Nouvelle vie

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Après avoir ouvert la porte de son bureau, Amélia s'effaça pour laisser entrer son invité. Ce dernier jeta un regard circulaire dans la pièce avant de s'y engouffrer avec l'air approbateur des gens qui savent apprécier les belles choses. Le bureau était en fait une vaste pièce au parquet ciré et au mobilier majestueux. En face de la porte, se trouvait deux causeuses en bois d'acajou marqueté des année 1880, elles étaient tapissées par une étoffe de soie or et olive qui représentait des oiseaux et des fleurs en haut des cimes. Ces scènes rappelaient l'Asie et une partie des origines de la jeune directrice. Le tapis baroque sur lequel reposaient les sofas était teinté de vert et d'or. Dans le fond de la pièce, devant une baie vitrée donnant sur un balcon, trônait un imposant bureau en bois de cerisier ciselé d'or pur. Le bureau comme le reste de la pièce était très bien ordonné ; aucuns papiers ne traînaient sans être rattachés à d'autres. Le reste des papiers devant se trouver dans des dossiers rangés dans les meubles bas qui tapissaient les deux murs à droite de la porte. Ces meubles étaient en bois d'acajou recouvert d'un plateau de marbre noir sur toute leur longueur qui supportait, d'un côté une desserte d'alcool et de l'autre un fin plateau avec tasses et théière asiatique. Un évier de cuisine en inox et une plaque chauffante se fondait dans le marbre pour former un coin cuisine quasiment invisible. Surplombant ces meubles et rappelant aux visiteurs qu'ils se trouvait dans un palace anglais était disposé une œuvre de William Hogarth dénommé "le mariage à la mode". La baie vitrée était encadrée de lourds rideaux de velours vert et doré et sur le mur en face du tableau se trouvait une fresque asiatique peinte à la main représentant des dragons d'or créant le monde. Leurs gueules ouvertes encadraient un miroir baroque aux bordures d'or sous lequel se trouvait un buffet recouvert d'un marbre noir.

Conan observa la pièce, tout était parfait. Un sourire naquit sur son visage tandis qu'il se dirigeait vers l'une des causeuses dans laquelle il se laissa nonchalamment tomber. Il se trouvait assis face au tableau de Hogarth. Son regard critique détailla l'œuvre avant de venir se reposer sur Amélia qui n'avait pas quitter le perron. Cette dernière supporta son regard et referma la porte dans un mouvement légèrement plus brusque qu'elle ne l'aurait voulu. Que lui avait-il prit de regarder Conan s'installer ? Elle se morigéna intérieurement avant de se retourner vers son compagnon qui l'observait avec assurance. Ses yeux marine tombèrent sur elle et elle sentit ses joues prendre une jolie teinte cramoisie. Elle se souvint alors du contact des doigts fins de ce dernier sur son visage et elle baissa le regard. Elle ne pouvait plus supporter cet examen de sa personne et pour reprendre contenance, elle demanda sans autres préambules à Conan s'il souhaitait un thé. Le jeune homme qui s'était lui aussi perdu dans ces pensées s'enquit :

- Tu me disais quelque chose, Amélia ?

La jeune femme leva les yeux aux ciels avant de répondre avec un sourire engageant :

- Je te demandais si tu souhaitais prendre un thé avec moi ?

- Ah dans ce cas avec plaisir, cela me changera agréablement de tous les cafés que j'ai bus aujourd'hui et de l'alcool que j'ai ingurgité hier... avoua Conan avant de se rendre compte des mots qui venaient de lui échapper. Décidément, rien ne se déroulait comme il le souhaitait aujourd'hui. Il reprit :

- Excuse-moi ce n'est ce que j'aurais dû dire...

Amélia observa Conan, il avait l'air d'un enfant pris en flagrant délit. Son visage était contrit et si elle ne disait rien il allait se refermer comme une huître sur sa perle. Cette image la fit sourire, ce qui fit se crisper le jeune millionnaire sur son fauteuil. Elle se moquait ouvertement de lui et elle ne semblait même pas avoir envie de s'excuser ! Il allait admonester Amélia quand cette dernière s'apercevant qu'elle n'avait encore rien dit annonça :

- Tu sais Conan, je préfère quand tu parles sincèrement. Tu es plus attachant, moins froid, plus... plus toi-même.

Elle avait failli dire attirant et désirable mais s'était reprise juste à temps. Le regard du jeune homme vînt sonder la femme qui lui faisait face pour y déceler toutes traces de mensonges et n'en trouvant pas formula :

A jamaisWhere stories live. Discover now