi je t'aime Josh" ?
Parce qu'il n'a pas dit "Je t'aime" ni "Je SUIS amoureux de toi". Il a dit "Je suis EN TRAIN de tomber amoureux de toi". C'est très différent je suppose. Donc ma réaction a été je pense la meilleure. Non, je ne lui ai pas dit "merci" ou "c'est très gentil", je ne suis pas stupide non plus ! Non je l'ai embrassé, avec douceur.

Oh mon dieu. J'aurai dû dire quelque chose.

- Olivia ?

J'emmerge et regarde ma mère à la porte de la chambre.

- Viens, dit-elle.

Je prend mon sac et entre dans la sordide chambre. Tout est blanc. Je déteste ça. Je crois que j'aurai préféré que tout soir noir.

Je m'assois sur la chaise près du lit et tout en observant mon père, je lui dit:

- Joyeux noël.

Il y a tout un tas de tuyau qui entrent et sortent des draps. Son visage est tellement pâle, ses veines sont beaucoup plus apparentes que pour la normale. Il n'a presque plus de cheveux et porte un masque à oxygen qui fait un drôle de bruit.

Il le retire quelques secondes, et le remet après m'avoir repondu:

- Pas si joyeux que ça.

J'avale ma salive péniblement. Je n'ai pas envie d'être là. Je préférais lorsqu'il était exécrable dans son fauteuil, à la maison.

Comme je ne supporte pas de le regarder, j'observe du coin de l'oeil ma mère. Elle a beaucoup maigri ces dernières semaines. Son visage est creusé et son maquillage ne parvient plus à camoufler ses cernes. Elle ne porte plus de robes, plus de décolletés. Ce ne sont plus que des pulls, des pantalons qui couvrent son corps frêle.

- Quand est-ce que tu vois Sofia et Marina ? m'interroge-t'elle pour faire la conversation.
- Demain peut-être. Je leur offrirai leur cadeau à ce moment là.
- Bien. Qu'est ce que tu leur a acheté ?

Elle le sait très bien, je lui ai montré en rentrant du centre commercial.

- Des boucles d'oreilles.
- Ah oui.

Le silence est oppressant. Mon corps est comme attiré par la porte. Ma mère fait tout son possible pour rendre meilleure cette visite.

- Olivia, chérie, tu pourrais dire à ton père ce que tu as eu par tes grands-parents ?
- Oui, euh...
- Emily ? me coupe mon père. Je m'en balance. J'en ai rien à fouttre de ce qu'elle a eu ! Fouttez-moi la paix bordel !

Ma mère est en larmes. Je voudrais la prendre dans mes bras et la supplier de partir. Mais elle baisse la tête en restant immobile.

- Bon Dieu, arrête de pleurer ! hurle-t'il, le masque à oxygen dans la main. C'est pas toi qui est en train de crever, observé par deux grognasses !

Avec Le TempsDonde viven las historias. Descúbrelo ahora