Prologue

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   Ce n'était pas la première fois que Aline faisait ses valises. Elle les avaient faites plusieurs fois pour partir en vacances, mais ensuite elle savait que quand elle rentrerais chez elle, ses amis, son amoureux, sa famille, tout ce qu'elle connaissait n'aurait pas changé. Pourtant quand elle eu terminé de la remplir une larme coula le long de sa joue. La prochaine fois qu'elle l'ouvrira, tout son monde se sera écroulé, il aura disparu en ne laissant derrière lui qu'un énorme vide.
   Dans sa chambre d'adolescente il ne restait rien, pas même un meuble, tout avait été emporté par les déménageurs. Elle respira fortement et prit sa valise afin de la descendre. Elle passa dans le long couloir du première étage où les cadres avaient été retirés en laissant leur empreinte sur le papier peint fleurie. Elle descendit l'escalier qui grinçait avec sa valise à bout de bras et arriva dans l'entrée. Elle posa sa valise et vit son père franchir la porte d'entrée afin de la mettre dans la voiture. Elle lui fit un léger sourire puis son attention fut prise par l'ouverture qui menait au salon. Dans cette pièce aussi tout avait été emporté. Comme si elle n'avait jamais vécue ici, comme si rien n'avait existé. À ce moment précis la jeune fille se sentait vide.

Elle avait toujours vécu dans cette maison, dans ce petit village perdu de France. Elle y connaissait tout le monde. Elle se souvenait être déjà allé à Paris pour les vacances et les amis qu'elle s'y était fait lui avaient dit qu'elle était une plouc, une campagnarde. Mais elle aimait ça. Le calme, la fraîcheur et sa vieille maison. Elle avait toujours vécu dans cette maison qui avait appartenu à ses grand-parents. Tous ces Noël, ces rires et ces pleures qui avait remplis cette bâtisse dorénavant aussi vide que le cœur de la jeune fille.

La jeune fille sentit les larmes qu'elle refoulait depuis longtemps s'écraser sur son visage. Explorer cette maison vide ne lui faisait que du mal et elle ne voulait pas souffrir davantage.

Dans l'entrée sa mère l'avait regardé tristement en respectant ce dernier instant avec la maison et les souvenirs de son enfance. Aline vit sa mère lui sourire et elle se jeta dans ses bras enfouissant sa tête dans son cou. Elle cherchait désespérément du réconfort et tentait de remplir le vide de son cœur par l'odeur de vanille et de vernis à bois qui caractérisait sa mère.

Camille Rosier était une jolie femme. Ses cheveux roux coupés à la garçonne lui donnait un air hystérique et ses yeux chocolat regardaient sa fille encore blottie dans ses bras. Aline était plus petite que ses parents pourtant assez grands et elle avait hérité de sa mère ses yeux chocolat et de son père ses boucles blondes aux reflets cuivrés. Aline releva la tête et sourit à sa mère. Elle entraîna sa fille à l'extérieur. Elles étaient sur le pas de la porte et regardaient Marc Rosier se battre avec un sac qui ne voulait pas rentrer dans le coffre de la voiture. Aline et sa mère rigolaient de bon cœur et celui d'Aline se réchauffa quelque peu.

Il était tôt car ils ne voulaient pas rater leur avion qui décollait à 10 heures. Aline fût alors étonnée et émue de voir se rapprocher dans la pénombre de la rue Léa, sa meilleur amie, accompagnée de Simon, son petit ami. Elle se jeta dans leurs bras:

- Vous êtes venu! Aline pleurait de joie. A la vue des larmes sa meilleure amie craqua et se mit a pleurer.

- Tu croyais qu'on allait te laisser nous quitter comme ça ?

Aline s'enfuit dans les bras de Simon et l'embrassa chastement.

- Et on a des cadeaux pour toi. Rajouta Simon, les yeux brillants.

Aline essuya furtivement ses larmes et sourit. Elle regarda alors un petit sac que lui tendit Léa. Quand elle l'ouvrit elle y vit un petit paresseux en peluche. Et les larmes qu'elle tentait de retenir, redoublèrent. Quand elle s'était rencontrées Léa avait une peluche de paresseux dans les mains. Peluche que Aline avait toujours aimé et que aujourd'hui Léa lui offrait. Elles s'étreignirent quelques minutes puis elle rouvrit le sac où se trouvait un écrin. Quand elle l'ouvrit, elle y vit un petit solitaire sur un fils transparent à passer autour du poignet. Elle mit le bijoux et enlaça Simon puis elle passa ses mains autours de son cou pendant qu'il passait les siennes sur les hanches de la jeune fille. Léa compris que les deux amoureux avait sûrement besoin d'être seuls, ainsi elle alla aider les parents d'Aline.

Aline se blottissait contre le torse de Simon. Elle voulait profiter de ces derniers instants avec lui. Ces derniers contacts physiques. Simon tentait de cacher ses larmes qui ne tarderais pas à couler.

- Tu sais, même si tu pars...

Aline l'embrassa, elle ne voulait pas d'un adieu larmoyant, même si c'était déjà trop tard.

Simon sourit.

- N'oublie pas que je serais toujours là pour toi.

A ces mots elle enfouit sa tête dans le cou du jeune homme. Elle entoura quelques mèches ébènes autours de ses doigts. Elle savait que ce n'était pas vrai mais elle voulu se raccrocher à cette promesse plutôt que de tout perdre. Son cœur déjà en morceaux voulait dire oui mais sa raison criait non, elle le savait, Simon et elle, c'était finit.

Elle approcha son visage de celui de son amoureux et l'embrassa d'abord doucement puis elle y mit toute la peine et la détresse qu'elle pouvait, c'était le dernier. Quelques larmes se mélangèrent à leur baiser mais elles n'appartenaient pas seulement à Aline. Simon savait lui aussi que la distance serait dure mais il voulait le faire car il l'aimait. Quand elle le lâcha, la chaleur de son corps lui manqua instantanément. Elle se retourna, son père venait de fermer la porte à clé pour la dernière fois. Elle embrassa une dernière fois sa meilleure amie et s'approcha de la voiture. Quand elle ferma la portière, elle les regarda triste et fascinée. Aline semblait apprendre par cœur les contours de leur visage, elle avait déjà l'impression d'avoir oublier leur voix. Et maintenant que la porte était fermée, elle pleurait silencieusement, mais sans relâche.

La voiture démarra. Et ils disparurent. Un gémissement plaintif sortit de sa bouche et sa mère se retourna du siège passager pour lui prendre la main.

Une nouvelle vie commençait. Aline n'était plus une enfant.

Durant tout le voyage en voiture jusqu'à l'aéroport, la jeune fille n'avait rien dit. Elle avait mit ses écouteurs et écoutait sa chanson préféré, Saturn. Dans l'aéroport elle n'avait pas dit un mot non plus. Ses parents, bien qu'inquiets, respectaient son silence. Le vide d'Aline était revenu. Le vide, le chagrin, le mutisme, elle semblait être en deuil. Le deuil d'une époque finie trop tôt à son goût.

Quand l'avion décolla une sorte d'excitation l'avais prise et voler dans les airs lui avait manquée. Ce n'était pas la première fois qu'elle prenait l'avion. Mais sa destination était toute nouvelle. Aline se concentra sur le hublot afin de ne pas trop penser. Elle avait l'impression d'avancer sur un tapis de coton et ses problèmes auraient pu rester ici. Suspendus dans les airs. Mais l'atterrissage avait été brusque. 6 heures d'avion pour arriver dans une ville qu'elle ne connaît pas, dans un pays qu'elle ne connaît pas, entourée de gens qu'elle ne connaît pas. Son humeur toujours joyeuse avait pris un sérieux coup et c'est avec l'air maussade qu'elle s'engouffra dans un taxi jaune en route vers sa nouvelle maison.

Elle a les cheveux verts (abandonnée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant