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2 Mon objectif étant de dénoncer les difficultés quotidiennes rencontrées aujourd'hui avec nos fauteuils, voire les impossibilités ou les efforts déployés pour accomplir les mêmes tâches que tout un chacun. Il est indispensable que le lecteur puisse identifier les situations.

Pour ces raisons l'action se déroule dans une mégapole moderne mais pas futuriste.

Comment vous est venue l'idée ?

C'est ma façon de supporter mon handicap. La dérision, l'humour. Face à une situation cocasse et souvent anodine, vécue entre handicapé et valide, expérience personnelle, témoignages d'amis, faits divers... Je me dis intérieurement : si tout était accessible et aménagé pour nos fauteuils... Si nous étions majoritaires, si tout était adapté... Et j'imagine un pays où cette situation serait plausible en inversant les rôles.

Donnez nous un exemple.

Un ami en fauteuil me raconte les péripéties rencontrées lorsqu'il est allé seul au cinéma ou dans certaines salles de spectacle. Problème dès la billetterie (guichet au niveau des yeux), puis d'accès à la salle dans le noir, puis assis tout devant ou tout derrière.

À la sauce zandilandaise*, ça donne : Mr PéNèRe* se rend dans un zandi ciné multiplex (cinéma de Zandiland). Pour retirer son ticket d'entrée, il est obligé comme d'habitude de se contorsionner car le guichet est trop bas. On lui apprend que le film qu'il voulait aller voir n'est pas projeté dans LA salle accessible. Il est contraint d'en choisir un autre déjà commencé depuis quelques instants. Notons que dans les salles dîtes aménagées, le plafond est escamotable* au dessus des emplacements réservés aux gens comme lui.

Anecdote : lorsqu'il arrive aux emplacements réservés, un zandi* s'approche discrètement pour récupérer la mallette qu'il y avait entreposée. « scusez moi, y avait personne, alors... »

Des plafonds escamotables * !

Les plafonds normaux des bâtiments de Zandiland sont bas (1,654 m) et le P.N.R.* ne peut pas s'y déplier complètement. Ces personnes en ont malheureusement l'habitude. À zandiland tout est toujours trop bas pour elles. Plafonds, portes, ascenseurs, distributeurs de toute sorte, voitures...Le plafond escamotable* se relève sur les côtés et leur permet de se redresser. Aménagement en principe obligatoire dans tous les lieux publics de Zandiland (sauf dérogation).

Que trouve-t-on sur ces emplacements, des sièges ?

Non, à Zandiland cet outil n'existe pas. Et quand bien même on en trouverait, l'handicap du P.N.R.* lui interdit cette posture. Dès qu'ils tentent de se poser, une rigidité musculaire excessive apparaît. Ces contractures brusques et involontaires sont très douloureuses et créent une résistance au mouvement de flexion des jambes. Les places réservées sont équipées d'appuis fessier* fixés sur des supports spécifiques face à l'écran.

Le P.N.R.* ? Les zandis* ?

Le Public Non Roulant de Zandiland. Je vous rappelle que dans notre monde actuel, nous sommes désignés par l'acronyme PMR (Personnes à Mobilité Réduite). Dans mon œuvre les personnes autoproclamées normales sont les zandis*. Normal non ? Je ne fais que remplacer l'acronyme PMR déjà existant, par un autre.

Vous trouverez aussi la M.P.N.R.* : la Mutuelle du P.N.R.*

l'A.P.N.R.* : l'Amicale du P.N.R.*

Tout le monde comprend à qui je fais allusion. Je n'invente rien.

Les plafonds escamotables, disiez-vous...

C'est la loi. Ils sont obligatoires dans tous les lieux publics de Zandiland sauf dérogations souvent injustifiées et beaucoup trop nombreuses. Mr PéNèRe* pénètre dans la salle de cinéma et se dirige sur le côté, le long du mur, là où la hauteur de plafond lui permet enfin de se redresser. Il est le seul représentant du P.N.R.*Il n'y a que des zandis*. Ils sont cool, leur fauteuil est en position semi allongée. Ils le regardent de travers. Chut...

Z A N D I L A N DOù les histoires vivent. Découvrez maintenant