Chapitre 11

938 43 5
                                    

Je me précipitais vers lui en paniquant comme jamais auparavant. Tout ce sang qui tâchait ses vêtements, ses cheveux, son visage... Et ses yeux clos qui me pétrifiaient au plus profond de moi. Je me jetais à genoux à lui, l'attrapant par son t-shirt troué, à la base blanc, le secouant fortement presque violemment. Ma vue était aussi trouble tellement les larmes me brûlaient presque les yeux. Mon cœur battait tellement que je le sentais cogner contre ma poitrine comme si j'allais frôler la crise cardiaque. J'avais du mal à respirer, comme les asthmatiques. Tout mon corps tremblait, ce qui me rendait totalement maladroit dans mes gestes tellement mes mains tremblaient. J'étais hors de moi. Pire que la veille.

-Tom... Pitié... Réponds moi... Ne me laisse pas encore... Reviens bordel !...

Après le verre de la veille, la voiture. Et cette fois ci, il n'avait pas esquivé...

Je le secouais presque au rythme de mes mots sautés par les pleurs. Il ne réagissait pas. Son corps bougeait mollement sous mes violentes secousses. Ses yeux restaient, à ma plus grande peur, fermés. Mais ce qui me faisait encore plus paniquer était qu'il ne respirait plus. Alors que je luttais pour respirer normalement, il ne présentait aucun signe de vie. La peur. La panique. L'angoisse. Tout se mélangeait dans ma tête. J'en perdais mon français que je parlais d'un coup allemand. Je hurlais à l'aide, d'appeler les secours. Je hurlais. Je pleurais. Je luttais.

-Hilfe ! Bitte hilf mir ! Rufen Sie einen Rettungswagen an !

Malgré l'allemand, quelques un appelaient les secours. Des passants s'arrêtaient pour voir cette horrible scène. J'étais entourée d'une marre de sang et d'inconnus qui me dévisageaient ou d'autres qui avaient reconnu Tom malgré tout ce sang. Instinctivement, je le pris dans mes bras le serrant contre moi. Je continuais désespérément de le supplier de rester, de revenir, de ne pas me laisser. Je m'en foutais qu'on nous regardait, que mon corps entier se tâchait de son sang. Tout ce que je voulais, c'était qu'on me laissait avec Tom pour de bon. Et j'imaginais déjà le pire. Bill qui serait pire qu'effondré et sa carrière s'arrêter d'un coup brutal. Toutes les fans pleurer leur guitariste si idolâtré. Mon fils orphelin de son père. Et moi de nouveau seule et condamnée à avoir sa mort dans la conscience et des regrets toute ma vie. Mon dieu, pourquoi ça ? Qu'avais-je fait pour mériter de telles emmerdes ?
Le son strident des sirènes des secours se faisait entendre et le cercle des spectateurs se coupait enfin pour laisser passer faire leur travail. Ils me séparaient de Tom afin de lui faire les premiers gestes de secours. Tout à coup, j'avais la même sensation, cet impression de déjà vu lors de la séance dédicaces. Les bruits autour de moi qui se dissipait, les gens qui disparaissaient. Il n'y avait plus que Tom et moi à ce moment là. Je le voyais entre les mains de ces hommes qui luttaient pour le réanimer. J'entendais plus rien. Il n'y avait plus personne pas même un homme qui s'acharnait sur Tom.

-Perte de sang importante dû à l'hémorragie à sa tête. Possibilités de plusieurs fractures aux côtes et aucuns signes vitaux...

Je les voyais s'acharner sur lui. J'avais envie de leur dire d'arrêter. De le laisser mourir pour qu'il ne souffrait plus. C'était comme ma condamnation à perpétuité pour tout le mal que je lui avais dit et fait.

-Mademoiselle, votre ami est dans un état critique. Je vous conseille de rentrer chez vous et...
-Non.

Ils le mettaient sur le brancard pour le monter à l'arrière du camion. Mon regard, vide et brûlé par les larmes était resté fixé à Tom. Mon corps tremblait toujours. Mon cœur s'accélérait de plus en plus. Mais j'étais comme morte au fond de moi.

Remember Me.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant