Chapitre numéro cinq.

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« Au crépuscule doré, la pluie avait encore tracé ses fils de soie. »

–Sou Che.

« Et plus nous avancions, plus une immense ligne bleue s'étendait à l'horizon. »

Un large sourire d'espoir s'élargissait sur son visage cerné par la fatigue. La marche avait été longue et rêche mais cela valait peut-être la peine de s'être battu. Mon savoir me dit qu'il s'agissait d'un océan en face de nous. Cependant, est-ce que c'était quelque chose de bon ou de funeste ?

Des courants d'air caressaient mes cheveux, les entraînant dans une indénouable tornade dansante. Voilà une belle brise fraîche pour purifier nos esprits. La verdure légèrement jaunie par le soleil s'exposait enfin, les vagues chantaient sans jamais dévier leur chemin, et ces impressionnantes falaises s'affaissaient en vain. Nous circulions à travers un passage où les hautes herbes embrassaient nos jambes exténuées. Noah était devant moi et paraissait tellement plus jovial. La mélodie marine l'avait bercé. Nos pieds nus s'enfoncèrent dans un nuage de douceur. Ce sable était divergent. Il était crème et moelleux excepté les infimes morceaux tranchants qui s'y confondaient. La plage était plutôt grande et la mer qui habillait ce paisible paysage était d'un bleu si profond qu'on ne pouvait que la contempler. Une volée d'oiseaux défila tantôt sous mes yeux qui s'écarquillaient de plus en plus au fil des innombrables minutes. Nous en oubliions presque notre morbide présent. Mais nous ne pouvions faire semblant, nous avions besoin de nourrir notre corps complètement desséché par ce feu planétaire.

Aucun de nous ne prononçait un mot. C'était désolant. Et pourtant, Dieu sait à quel point sa voix était harmonieuse. Elle faisait écho parmi toutes les merveilles du monde. J'aimerais l'écouter sans arrêt me conter des millions d'histoires, ou du moins faire subir à mes tympans l'euphonie de ses lèvres.

« -Est-ce que je peux te poser une simple question monsieur le parleur ? ironisai-je. »

Il mit son index sur ma bouche pour que je cesse de parler. Je ne pouvais interpréter cela que mal, évidemment. En revanche, il prit mon bras et me força à le suivre à la limite de la terre et de la mer. A peine mes pieds devinrent humides que je reculai vivement d'un pas. Noah rit, dévoilant ses fossettes et un sourire angélique.

« -C'est juste de l'eau ma jolie, rien de bien méchant, pouffa-t-il. »

Je le regardais, peureuse. J'avais l'impression de ne ressentir que ça, de l'effroi. Il me tendit sa main que je pris sans regret. Il était enchanté. Il m'attira vers lui et je frémis au contact de ma douce peau à ce liquide bleuté. Ses iris émeraude scintillaient sous notre ampoule galactique.

« -Tu vas boire. En dehors du goût salé, c'est la seule chose qui peut nous maintenir en vie pour une durée indéterminée, dit-il sérieusement. »

Il me montra l'exemple alors je suivis le mouvement. J'introduisis mes paumes dans la mer et un soudain afflux gelé parcourut mon échine et fut d'une extrême béatitude. Je bus ensuite malgré le ressenti amer sur mon palet. Je me forçais cependant à m'hydrater un maximum, cela n'arriverait sûrement pas tous les jours. Mon organisme me partageait ses remerciements.

Noah était penché. Je me souvins alors qu'il avait envie de jouer au plus malin. Je m'approchai lentement vers lui et le poussa pour qu'il soit totalement immergé dans l'eau. Seulement, je fus menée à l'échec avec mes bras peu compacts. Il sortit sa tête et me fixa avec sa coiffure ornée de perles.

« -N'aurais-tu pas essayé de me couler par hasard ? dit-il avec une mine égayé.

-J'ai trébuché, fis-je innocente. »

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⏰ Last updated: Feb 20, 2017 ⏰

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