21.

181K 11.5K 725
                                    

Tuez moi ça stoppera peut être la douleur.

Le canon de l'arme à feux pointé sur moi je me glaçai.
Ses yeux noirs étaient aussi dangereux et mortel que l'était le neuf milimètre.
Je savais que cet homme aurait le cran de tirer.Je savais qu'il aurait été capable de me tuer de sang froid.
Pourtant,aussi bizarre que cela puisse paraître,au fond de moi je savais qu'il ne le ferait pas.Je ne sais d'où je tirais cette intuition et,si elle s'avérait fausse,j'aurais mis ma vie en danger pour rien,mais quelque chose en moi n'eu ni peur de lui ni de l'arme qui prolongeait son membre.
Peut être étais je tout simplement folle ? Après tout il avait été violent avec moi - trois fois en seulement deux jours c'était énorme ! - ça prouvait qu'il n'avait pas peur de se salir les mains.
Mais je refusais de me laisser gagner par la peur ou même de le supplier de me gracier.J'avais trop de fierté pour ça et je préférais sans aucun doute me faire exploser la boîte crânienne ici au milieu d'un petit déjeuner familial plutôt que d'implorer sa clémence.

Oui je pense bien que tu es folle ma pauvre Élisabeth.

- Vladimir,intervint son frère.
- Non vas y tire,prouve devant tout le monde que tu es un homme et tire,le coupais-je.

Ferme ta gueule Élisabeth.

- TU DEVRAIS TE TAIRE TU SAIS TRÈS BIEN QUE JE N'AURAIS AUCUN REMORDS À EN FINIR AVEC TOI LÀ MAINTENANT !

Il a raison Élisabeth écoute le s'il te plaît.

- Et bien vas y je t'en prie tire,dis-je en alignant mes bras perpendiculairement à mon corps.

Soudain,sans m'y attendre,je replongeai dans un souvenir complètement oublié.Il surgit de ma mémoire comme une baleine surgit de l'eau,sans qu'on s'y attente et sans y être préparé.

Après une longue journée j'étais rentrée à la maison épuisée.
Ça faisait maintenant trois mois qu'elle était parti et pourtant elle était encore bien présent.En réalité elle était partout.C'était la feuille rougeâtre qui volait dans le ciel,c'était les rires des écoliers pendant la pause des primaires,c'était la moto qui passait,c'était tout.Tout ici,dans cette petite bourgade avait son empreinte.
Elle avait laissé sa marque partout et c'est ce qui faisait de son absence une douleur sans nom.
Ma mère était déjà à la maison.Je rentrai et me dirigeai vers le frigo pour prendre une collation.Elle me regarda de travers mais ne dit rien.
Dix minutes plus tard,je descendis poussée par l'envie de chocolat.
Mais cette fois là elle n'avait pas été aussi clémente.
De sa langue de vipère elle avait déversé un flot de paroles assassines,comme le venin du serpent.
Ses paroles,lancées à la va vite,étaient toutes plus tranchantes les unes que les autres.Chaques reproches laissaient une plaie béante dans mon esprit.
Pourtant jamais je ne l'avais supplier de se taire.Je ne suppliais pas.
Puis,comme la suite chronologique des événements,je mis mes bras en croix.

- Vas y continue,fais de moi un martyre,avais-je dis d'une voix calme.

Pour la première fois,elle n'avait pas su quoi répondre.Elle était partie me laissant seule dans la cuisine exiguë.
Ce fût la seule fois où j'avais crû pouvoir la changer,puis j'avais compris qu'on ne changeait pas les gens.

- Tire,dis-je.

Et là,il fit la seule chose dont je ne le pensais pas capable.

Il tira.

La protégée du diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant