30.

181K 10.7K 442
                                    

A partir du moment où il m'a regardé,j'ai eu l'impression d'exister.

Trois heures que je n'étais pas sortie de cette foutue chambre.
Trois heures que je n'avais rien à faire.
Trois heures que je fixais cette foutue pendule archaïque,les secondes me semblaient des heures.
Soudain,quand je fus dans un état léthargique entre le sommeil et la veille,la porte s'ouvrit laissant entrer la carrure imposante de Vladimir.Je me redressai et me mis debout,lui faisant face de ma petite taille.
Il franchit l'infime distance qui nous séparait encore, humidifia ses lèvres si pulpeuses avant d'ouvrir la bouche :

- Ma mère n'avait pas à te parler ainsi.

Je le fixai dans les yeux essayant d'y voir une lueur moqueuse ou ironique,mais rien.
Il semblait honnête,et cette constatation me serra bien plus les tripes que son inverse.Son regard honnête prit possession de mon intestin,le serrant si fort que je cru que j'allais vomir.Dans mon ventre une sensation aussi dérangeante qu'agréable se fit sentir,me coupant le souffle un cour instant.

- Non en effet,répondis-je la gorge asséchée.

Il tendit la main,la laissa suspendue en l'air,coupant l'immensité du vide.Je distinguai l'air,aller et venir de son nez à son cœur,ainsi que son souffle poussant l'oxygène environnant.
Pour une raison inconnue l'air devint électrique.Je le vis se tendre,ses muscles se contractèrent dans un geste si infime,pourtant tout son être tressaillit.Il était tel un guépard,près à bondir sur sa proie en une fraction de seconde,tendu tel un câble tiré à son apogée,tel un tireur d'élite avant d'abattre sa cible.
Puis,inopinément,pour une raison inconnue,il se détendit muscle par muscle,cellule par cellule.
Sa main continua son ascension et se déposa délicatement sur ma joue.
Statique,je laissai sa main me réchauffer et son pouce me caresser la joue d'un mouvement pourtant minime.Tant de douceur à mon égard me poussa à me demander si c'était ma joue qu'il cajolait ou celle d'un fantôme de son passé qui venait le hanter sans relâche.
Ses yeux,deux billes faites du feu originel,me brûlait la peau,la cramant par un simple regard.
J'ouvris imperceptiblement la bouche,laissant mon souffle brûlant sortir de mes poumons en feux.
Qu'est-ce qui produisait cette réaction sur mon être ?
Quel genre d'arme céleste pouvait ainsi me brûler de l'intérieur,consumant chaques organes de mon corps fébrile ?
Sa main se détacha de ma joue,créant immédiatement un manque,et se déplaça pour emprisonner une mèches de mes cheveux dans ses doigts sensuels.Il roula l'amat de fin cheveux,aussi peu épais que des files d'or,autour de son index.

- Pourquoi est ce que tu joue aussi bien la comédie ? Gémit-il comme une plainte inavouable.

Il lâcha ma mèche de cheveux,comme sous le poids de sa révélation,puis s'écarta de moi,installant ainsi une distance de sécurité.
Il me regarda de ses yeux vides,preuve d'un passé douloureux.
Étions nous tous destinés à vivre avec les cicatrices d'un destin que nous n'avions pas choisi ?

- Prépare toi pour ce soir,je ferai apporter ta robe d'ici une heure,conclut-il mettant ainsi fin au tumulte de mes pensées.

Avant de sortir de la chambre,il me fixa longtemps.Son regard me perturbait tellement,il était si profond que je failli m'y noyer.Il me sembla rempli de mots imprononçables.
J'eu,à cet instant,l'envie de me perdre dans ses bras musclés,me réfugiant dans la chaleur qu'il dégageait.
Quand il partit,je secouai la tête.Je ne devais pas penser ainsi à Vladimir, l'ennemi,mon kidnappeur.
Pourtant,bien malgré moi,tandis que je me fis couler un bain,il hanta quand même un coin de ma tête.
J'essayai tant bien que mal de me sortir cet homme de la tête mais rien n'y faisait.
Diable pourquoi pensais-je autant à celui que je détestais ?
Pourquoi refusais-t-il de quitter mes pensées troublant ainsi mes jours,troublant ainsi mes nuits ?

La protégée du diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant