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Bien évidemment que je l'avais laissé se vider aux chiottes.
J'avais pas envie qu'il explose en plein cours moi.

Je m'étais contenté de hocher la tête en souriant, l'air faussement amusé, pendant qu'il filait comme une flèche aux toilettes de l'étage. Qu'est-ce que je détestais les élèves comme ça.

J'avais attendu que le Casanova des chiottes revienne, quelques minutes plus tard, pour continuer ma présentation ainsi que faire l'appel. Je m'étais assis sur mon bureau, les regardais tous et eux aussi ; mais aucun son ne sortait de ma bouche.
Tout en soufflant, je décidai d'attraper leur manuel en demandant où ils s'étaient arrêtés, quand une voix trancha les crissements des bruits de papier.

"-On est obligés de travailler ?
-Hum... Jiho ? C'est ça ? il hocha calmement sa tête de bas en haut, en laissant retomber sa main sur son pupitre. Si tu as une idée, peut-être qu'on pourrait-..
-Moi, j'en ai une professeur Min ! s'excita le retardataire
-Votre nom, s'il-vous-plaît ? demandai-je las
-Park Jimin.
-Eh bien, Jimin, proposez-nous quelque chose.
-On pourrait remplir des feuilles sur ce qu'on aime faire... Et ce qu'on aime dans la littérature. ses quelques amis -que dis-je, la classe entière- se mirent à rire en coin, qu'est-ce que ça signifiait ?
-... je gonflai mes joues.
Si vous voulez. Après tout, ce n'est que le premier jour, et je suppose que personne ne veut bosser. ils orientèrent leurs orbes écartés vers moi, tous sidérés. Après, je vous proposerai une lecture orale.. Quelqu'un sait où est la télévision dans cette classe ?"

Je vis des sourires exaltés, certains étonnés et d'autre heureux. Je les avais bien surpris visiblement.
Un élève, portant de drôles de lunettes -sûrement le binoclard intelligent de la classe- se proposa pour aider à aller chercher la télévision, accompagné de son autre camarade, pendant que les élèves remplissaient leurs feuilles.
Ils avaient 15 minutes, le temps que je comprenne le fonctionnement de cette télévision aussi vieille que moi ; je passai ensuite dans les rangs ramasser leurs feuilles que j'allais lire, puis noter peut-être, pendant qu'ils écoutaient la lecture. Après tout, j'étais pas un si mauvais prof que ça. Je laissai le lecteur DVD avaler le disque arc-en-ciel puis retournai à ma place, observé par leurs yeux ronds d'excitation.
Les jeunes étaient si facilement influençables de nos jours, ils en étaient vraiment minables.

Je laissai la voix monotone arriver à leurs oreilles, pendant que certains notaient sur leur feuille des choses importantes, et que d'autres suivaient la lecture avec leur propre livre. J'étais fier de mon coup au final.
Je les observais un à un : bien entendu que certains parlaient, mais je m'en foutais. Le calme était assez présent dans cette classe pour que je les laisse discuter de ce qu'ils voulaient.
Je me penchai un peu plus sur les feuilles qu'ils m'avaient données ... Bon, l'orthographe est correcte, il n'y a pas de faux sens, ils semblent pour la plupart motivés.
Je ne savais pas trop quoi leur enseigner en réalité, la littérature est une matière bien particulière, où l'on discute et lit un sujet intéressant sans pour autant y comprendre quoi que ce soit correctement ... Je comprends pourquoi ils voulaient que je sois prof de philo en même temps.

Par la même occasion, j'avais demandé à ces élèves boutonneux des livres qu'ils apprécieraient lire en cours : j'étais tombé sur des personnes avec du goût, d'autres avec un peu moins de classe que les précédents, mais un me fit éloigner mes lèvres l'une de l'autre d'étonnement.
Je relevai lentement mes yeux en direction du concerné.

Même si je ne les connaissais pas tous, j'avais déjà retenu des têtes que j'avais facilement assimilées à leurs stupides noms... Et bien entendu que monsieur le Casanova des chiottes avait proposé un livre hors du commun, sortant de l'ordinaire, même pour un cours de littérature.
Je divaguai dans la salle.

ᴋɪɴᴋ ᴍᴇ, ygjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant