Cambridge Hotel

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Les bords de la Tamise défilaient sous le regard du jeune millionnaire tandis que ses pensées divaguaient sur sa soirée de la veille. Le regard dans le vide, il voyait sans vraiment y prêter attention les coureurs sur les quais et les vendeurs à la sauvette qui tentaient d'attraper des touristes pour leur vendre de petits porte-clefs de Big Ben ou encore de faux sacs Prada. Rien ne pouvait le sortir de cette léthargie dans laquelle il avait passée sa journée. Il ne se souvenait plus exactement de ce qu'il avait fait la veille mais les conséquences en étaient déplorable. Dans la vitre de la voiture, il distingua son reflet et ce qu'il s'y refléta ne lui plus en rien, son visage était marqué par les excès, ses yeux était cernés et sa peau grisâtre démontrait à quel point il avait bu chez les Hernandez. Et pour ne rien arrangé, une migraine insupportable le tenaillait depuis son réveil, lui enserrant les tempes dans un étaux d'acier. Il avait été incapable de se concentrer sur son travail, et cette improductivité le rendait d'autant plus irritable. 

Le jeune homme se prit la tête entre les mains massant ses muscles endoloris. Il était en colère contre lui-même depuis qu'il avait découvert cette invitation sur son bureau. Pourquoi fallait-il qu'elle lui fasse subir cela! Encore et encore, il ne cesserait donc jamais d'éprouver de la haine envers elle! Pourquoi l'avait-elle invitée à son mariage? Était-elle si pressée de lui démontrer encore une fois sa capacité d'évoluer et d'avancée malgré tout et contre tous? Sur les nerfs, il avait également eu du mal à se concentrer la veille sur son travail et voilà qu'aujourd'hui était pire qu'hier. Si il doutait que cela soit possible, il était désormais certains d'avoir atteint le fond du gouffre et le fait de s'être réveillé aux côtés d'une harpie, le matin même, n'avait rien fait pour arranger son humeur. Comment avait-il pu coucher avec Agnès Hernandez? Cette question repassait en boucle dans son esprit embrumé mais les méandres de ses souvenirs ne souhaitaient pas s'éclaircir. Combien de temps encore lui faudrait-il pour émergé de sa torpeur ? Qu'elle n'avait pas été sa surprise de se réveiller au côté de cette veuve délurée et sans aucuns principes. 

Nul ne pouvait nié sa beauté, ni l'attrait de ses formes avantageuses mais sa vulgarité et son manque d'élégance avait toujours rebuté Conan ce qui l'avait si souvent mise hors d'elle. Le charme intense de son corps de femme disparaissait dès le moment où elle ouvrait la bouche. 

Malheureusement, hier au soir elle avait gagné sa guerre. Elle avait eu le jeune poulain qui lui manquait pour compléter son tableau de chasse déjà impressionnant. Le jeune homme avait tellement bu dans la soirée qu'il ne se souvenait même plus d'avoir parlé avec elle. Une seule chose revenait à son esprit embrumé, la véritable raison de son attitude et de son irritation, celle pour laquelle il s'était enivré. Il avait tenté d'oublier par l'alcool mais le souvenir de l'appel du professeur restait gravé au fer rouge dans sa peau et ne cessait de le hanter.

Pour lui qui ne buvait jamais jusqu'à en perdre les sens, l'expérience était rude. Conan souffla d'exaspération et sortis un cachet de son étuis. Puisqu'il devait faire bonne impression ce soir autant se remettre d'aplomb et un cachet contre les maux de tête serait plus que bienvenu. Bien, il approchait de sa destination finale, il devait reprendre ne serait-ce que le temps de quelques heures cette attitude distante qui faisait de lui, le "célibataire le plus en vu du moment". Cette attitude faisait ressortir ses airs calculateur, ambitieux mais surtout elle mettait au jour son cynisme. A cette pensée un sourire blasé s'afficha sur son visage. Voilà, son masque était parfait et rien ne laissait plus entendre que quoi que ce soit puisse l'atteindre. Il devait garder la tête froide surtout ce soir. 

Il était attendu pour la soirée de réouverture de l'un des plus grands hôtels de Londres, le Cambridge. La réception promettait d'être somptueuse et malgré son envie de fuir, il avait des responsabilité à tenir et la première était d'honorer ses engagements envers une certaine personne têtue!  Au fur et à mesure qu'il approchait de l'imposante bâtisse qui surplombait le fleuve, le jeune millionnaire sentait sa tension montée. Ce monde de luxure était pourtant devenu le sien, alors de quoi avait-il si peur ?

A jamaisWo Geschichten leben. Entdecke jetzt